Siamo fatti cosi: aiuto!
Autres titres: Mondo di notte 4
Real: Gianni Proia
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Mondo
Durée: 76mn
Acteurs: Sandro Ghiani, Max Turilli, Guia Lauri Filzi, Pino Curia, Pauline Teutscher...
Résumé: Un missile contenant des images de notre vie au quotidien a été envoyé dans l'espace afin que des civilisations extra-terrestres puissent découvrir et visionner ce message afin de mieux savoir qui sont les terriens. Ils risquent d'être fort surpris en découvrant le contenu des images...
Alors qu'en ce début d'années 80 le mondo allait lentement céder sa place au shockumentary, quelques réalisateurs tentèrent fort maladroitement de lui redonner un souffle de vie, une pratique courante dans la plupart des différentes branches du cinéma de genre et d'exploitation agonisant. Quelques petites perles émergèrent de ce marasme (les
derniers exploits des frères Castiglioni ou les tardifs essais de Bitto Albertini) mais également un certain nombre de petits mondo bien peu innovateurs mais toutefois sympathiques. Le film de Gianni Proia sous titré parfois Mondo di notte 4, auteur qui au début des années 60 nous avait offert Mondo di notte, Mondo di notte 2 et Mondo di notte 3, est quant à lui tout à fait inclassable tant il est unique dans tous les sens du terme. S'agit il d'une parodie du genre, d'une comédie farfelue sous forme de documentaire? A la vision de Siamo fatti cosi: Aiuto!, petite bande totalement délirante, hallucinante et complètement crétine, on peut en effet se le demander. Qu'on en juge plutôt.
Pourquoi diable la séquence d'ouverture du film se situe t-elle dans l'espace sur fond de superbes planètes digne d'un vieux film de science-fiction des années 60? Tout simplement parce qu'un missile contenant des images de nos habitudes au quotidien ainsi que de nos différents comportements a été envoyé dans le cosmos dans l'espoir que des extra-terrestres le découvre et visionnent cet incroyable témoignage de notre vie terrienne. A défaut de petits hommes verts, c'est nous, heureux spectateurs, qui allons découvrir le contenu du missile... et c'est nous qui risquons d'être verts.
Après une succession d'images qui présentent les différents présidents, despotes et autres têtes pensantes de notre planète, les grands évènements qui ont bouleversé notre évolution perdues au milieu de toute une série de plans pornographiques et de revues spécialisées titrant entre autre avec éloquence "Elles font l'amour à 13 ans, Comment devient on homosexuel, Les putains dans l'Italie d'aujourd'hui, L'épouse violée, La mort dans les veines, Le film scandale d'Amanda Lear... voilà que commence un défilé de scènes, de saynètes toutes plus absurdes et délirantes les unes que les autres. Les réjouissances s'ouvrent sur
un auto-stoppeur idiot qu'une nymphette blonde et tout aussi bêtasse fait monter à son bord. Inutile de dire que la seule chose à laquelle elle aspire est une joyeuse partie de jambe en l'air dans la campagne environnante. Voilà donc le couple filmé au ralenti se mettant à courir à travers bois tout en s'effeuillant pour mieux finir nu l'un derrière l'autre jusqu'à ce que la demoiselle disparaisse. Le brave auto-stoppeur se fera finalement surprendre en tenue d'Adam, tout penaud, par un garde champêtre. Plus malchanceux est cet ornithologue français, lunettes, béret basque et moustache au vent, qui imite si bien les oiseaux qu'un chasseur le tuera pensant tenir la proie du jour. Au japon, le terme prendre un bain de foule est pris au pied de la lettre. Afin de célébrer l'arrivée de l'hiver et d'assurer leur fertilité
sexuelle, de jeunes hommes nus se précipitent du haut du balcon d'un théâtre pour plonger dans une véritable mer humaine composée de tout aussi jeunes hommes nus sous les yeux d'un homme d'église. Un scientifique nous fait l'éloge d'une nouvelle crème anale révolutionnaire dont il enduit l'anus de quelques jolis postérieurs fort bien présentés dans des glory holes. On assiste également à quelques parodies d'émissions télévisées notamment culinaires entrecoupées de spots publicitaires particulièrement osés dont la présentation des cigarettes vaginales que les femmes fument avec leur vagin, très drôle, un
bon moyen de ne plus attraper de cancer de la gorge précise le narrateur sans oublier cet intermède où on fait connaissance avec un quartet de musiciennes nues qui jouent de la musique en utilisant comme instrument leurs seins et leur vagin qu'elles frottent à l'aide d'un archer de violon! Etonnantes sont les scènes de cabaret où des femmes nues servent de corde à sauter ou de tourniquets humains pour des numéros visuellement stupéfiants sans oublier un spectacle de catch féminin où les deux lutteuses nues s'entretuent tout en détaillant avec une certaine minuite leur intimité.
C'est bien connu le sexe et la pornographie font tourner notre monde dont ils sont l'essence
même et Gianni Proia ne l'ont pas oublié puisqu'il doit avoir dans l'idée de donner des envies coquines aux petits hommes verts. Un couple fait l'amour dans aucune pudeur devant sa télévision alors que le présentateur du journal annonce les nouvelles du jour mais comme par magie il peut voir les ébats de nos amants fougueux entrain de se pénétrer ce qui le trouble de plus en plus ce qui ne semble pas être le cas de ce comité de censure composé d'un prêtre et de notables qui discutent des mesures à prendre autour d'une table ronde sur laquelle un homme et sa partenaire s'ébattent sans la moindre gêne, illustrant les propos
tenus. Les plus voyeurs se réjouiront quant à eux de cette farandole d'images pornographiques qui défilent à l'écran pris dans diverses revues X, publicités et autres supports pour adultes avertis. Mais c'est avant tout la séquence de la banque du sperme poussivement commentée par un professeur bovin et essoufflé qui retiendra l'attention des plus pervers, autrement nous tous, qui a très certainement sa place parmi la liste des scènes les plus audacieuse de l'histoire du cinéma d'exploitation italien. A travers de fausses interviews on demande aux plus grandes personnalités de donner leur semence dont notamment Valéry Giscard D'Estaing, l'Ayatollah Khomeini, Sylvester Stallone, Mohammed Ali, Salvatore Dali...
Toute la dernière partie de Siamo fatti cosi: Aiuto! dénote d'avec l'ensemble très bon enfant du reste du métrage par sa violence visuelle puisque comme tout véritable mondo Gianni Proia ne pouvait passer outre les indispensables séquences de massacre d'animaux. Les amateurs auront donc droit ici à une visite d'abattoirs où des boeufs sont tués vivants à la chaine puis dépecés et vidés sous l'oeil de la caméra, une baleine tout juste pêchée est dépecée, découpée sur le sable. L'instant le plus incroyable reste celui de la mise à mort d'une chèvre en Laponie que l'on égorge pendant qu'une femme lui écarte les pattes pour lui
lécher l'anus... ou le plus hallucinant analingus macabre jamais tourné laissant loin, très loin, derrière lui la scène bien gentillette du désormais célèbre baiser de Satan dans L'antichrist de De Martino. Une preuve de plus comme quoi les italiens n'étaient jamais en manque d'imagination pour reculer les limites de l'impensable et de la perversion. La zoophilie aussi macabre soit elle fait partie intégrante des pratiques sexuelles déviantes de l'être humain et nos martiens devaient en être avertis!
Siamo fatti cosi: Aiuto! est une satire, une parodie totalement folle du mondo qui ne serait ce qu'à travers son titre aimerait démontrer toute l'absurdité, la négativité de l'espèce humaine que ce genre cinématographique fort controversé a toujours voulu mettre en avant. Mais l'effort de Gianni Proia tombe à l'eau dés les premières images tant le choix des images
documentaires et des scènes factices tournées spécialement pour le film sont ridicules et grotesques. Ce sont surtout ici l'idiotie et le vide intellectuel que les réalisateurs ont mis en avant et ce que devraient retenir les extra-terrestres qui découvriront le film! Ce sont certainement eux qui crieront alors A l'aide! Un bon moyen pour éviter une invasion!
En l'état, nonobstant l'échec de son objectif premier, Siamo fatti cosi: aiuto! est un délectable mondo qui fera rire à gorge déployée, une farce de potache pimentée franchement hallucinante mais réellement divertissante. Voilà de quoi passer un moment inoubliable, un remède radical contre la morosité d'autant plus agréable que la bande originale est cette fois composée des plus grands tubes rock et punk d'alors parmi lesquels on reconnaitra Madness, Lene Lovitch ou encore les Pretenders.
Parmi les acteurs non professionnels qui ont donné de leur temps pour que cette pellicule outrageante mais tellement amusante voit le jour, on reconnaitra quelques visages de comédiens bien professionnels cette fois dont le sarde Sandro Ghiani, éternel quatrième rôle de quelques comédies paillardes de bas étage ici nu en pleine nature, Max Turilli ou encore les porn stars Guia Lauri Filzi, Pino Curia et Pauline Teutscher dans ce qu'elles savent faire le mieux: s'envoyer en l'air!
Pour les plus fous, l'édition DVD limitée aujourd'hui assez rare sortie il y a quelques années proposait en bonus afin de prolonger le plaisir une scène hardcore expurgée du film.