Robot da guerra
Autres titres: Robowar
Real: Bruno Mattei
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Guerre / S.F
Durée: 84mn
Acteurs: Reb Brown, Catherine Hickland, Max Laurel, John P. Dulaney, Jim Gaines, Massimo Vanni, Luciano Pigozzi, Romano Puppo, Mel Davidson...
Résumé: Un commando d'élite américain est envoyé dans la jungle des Philippines afin d'y mener à bien une mission. C'est alors qu'ils sont attaqués par un mystérieux assaillant qui dépèce ses victimes. Leur invisible ennemi s'avère être un robot, une machine de guerre nommée Omega 1. Le commando va devoir tout mettre en oeuvre pour le détruire au péril de leur vie...
Comme nous vous l'annoncions dans notre éditorial estival, le Maniaco n'a pas pour vocation de s'intéresser en priorité aux films trop populaires, base d'un cinéma Bis pour novices, B.A-BA d'un cinéma incroyablement large. S'ils ont cependant leur place en notre Antre, Le Maniaco s'est donné avant tout pour but de viser des oeuvres beaucoup plus pointues, difficiles et rares. En cette période noire, particulièrement macabre, suite aux abominables événements de ce tragique week-end, nous avons décidé à notre manière d'apporter un peu de sourire en ce bas monde avec une perle de la série Z faite sur mesure pour dérider nos zygomatiques en berne avant de reprendre le cours normal de nos écrits.
On ne dira jamais assez combien l'Italie sut copier les grands succès du box office international pour en donner ses propres versions, de précieuses petites bandes aussi fauchées que les blés d'une absurdité souvent sidérante mais O combien drôles aujourd'hui culte pour bon nombre d'amateurs de séries Z. Avec Robot da guerra devenu Robowar sous nos cieux, c'est bien entendu à Predator que Bruno Mattei s'attaque cette fois. Comment l'idée lui est elle donc venue? Tout simplement après avoir vu le film de John McTierman avouait-il lors d'une des dernières interviews qu'il donna avant sa disparition. Tombé amoureux du film il voulut absolument en faire une réplique en y incluant des éléments de
Robocop. Robowar est donc bel et bien un hybride entre ces deux films tourné tout comme Strike commando aux Philippines mais sans l'aide de Claudio Fragasso à la réalisation cette fois, uniquement actif en tant que scénariste ici, trop occupé alors à la mise en scène de son Zombie: after death qui se déroulait lui aussi sur le sol philippin.
C'est donc un Bruno Mattei seul aux commandes de ce robot de guerre que nous retrouvons dans ce qu'on peut facilement nommé un pastiche drolatique de Predator. Le scénario n'a rien inventé, il ne fait que reprendre celui de son illustre modèle à savoir un commando de soldats américains, le bien nommé B.M.A autrement dit le Big Mother Assfuckers, doit
combattre un mystérieux robot qui se dissimule dans la jungle et décime un à un les membres de la troupe d'élite. Inutile de dire qu'on ne saura jamais vraiment d'où vient notre ami robot (même si on laisse sous entendre qu'il est une créature militaire mi-homme mi-machine créée à partir des restes du cadavre d'un soldat vietnamien qui se serait enfuie des laboratoires de l'armée américaine) ni quelle est sa mission encore moins les raisons pour lesquelles il se cache au coeur de la forêt philippine. L'essentiel est que le commando s'en donne à coeur joie à tirer sur tout ce qui bouge entre deux lignes de dialogues aussi bêtes qu'hilarantes qu'il braille le plus souvent à tue-tête. Mattei s'amuse comme un petit fou
à tirer tout azimut, à multiplier les explosions et éliminer un à un les membres de l'équipe dans un foisonnement d'effets sanglants bon enfant mais bien agréables, le péché mignon de son robot étant bizarrement de dépecer ses victimes, un rite aussi inexplicable qu'inexpliqué dans le scénario mais devinons que la production demanda à Mattei d'abuser de plans sanguinolents afin de satisfaire les attentes du public. Le cinéaste ne se fit donc pas prier et concocta donc quelques morts particulièrement bêtes mais spectaculaires. Le contrat est rempli, tout le monde est heureux, le spectateur avant tout.
Un des grands intérêts de Robowar est bien entendu le fameux robot du titre qui on s'en
doute est à des années lumière de celui de McTierman. Notre mystérieuse créature noire nommée Omega 1 est en fait un androÎde de bonne taille revêtu d'une combinaison de cuir noir et d'un casque de motocyclette (un véritable calvaire pour les différents "acteurs" qui incarnaient le robot sous les 40° de la jungle des Philippines) pourvu d'une visière tandis que d'un de ses doigts jaillit un rayon laser rose destructeur, un joli retrolaser digne de Goldorak sauf que le robot de Mattei est en fait beaucoup plus le cousin éloigné de N°5, l'inoubliable robot de Short circuit version XXXL, qu'un sosie du héros galactique de notre enfance. Plus attendrissant qu'effrayant, il n'est pas très crédible comme machine de guerre
comme il ne passe guère inaperçu dans la jungle, ne possédant pas la faculté de se fondre dans le paysage, l'effet caméléon ne lui ayant pas été attribué par ses concepteurs. Mais le noir de sa combinaison le rend suffisamment discret pour se cacher derrière un arbre, sa cachette favorite, mais cette discrétion de pacotille n'est pas très utile puisqu'il passe son temps à se parler à lui même en imitant les bip-bip de R2D2 où en empruntant une insupportable voix nasillarde digne d'un jouet mécanique pour enfant de moins de cinq ans. Sa malheureuse vision infra-rouge n'est pas vraiment au point elle non plus. Le très célèbre avertissement qui jadis ouvrait la série Au delà du réel "Ce n’est pas une défaillance de votre
téléviseur. N’essayez donc pas de régler l’image…" pourrait s'appliquer également ici puisque l'image devient particulièrement floue et pixellisée dés que Mattei filme le champ de vision du robot qui doté d'un tel handicap doit avoir beaucoup de mal à se mouvoir dans la jungle.
Ces éléments en main, Mattei, facétieux, nous livre une vraie série Z de guerre mâtinée de science-fiction de bazar, qui multiplie tant la ringardise que les scènes inénarrables (la chasse humaine des guerrillos de foire affublés de perruques tenues par un bandana) durant lesquels les acteurs retrouvent leur âme d'enfant, en fond des tonnes, surjouent,
exagèrent et cabotinent en jouant les gros bras en pompant allégrement les principales scènes de Predator que Mattei connait visiblement par coeur tant il l'a aimé.
En tête de ce commando très spécial composé d'un éventail (ça peut servir en pleine jungle) de super guerriers tous plus idiots les uns que les autres on retrouve la mâchoire de plus en plus carrée de l'américain Reb Brown, ex-Captain America, toujours aussi bourrin et monolithique mais déchainé, qui ne fait que reprendre le personnage qu'il incarnait dans Strike commando. A ses cotés, on retrouve le vétéran du Bis transalpin Massimo Vanni et ses faux airs de Chuck Norris, la stature athlétique de Romano Puppo, autre figure
incontournable du cinéma de genre trop tôt disparu ainsi que John P. Dulaney, Jim Gaines, tous deux habitués au cinéma d'exploitation, et le philippin Max Laurel. Totalement inutile à l'histoire mais production oblige, Catherine Hickland, ex-madame David Hasselhoff, joue les potiches blondes durant quasiment 90 minutes. Reste à soulever une énigme et balayer la rumeur qui voudrait que Claudio Fragasso se soit caché dans le costume de Omega 1. Fragasso n'a jamais endossé la panoplie du robot trop occupé alors à tourner Zombi: after death. Mattei avoua lors d'une de ses ultimes interviews que bon nombre de personnes s'étaient glissées à l'intérieur du costume crée par les frères Paolocci durant tout le
tournage, des personnes du staff prises sur le plateau selon qu'elles étaient ou non occupées.
Tourné dans les mêmes décors que Strike commando, Robowar dont la joyeuse partition musicale synthétique sera reprise pour Zombi: affter death est aux films de guerre et de science-fiction ce que Virus cannibale est aux films de cannibales. Parfait exemple de la série Z par excellence, cet ersatz de Predator est un magnifique divertissement pour amateurs d'idioties pelliculaires loin d'être l'abomination que certains s'évertuent à décrire. On est dans le cadre du Z fauché, d'un film sans queue ni tête qui revendique sa bêtise mais cependant rondement mené par de grands enfants qui s'amusent et finalement se régalent en régalant le spectateur par un florilège de séquences hilarantes et un feu d'action incessant. Robowar est bien plus divertissant et surtout récréatif que certains films de guerre italiens de la même époque qui se voulaient plus sérieux tout en étant incroyablement ridicules (Blood commando d'un Tonino Valeri en fin de souffle). Pour peu qu'on soit amateur de ce type de films, véritable cirque aussi ludique que stupide, Robowar est un ingrédient indispensable à la bonne humeur.
Pour l'anecdote, dans les quelques pays où le film est sorti notamment en Allemagne, il fut lourdement mutilé par la censure, expurgé de ses plans choc(!!). De quoi là encore beaucoup rire face à une autre forme de bêtise bien plus pernicieuse que celle du film lui même!