L'ossessa
Autres titres: La possédée / Sexorcisation / Enter the Devil / The eerie midnight horror show / The Devil obsession / The tormented / The sexorcist
Réal: Mario Gariazzo
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 86mn
Acteurs:Stella Carnacina, Lucretia Love, Chris Avram, Gabriele Tinti, Umberto Raho, Ivan Rassimov, Bruna Beani, Luciano Zanussi, Piero Gerlini, Giovanni Di Benedetto, Luigi Antonio Guerra, Maria Teresa Piaggio, Ignazio Bevilacqua, Raniero Dorascenzi, Edoardo Toniolo, Elisa Mantellini, Giuseppe Marrocco, Gianrico Tondinelli...
Résumé: Christina, jeune étudiante aux Beaux-Arts, doit rénover une statue représentant le Christ. Très vite, celle ci la met mal à l'aise. Une nuit, la statue prend vie et le Christ, descendu de la croix, viole Christina. Désormais possédée par ce Dieu maléfique, Christina se métamorphose lentement. Ses parents font alors appel à un prêtre exorciste...
L'ossessa / La possédée signé Mario Gariazzo, solide petit artisan touche à tout de la série B transalpine, est une des nombreuses oeuvres qui ont su en leur temps surfer sur la vague de succès de L'exorciste de William Friedkin dont il est un des premiers clones. Si la qualité n'a pas toujours été au rendez-vous cette incursion de Gariazzo dans le genre n'est certainement pas une des plus mauvaises, bien au contraire, La possédée s'avérant au final une agréable petite surprise.
Le film nous conte les aventures de Christina, une jeune et ravissante étudiante aux Beaux-Arts, qui a pour mission de restaurer une statue du Christ sculptée dans un bois très rare. Elle la ramène chez elle et commence sa restauration. Si au début tout se passe bien Christina est de plus en plus mal à l'aise face à cette représentation divine. Une nuit la statue prend vie. Le christ descend de sa croix et abuse de la jeune fille. Horrible cauchemar d'une jeune fille mal dans sa peau acceptant mal les infidélités de sa mère et les absences de son fiancé ou atroce réalité? A partir de cet instant Christina va littéralement se transformer. Elle devient agressive, obscène, hystérique. Son corps présente d'étranges marques de mutilation. Son docteur, dépassé, pense à un cas de possession diabolique. Ses parents décident alors de faire appel à un prêtre qui va tenter un exorcisme.
Simple, facile, tout tient en quelques lignes sur le papier et en moins de 90 minutes à l'écran. Gariazzo ne fait preuve d'aucune originalité, il suit scrupuleusement la formule de base et le schéma narratif inhérent au genre en reprenant quasiment l'intégralité du film de Friedkin.
La possédée peut se résumer en trois temps: la présentation de l'héroïne, une jeune étudiante issue d'un milieu familial décadent bourgeois puis la découverte de la fameuse statue presque immédiatement suivie de la résurrection de ce Christ démoniaque qui viole Christina et la possède son âme. S'ensuit donc un exorcisme de bon aloi. Sans surprise, d'une linéarité exemplaire, La possédée n'est pourtant pas dénué ni d'intérêt ni d'un certain charme. Celui ci réside essentiellement dans la beauté de certaines scènes dont celle de la grotte, à la fois baroque et étrange, un envoûtant sabbat qui aboutira à la descente du Christ de sa croix et à la cruelle et sanglante crucifixion de la pauvre jeune fille. Cette aura d'étrangeté par instant fascinante émane aussi de toutes les séquences où Mario Gariazzo filme son Christ cloué sur sa croix. De par la manière dont il la filme il donne à sa statue un coté si réel qu'elle donne la curieuse impression d'être vivante, une illusion qu'on doit aux effets très réussi de Carlo Rambaldi et qui trouve son apothéose lorsque le Christ prend vie pour la première fois, enlève ses clous, descend de sa croix et viole la pauvre Christina. La prestation de Ivan Rassimov n'y est pas étrangère, excellente et particulièrement effrayante. Il incarne un Christ Blasphème inquiétant à souhait grimaçant, ricanant sous les éclairs. Rarement le visage plutôt austère de l'acteur avait aussi bien servi son rôle. Gariazzo en fait une parfaite incarnation du Diable.
Quant à l'exorcisme, clou de ce type de bande en général, il demeure ici très classique. Christina, le visage émacié, verdâtre, se contorsionne, hurle, vocifère des tonnes d'insanités et se déchaîne de manière assez convaincante. Soyons juste. C'est bien là une des seules choses que son interprète la fade Stella Carnacina, sexy starlette charnelle qui officia également dans la chanson et qu'on put revoir dans l'étrange et délirant White pop Jesus de Luigi Petrini, parvient à faire correctement. Gariazzo parvient à instaurer une petite ambiance plutôt prenante aidé par le décor sombre du monastère dans lequel se déroule l'action, les grondements de l'orage, les rafales de vent et la musique aux sonorités expérimentales de Marcello Giombini. L'exorcisme en lui même n'est malheureusement pas très impressionnant. On l'aurait aimé plus puissant, plus violent et surtout plus long. Mais même s'il reste un peu trop sage il fonctionne tout de même. C'est là l'essentiel.
Pas de film de possession sans une petite dose de sexualité et de perversion, sexe, religion et tourments étant étroitement liés on le sait. Le réalisateur dresse donc une fois de plus un bien piètre portrait de la haute bourgeoisie à travers la famille de Christina que son fiancé délaisse et dont les parents dissimulent la dérive de leur mariage en sauvant les apparences tout en cachant leur dépravation. Sa mère n'est qu'une putain qui s'adonne aux plaisirs sadomasochistes avec son amant, se fait fouetter jusqu'au sang avec des tiges de rose. La dépravation est toujours punie. Quoi de plus normal donc que leur fille soit perturbée, en proie à des troubles psychiques, marquée les stigmates de ses névroses qui dans ces conditions peuvent naturellement prendre l'apparence du Démon. On sera par contre bien déçu par certains dialogues notamment ceux du médecin de famille, peu convaincants voire hilarants par instant ôtant toute crédibilité à l'intrigue.
La possédée offre une affiche plutôt intéressante puisqu'on retrouve Chris Avram en mari bafoué et Luigi Pistilli en prêtre exorciste se mortifiant à coups de fouet. Gabriele Tinti est l'amant de Lucretia Love la mère indigne qui nous offre de quelques plans de nu sous l'oeil expert de Gariazzo. Umberto Raho est quant à lui le médecin de famille.
Malgré son peu d'originalité, son budget étriqué et la pauvreté des moyens mis à disposition du metteur en scène La possédée n'est pas un si mauvais film. Cette copie de L'exorciste possède un certain charme grâce à ses quelques touches d'érotisme, certaines scènes plutôt réussies et les effets de Rambaldi dont ce Christ, véritable point fort du film, et la crucifixion de Christina. Dans le genre on a vu bien mieux en Italie mais on a fait également bien pire. La possédée mérite l'attention de l'amateur.