Necrophagus
Autres titres: Graveyard horror / The Binbrook butcher / El descuartizador de Binbrook
Real: Miguel Madrid
Année: 1971
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: Bill Curran, Catherine Ellison, Frank Brana, John Clark, Yocasta Grey, Marisa Shiero, Titania Clement, Victor Israel, Beatriz Lacy...
Résumé: Frère du comte de Brinbook, un scientifique réputé disparu mystérieusement, Michael Sherrington revient au pays pour malheureusement apprendre que sa femme Elisabeth est morte à la suite d'une fausse couche. Michael aimerait connaitre les circonstances exactes du décès mais chacun est réticent à répondre à ses questions. Intrigué, il va mener son enquête et, venu à penser que son épouse est peut être encore vivante, il profane sa tombe afin d'exhumer son corps. A sa grande surprise, le cercueil est vide. Michael est attaqué par deux pilleurs de tombes masqués puis jeté dans une crypte où un vit une horrible créature. Pensant que Michael est mort, chacun va reprendre ses coupables activités mais seulement blessé Michael va continuer en cachette ses investigations et mettre à jour l'effroyable secret des Binbrook...
Auteur d'un curieux petit film d'horreur, El asesino de munecas, dans lequel un jeune psychopathe homosexuel refoulé, obsédé par les poupées tue tout ce qui à ses yeux représente une certaine sexualité dite normale qu'il ne peut connaitre, Miguel Madrid sous son habituel pseudonyme Michael Skaiffe réalise en 1971 un tout aussi étrange film d'épouvante gothique, . Non pas qu'il soit spécialement bizarre mais il est malheureusement aussi confus et brouillon par instant que El asesino de munecas à croire que Madrid et ses scénaristes n'aient jamais les idées vraiment très claires.
Necrophagus narre les aventures macabres de Michael Sherrington, le frère du comte de Binbrook, un scientifique réputé, mystérieusement disparu depuis bien des années. De retour en Ecosse où est censée se dérouler l'histoire même si les montagnes espagnoles ne ressemblent guère aux paysages écossais, Michael se fait une joie de retrouver sa femme, Elisabeth. Malheureusement il apprend qu'elle est décédée durant sa longue absence en mettant au monde leur enfant mort-né. Si le retour de Michael ne semble pas enthousiasmer les membres de la famille, le jeune homme va cependant tout faire pour découvrir les véritables raisons de la mort d'Elisabeth qui lui parait suspecte, soupçonnant
qu'on lui dissimule la vérité. Si le point de départ de l'intrigue est on ne peut plus clair, le scénario se complique dés lors qu'apparaissent les différents membres de la famille Sherrington et les divers protagonistes qui gravitent autour d'elle. Il y a d'une part Lady Anne, l'épouse éplorée du comte, à qui est revenu le château des Binbrook à la disparition du bien aimé châtelain, sa jeune et innocente nièce Margaret et l'assistant du comte, le sinistre Dr Lexter. Devant le refus de chacun à lui fournir une explication rationnelle quant à la mort d'Elisabeth, Michel quitte le manoir pour retrouver sa belle-mère, Barbara, une femme rigide qui le déteste et régit de main de fer la maison qu'elle partage avec ses deux filles, Lilith et
Pamela. Les deux familles ainsi composées, ne reste plus qu'à ajouter à la distribution un inquiétant gardien de cimetière, Fowles, un second docteur, quelques pilleurs de tombes masqués, un inspecteur de police qui enquête incognito et une... harmonica. On apprend assez rapidement que Lady Anne, depuis longtemps ruinée, a pour amant le Dr Lexter, une relation aussi compliquée que peu orthodoxe, les deux belles-soeurs sont amoureuses de Michael et, obsédées par le séduisant jeune homme, ont tour à tour eu une aventure avec lui alors qu'il était déjà marié à Elisabeth. Barbara fut témoin des adultères, un secret qu'elle a tu durant toutes ces années mais qu'elle n'a jamais pardonné à ses filles. Il va de soi que
tous ses personnages cachent tous autant qu'ils sont d'inavouables secrets que Michael tente de mettre à jour. Persuadé que sa femme n'est pas morte, il décide une nuit d'exhumer le corps et découvre que son cercueil est vide. Il est alors fait prisonnier par deux créatures masquées qui l'enferment dans une crypte sous le sol de laquelle vit un abominable monstre qui très vite sort de terre et attaque Michael. Pensant qu'il est mort, chacun va pouvoir reprendre ses lugubres activités que Madrid va alors nous dévoiler. Le comte de Brinbrook est en fait bel et bien vivant. Spécialisé dans la transmutation de cellules humaines, il s'est servi de son propre corps pour tenter de percer le secret des origines de
l'Homme. Il s'est au fil du temps transformé en une ignoble créature nécrophage mi-humaine mi-animale qui hiberne sous terre, un matériel médical le maintenant en vie. Le monstre doit être régulièrement nourri de chair humaine que sa femme et le Dr Lexter lui apportent. Pour se faire, ils demandent à leur complice, le gardien du cimetière, de leur apporter des cadavres mais Lexter tue également certains de ses patients pour alimenter le comte. Il ne reste que six mois avant que l'expérience ne prenne fin mettant ainsi à jour une fabuleuse découverte qui révolutionnerait le monde. Malheureusement pour Lady Anne et son amant, Michael n'est pas mort. Blessé, il revient au manoir et va affronter le monstre.
Le principal problème de Necrophagus est son manque de linéarité. Bien difficile par moment de suivre le déroulement de l'intrigue tant Madrid s'amuse avec l'espace-temps. Il multiplie les flash-back, passe du passé au présent pour mieux retourner en arrière puis faire un bond en avant, égarant dés les premières minutes son spectateur dans les méandres d'une histoire qui devient confuse et accumule les interrogations faisant parfois fi de toute cohérence. Certes l'essentiel n'est pas dans la logique du récit mais on aimerait néanmoins avoir quelques réponses à nos questions. Pourquoi Michael a t-il abandonné sa femme enceinte, d'où revient il après tant de mois (d'années?), qui est cet inspecteur qui
enquête, quelles sont exactement les expériences du comte et pourquoi s'est il transformé en homme à tête de lézard (sur laquelle pousse dirait-on de l'herbe, peut être du au fait qu'il séjourne sous terre), que sont devenus Elisabeth et l'enfant (même si on soupçonne qu'ils ont servi à nourrir le scientifique fou), comment Michael s'est il sorti des griffes du monstre... En outre, certains personnages n'ont pas de réelle consistance et ne semblent exister que pour uniquement jeter le trouble dans l'esprit du public. Difficile d'accrocher au film dans ces circonstances mais Necrophagus se lasse cependant visionner avec un plaisir coupable, digne héritier d'un certain cinéma d'épouvante gothique britannique auquel il rend hommage.
Les principaux éléments sont présents: sinistre manoir, cimetière lugubre, exhumations nocturnes, paysages désolés, personnages inquiétants dissimulant tous d'horribles et inavouables vérités, nuits d'orage, scientifique fou, créature sanguinaire fruit d'expériences maudites... Même si on sent Madrid un peu maladroit, il parvient néanmoins à instaurer une certaine atmosphère tout à fait plaisante et mettre en scène quelques jolies séquences angoissantes parfois oniriques notamment celles du long cauchemar filmé tout en tons or et sépia, les apparitions des pilleurs de tombes masqués qui rappelleront un peu les nains
encapuchonnés de Phantasm, les plans particulièrement saisissants sur le sol qui lentement se soulève sous l'effet de l'effrayante respiration rauque, la funeste procession composée de silhouettes noires qui portent à bout de bras un cercueil sur fond de paysages hivernaux... Ajoutons à cela un zeste d'érotisme bon enfant et une distribution plus qu'acceptable mais quasiment inconnue (on sourira devant les jeans en cuir brun que porte Michael Curran bien peu crédibles dans un contexte qui se veut gothique) si on excepte deux visages, deux gueules récurrentes du cinéma de genre italien et ibérique, le faciès sinistre
de Victor Israel et le grisonnant Frank Brana, voilà quelques bonnes raisons de ne pas passer à coté de ce petit film d'horreur méconnu qui appartient à l'âge d'or du cinéma horrifique hispanique dont le final trop abrupt pourra par contre décevoir. Si le maquillage risible, simpliste, de la créature renvoie directement aux monstres des films d'épouvante des années 50/60, on aurait surtout aimé une intensité dramatique beaucoup plus intense, un face à face entre Michael et son monstre de frère reptilien plus puissant et énergique, et non pas cette molle et trop rapide confrontation bâclée durant laquelle Madrid se débarrasse de sa créature en deux minutes sonnantes.