Nel labirinto del sesso
Autres titres: Psichidion / Sesso / The labyrinth of sex / Sexual Inadequacies / Los desvios del sexo / Im Labyrinth der Sexualität
Real: Alfonso Brescia
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Sex mondo
Durée: 87mn
Acteurs: Susy Andersen, Ugo Boccaletti, Maria Pia Conte, Orchidea de Santis, Gioia Desideri, Sergio Doria, Ilona Drash, Elisabetta Fanti, Massimo Foschi, George Klinosky, Evar Maran, Enrico Oliva, Franco Ressel, Enzo Scotto Lavina, Emilio Servadio, Edgardo Siroli, Marcello Tamborra, Willy van der Valke...
Résumé: A travers ce reportage, le réalisateur tente d'expliquer l'origine des différentes déviances sexuelles, fétichisme, nymphomanie, homosexualité, lesbianisme, sadomasochisme, hermaphrodisme, voyeurisme..., images à l'appui.
Bon nombre de réalisateurs italiens passèrent à l'aube de leur carrière par la case mondo, une parenthèse ludique souvent oubliée, parfois peu reluisante qui un beau jour refait surface pour le plus grand plaisir des amateurs de pseudo reportages à portée ethnique ou sexuelle, un excellent moyen d'insérer des images à caractère fortement érotique voire pornographique à une époque où justement la pornographie était encore interdite à l'écran. De quoi légèrement satisfaire la soif de voyeurisme du spectateur. Alfonso Brescia, besogneux artisan du cinéma de genre, ne fit pas exception à la règle et délivra en 1969,
année O combien érotique, un petit sex mondo surprenant non pas pour son contenu semblable à tant d'autres mais pour le ton morbide vers lequel il s'oriente soudainement après un début bien ridicule.
Produit par Ovidio G. Assonitis, Nel labirinto del sesso, Dans le labyrinthe du sexe pour ceux que la langue de Dante rebute, titre bien réjouissant, s'attache à décrire, imager et expliquer les principales déviances sexuelles à travers les commentaires éclairés du Professeur Emilio Servadio dont on ne met pas un seul instant en doute les éminentes compétences. Le film s'ouvre sur la naissance d'un bébé, heureux semble t-il de sortir du ventre de sa mère
sous l'oeil de l'objectif de Brescia, petite vedette bien malgré lui d'un superbe sex mondo qui commence par nous expliquer que la sexualité de tout être humain se définit à la naissance avant de continuer sur les différences majeures entre une fille et un garçon. Quelques plans sur des adolescents qui se découvrent, les filles jouent la carte de la séduction, les garçons sont timides et maladroits et peuvent alors exprimer leurs désirs par la violence. Mais qu'on soit homme ou femme la masturbation est un acte naturel et non une déviance nous rassure le professeur.
Voilà une belle introduction au sujet qui nous intéresse et c'est par la nymphomanie, envie
excessive de relations sexuelles pouvant mener à de graves troubles de la personnalité voire au suicide, que le cours commence après que l'éminent scientifique nous ait expliqué ce qu'est une déviance sexuelle, un comportement, une tendance dans notre vie intime qui sort de la normalité, touche aussi bien l'homme que la femme et résulte souvent d'un trauma lié à l'enfance! Chacune d'elle va bien sûr être illustrée et la première vaut son pesant de sperme!
Une nymphomaniaque est en manque de sexe. Seule chez elle, une nuit, elle ne sait plus quoi faire pour calmer le feu qui brûle en elle. On aurait pu imaginer que telle une insatiable putain, elle parte arpenter les rues en quête de plaisir. Que nenni. Elle préfère se mouiller
lascivement les poignets puis prendre une douche froide revêtue d'une nuisette transparente, on devine son envie de se caresser mais elle résiste. Elle rêve d'un homme qui lui apparait, nu, au milieu de sa chambre. Elle s'imagine lui faire l'amour mais cela ne fait qu'attiser le feu qui déchire ses entrailles. Afin de refroidir ce brasier qui enflamme son bas ventre, elle place son ventre face à un petit ventilateur qui doit avoir pour seul effet que de l'exciter encore plus. Elle décroche son téléphone pour appeler un amant qui ne répond pas, tout s'embrouille alors dans sa tête. Le bruit du ventilateur, de la douche, du téléphone et du réveil matin se mélangent dans sa tête, la malheureuse est devenue folle! Un tel début
laisse augurer du peu de sérieux de la chose, la suite confirme nos craintes.
Voyeurisme et exhibitionnisme sont les prochains sujets. Le voyeur est quelqu'un qui trouve son plaisir à observer secrètement les parties intimes des autres, l'exhibitionniste aime quant à lui qu'on le voit sans pour autant monter ses parties génitales. On sourit bien entendu face à ses quelques explications de comptoir avant d'exploser de rire devant l'illustration qu'en donne Brescia. Quelques vieillards libidineux qui observent sur la page de somptueuses créatures en bikini, des hommes se retournant sur quelques donzelles en mini-jupes et un pervers au regard simiesque observant par une vitre sa lolie voisine se
déshabiller ou un couple faire l'amour dans un pré. Quoi de plus naturel nous assure le professeur avant qu'une star ne pavane face à la foule afin d'imager l'exhibitionnisme.
Cette notion de voyeurisme est également propre à l'adolescence nous dit-il lorsqu'un petit garçon, curieux, regarde ses parents copuler dans le lit conjugal. Rien de très méchant jusque là lorsque apparait à l'écran gambadant à travers bois le sosie de Laura Ingalls, son petit cartable jaune à la main. On devine la suite. Un pervers l'y attend et lui montre son petit oiseau sous le regard horrifiée de la fillette, soit une série de photos hilarantes en noir et blanc dévoilant les diverses étapes de l'acte à savoir la descente de la braguette, et la
décomposition du visage de la petite fille aux jolies nattes. Certes il fallait oser, certes on imagine la réaction du public en ces prudes années mais un tel non sérieux désamorce toute la perversion de l'acte en question, le transformant en un mini sketch fort drôle et parfaitement inoffensif.
C'est alors que Nel labirinto del sesso va prendre une toute autre tournure en développant un coté morbide, noir, plus brutal, auquel il ne nous avait pas habitué, très certainement la partie du film la plus intéressante. Un bureaucrate fétichiste quitte son office pour pour rejoindre une pièce secrète afin d'y regarder avec désir dentier, oeil de verre, perruques, maquillage,
masques et sous vêtements qu'il garde soigneusement cachés dans une sorte de chambre funéraire éclairée par des bougies. A l'aide d'un chandelier qui lui sert d'armature, il se construit alors un horrible mannequin qu'il se met à vénérer, à embrasser, l'oeil hagard, ruisselant de sueur, épuisé, enfin satisfait. Rythmée par une entêtante mélodie jouée à l'orgue, cette séquence, inattendue, a quelque chose de particulièrement macabre, malsain. Etonnamment filmée, photographiée avec grand soin, fort bien mise en scène, elle n'a rien à envier à un certain cinéma gothique dont elle possède toutes les qualités d'où cette fascination morbide qui en résulte.
Tout aussi puissants et même parfois dérangeants sont les thèmes et illustrations suivant. Afin d'expliquer le sadomasochisme, Brescia nous plonge au coeur d'une famille rigide. Pour punir son fils en pleurs, un pré-ado, a mère lui frappe les doigts à coups de verge puis l'enferme dans un cagibi sombre et inquiétant où la peur l'envahit. Adolescent il prend plaisir à regarder des images d'enfants se faisant battre et fesser, aime jouer les parfaites victimes avec ses camarades lors de jeux humiliants. Adulte, il cherchera à travers des dominatrices cette marâtre afin qu'elles le fouettent, le griffent et le soumettent à leurs fantaisies sexuelles, un goût prononcé pour la souffrance et la torture.
Une fillette, terrifiée, est témoin des actes de violence de son père, des cris de sa mère. Il la bat, la maltraite avant d'abuser d'elle sous les yeux de l'enfant qui enregistre chaque scène dans son subconscient. Plus tard, elle devient une redoutable prédatrice qui égorge au rasoir ses amants, étanchant ainsi cette soif de violence qu'elle a assimilé au sexe. On retrouve ce même cas de figure pour expliquer l'homosexualité du moins le lesbianisme. Une petit fille, une souillon, délaissée par une mère indigne, trouve un peu de bonheur auprès de sa petite soeur encore bébé puis d'une jeune nurse qui lui donne le bain. Plus tard, à travers son amante, elle tente de retrouver la mère qu'elle n'a pas eu, cette tendresse et cette complicité
qui lui a tant fait défaut. Résumer l'homosexualité à un terrible trauma maternel (ou paternel) fera beaucoup rire mais la chose était alors courante comme était alors courant de montrer travestis de cabaret et autres folles de nuit afin d'illustrer ce thème ce que n'évite pas Brescia. On évitera de tirer toute conclusion, nous sommes dans un sex mondo, rien ne doit être pris au premier degré mais derrière le rire et la fascination malsaine qui émane de ces séquences qui risquent de choquer les plus sensibles on peut toutefois sourciller et garder un regard clair et objectif. Qui dit homosexualité dit hermaphrodisme. Quelques photos commentées par un spécialiste illustre le sujet avant l'inévitable scène du changement de
sexe, une femme devenue un homme avec construction d'un pénis dans tous ces détails chirurgicaux. On a vu plus clinique dans ce type de films mais une fois encore, voilà qui fait son effet et en fera détourner la tête à certains. Nel labirinto del sesso se terminera par une amusante scène médico-scientifique, la mesure du plaisir sexuel grâce à une machine révolutionnaire auquel se soumet un jeune couple, une occasion pour Brescia de conclure son mondo par une pseudo scène à la limite de la pornographie.
Si la sexualité est source de perversions, si les déviances sont légion et se multiplient au fil du temps, l'innocence existe encore parait il. Quoi de plus beau que deux adolescents se
découvrant au bord de la mer, courant le long d'une plage avant de s'étreindre sur le sable, ce moment privilégié et si romantique du premier baiser volé sous un rougeoyant coucher de soleil. La moralité est sauve même si nous au Maniaco et vous chers lecteurs préférons la face la plus sombre de la sexualité humaine, la plus amusante et surtout réjouissante.
Nel labirinto del sesso, mondo méconnu, aurait pu être un de ses pseudo documentaires anodins et risibles, farfelus, qui sous couvert scientifique propose au spectateur un produit érotique fade sans grand intérêt si ce n'est quelques plans de nudité soft estampillées
années 60. Certes farfelu il l'est mais le sex mondo de Brescia et ses dangereux raccourcis de par son ambiance souvent surprenante entre dramatique, thriller horrifique, pure sexploitation et cette petite touche gothique diffère de bien des mondo de ce type. Voilà qui prouve que Brescia a toujours su offrir à son public un travail consciencieux loin d'être totalement inintéressant. L'illustration de ces diverses déviances et autres perversions sexuelles, avec elles leur lot d'images de nudité frontale, d'enfants traumatisés et de plans chirurgicaux, devrait gentiment satisfaire les vils instincts d'un spectateur avide de sensations malsaines traitées avec humour, légèreté saupoudrées d'un bon nuage de noirceur. Une belle mise en bouche avant quelque chose de plus extrême.
Parmi les acteurs on pourra reconnaitre entre autres une toute jeune et splendide Orchidea de Santis dans le rôle d'Anna la lesbienne, Maria Pia Conte, Franco Ressel, excellent dans la peau du fétichiste, Massimo Foschi, Gioia Desideri et Susy Andersen dans la nuisette de la nymphomaniaque.