Karzan contro le donne dal seno nudo
Autres titres: Maciste contre la reine des Amazones / Les Amazones de la luxure / The lustful amazons
Real: Jesus Franco
Année: 1972
Origine: France / Espagne / Italie
Genre: Aventures / Erotique
Durée: 70mn
Acteurs: Alice Arno, Wal Davis, Robert Woods, Lina Romay, Kali Hansa, Montserrat Prous, Roger Sarbib, Chantal Broquet...
Résumé: A une époque médiévale indéterminée, un aventurier du nom de Pygar raconte à son ami Karzan son récent voyage au pays d'Antigua. Y vivent au milieu de la jungle une tribu d'Amazones qui aurait promis à Pygar de satisfaire tous ses fantasmes sexuels les plus fous. Elles dissimuleraient également un fabuleux trésor composé de pièces d'or. Karzan décide d'aller à Antigua pour dérober l'or sans savoir que Pygar, de mèche avec la reine des Amazones, le doublera. Destiné à être l'esclave sexuel de la tribu afin de procréer, Karzan est fait prisonnier. Pygar avec l'aide de la grande prêtresse vole le trésor...
Visionner un film de Jesus Franco est toujours en soi une rude épreuve. Sur les quelques 200 oeuvres tournées de façon acharnée presque maladive par le plus exécrable des réalisateurs que le cinéma de genre ait jamais connu, maitre suprêmissime de la laideur visuelle, roi incontesté de l'inesthétique et du non érotisme, anti poète de la chair qui parviendrait aisément à rendre plus désirable un bovidé que ses pauvres actrices, elles mêmes miroir même de la vulgarité, une seule main suffit pour compter celles qui sortent du lot. Karzan contro le donne dal seno nudo ne fait pas exception à la règle malgré son coté
forestier plutôt séduisant qui évoque irrémédiablement ses futurs Mondo cannibale et autre Chasseurs d'hommes.
Cette micro production française dénuée de tout budget aujourd'hui bien oubliée bat des records d'anachronisme et d'incohérence et devrait laisser pantois bon nombre de courageux spectateurs venus à la rencontre de ce PHNI autrement dit puissant héros non identifié. L'histoire est censée se dérouler en des temps médiévaux. Un aventurier en cuissardes répondant au nom de Pygar découvre une tribu d'Amazones, (ces redoutables lesbiennes légendaires vivaient donc au moyen-âge!), cachée dans une verdoyante forêt
tropicale très contemporaine. Capturé, il doit faire l'amour à plusieurs d'entre elles devant leur reine qui essaiera à son tour ce beau mâle qu'elle va ensuite ligoter et faire prisonnier. Une traitresse, Marcia, le délivre et tous deux fuient. Pygar ne tarde pas à raconter son aventure à son ami Karzan, le sur-homme de la jungle! Ainsi donc, le calque de notre homme singe vivait lui aussi en des temps médiévaux! Encore plus amusant c'est que Karzan devient Maciste dans la version française. Du moyen-âge on passe donc à la Rome antique grâce à ce Maciste pas très musclé qui porte des bottes de jardinier en caoutchouc noir (!!) qui imite très mal le cri de notre Tarzan. Ces bouleversements temporels ajoutés à cette refonte de
personnages pourraient être drôles et inventifs mais sous la plume de Franco, tout devient d'une ringardise, d'une bêtise, qui dépasse l'entendement. La suite du scénario se résume en quelques lignes. Pygar demande à Karzan de venir avec lui récupérer le trésor des Amazones, un joli butin tout en or gardé par des indigènes de couleur, mais ce dernier ignore que la reine a acheté Pygar. Il doit lui emmener Karzan afin d'assurer la lignée des guerrières qui pourront donc enfin procréer et assurer leur avenir. Karzan est fait prisonnier tandis que Pygar vole l'or grâce à l'aide d'une traitresse Yuca, la grande prêtresse et favorite de la reine. Pygar est abattu et Karzan, après un combat homérique avec la reine, est élu roi de la tribu
qui comporte désormais un homme, une belle perspective pour les guerrières qui désenchantent vite, Karzan préfère en effet retourner chez les siens. On ne peut rêver plus simple!
Cela aurait pu donner un petit film ludique, plaisant, certes fauché comme les blés mais plaisant. C'est malheureusement par soporifique, désertique, anémique... qu'on remplacera au choix l'adjectif ludique. D'action il n'y en a point mais comme il faut absolument atteindre 70 minutes Franco remplit donc son film comme il peut c'est à dire en ayant recours à ce qui est une des règles de son cinéma: de longs zooms et longs plans sur les parties intimes de
ses actrices et de leur derrière. On grignote toujours ainsi quelques bonnes minutes et on agrémente l'ensemble de scènes érotiques puisque l'utilisation des Amazones implique forcément des scènes de sexe surtout si elles veulent procréer. Voilà de quoi donner à Franco la substance indispensable pour que son Maciste-Karzan tienne un tant soit peu la route et offre au spectateur de quoi rester devant son écran. Le cahier des charges de la sexploitation ultra bas de gamme est par la même respecté. Qu'on ne se fasse cependant pas trop d'illusion, on est ici dans un cadre résolument hyper soft. Maciste contre la reine des Amazones n'est pas un porno, ni même un véritable film érotique, juste une ânerie
boisée que traverse une brochette d'actrices nues particulièrement gauches qui lorsqu'elles n'épuisent Karzan vénèrent un totem parlant hideux taillée dans un carton recouvert d'herbasses. Pensant la trouvaille amusante Franco s'amuse à faire battre la mesure à la reine à l'aide d'un bâton qui tel un chef d'orchestre rythme ainsi les ébats convulsifs filmés en accéléré de ses guerrières. Une sottise de plus qui s'éternise une dizaine de minutes!
Paresseux et surtout à court d'idées, Franco multiplie les scènes de bavardages interminables d'un ridicule indescriptible, offre des concours de grimaces que seul un bambin de cinq ans pourrait trouver amusant (celui que nous propose Karzan face à la
caméra à la fin de son duel avec la reine est une anthologie qu'on pourrait assimiler à un bêtisier) et dépense son peu d'énergie dans quelques semblants de combat où on tire mollement une poignée de flèches sur le vénal Pygar, la perfide Yuca et trois pauvres indigènes africains dont un faux interprété par un figurant recouvert d'une perruque. De quoi donner à Karzan l'occasion d'imiter le cri de Tarzan enroué en se tapant la poitrine comme un bébé dans son berceau! Le clou du film demeure cependant l'inoubliable duel d'une violence qui laissera le spectateur sans voix entre Karzan, nu, son sexe mou dansant la valse au rythme de ses gesticulations simiesques, et la reine. Un face à face d'une stupéfiante raideur
où, entre deux empoignades de théâtre, chacun leur tour ils se frappent la poitrine en se regardant droit dans les yeux. Une partie de "Je te tiens tu me tiens par la barbichette" revue et corrigée par Franco durant laquelle les deux protagonistes ont visiblement du mal à se retenir de rire. Si on se croirait revenu au temps du bac à sable, un tel n'importe quoi est tout simplement pathétique. Le rire lui aussi a ses limites.
Enumérer ne serait ce qu'une seule qualité du film relève à ce niveau du défi improbable. Si on pouvait trouver une misère telle que Mondo cannibale ou un film de jungle comme Chasseurs d'hommes drôle voire distrayant dans le sens le plus Bis du terme, il est impossible d'en trouver une seule à ce
Karzan si ce n'est l'île de Madère et ce jardin de club Med où fut tournée cette singerie qui flirte avec l'amateurisme pur et dur. Si certains pensaient que la version française était inégalable le doublage italien hallucinant l'est peut être encore plus. Les bilingues pourront passer le temps à comparer les deux versions et débattre ensuite quant à savoir quelle est la plus hilarante. Le doublage italien est un monument de n'importe quoi qui accentue encore plus la bêtise du film et le jeu inexistant des acteurs, une troupe de benêts et de donzelles flasques qui feront un temps partie du giron du pseudo cinéaste. On y retrouve en effet Wal Davis, bellâtre blond empoté dénué de tout charisme qui n'est jamais parvenu à se faire une place au soleil dans l'univers du Bis mais se fera surprendre ici furtivement en érection non
lors de la scène finale, et le brun Robert Woods qui multiplia les films de genre, respectivement dans la peau de Karzan et Pygar. A leurs cotés la pornocrate Alice Arno, sa soeur Chantal Broquet, et bien entendu la toute globuleuse Lina Romay, son charme de poissonnière de marché, les aisselles poilues, l'air plus bovin que jamais, faisait doucement ses premiers pas vers la célébrité en priant nue, le fessier rebondi, la lèvre putassière, le fameux totem-dinde avec lequel on la confond parfois (souvent?)!
Le final ouvert laissait supposé une séquelle qui fort heureusement ne se fit pas même si Franco réalisa l'année suivante Les exploits érotiques de Maciste dans l'Atlantide / Les gloutonnes avec la même équipe, une sorte de revisite de ce Karzan à qui Demofilo Fidani avait déjà donné vie avec Karzan il favoloso uomo della jungla, une véritable série Z qui, elle, avait l'avantage au moins d'être amusante!