La ocasion
Autres titres:
Real: José Ramon Larraz
Année: 1978
Origine: Espagne
Genre: Rape and revenge
Durée: 85mn
Acteurs: Angel Alcazar, Teresa Gimpera, Javier Escriva, Felix Dafauce, Roberto Camardiel...
Résumé: Ana et Pablo sont mariés depuis quelques années déjà. Ana aimerait une vie sexuelle un peu plus libre, Pablo ne le désire pas. En désaccord, Ana est frustrée et se laisse parfois aller à rêver à d'autres hommes. Un jour, ils découvrent leur villa cambriolée. Ils soupçonnent un groupe de hippies d'en être responsable. Ils sont arrêtés à l'exception de l'un d'eux. Un soir il fait irruption dans la villa. Il enferme Pablo dans la cave et viole Ana. Une relation ambigüe nait alors entre eux. Ana peut enfin vivre avec ce très attirant jeune voyou cette sexualité qu'elle a depuis trop longtemps mise en veille. C'est alors que Pablo s'échappe de la cave...
De retour en Espagne après avoir du s'exiler en Angleterre quelques années afin de pouvoir réaliser ces oeuvres morbides aujourd'hui cultes parmi de nombreux amateurs de cinéma déviant, José Ramon Larraz continua par la suite une jolie carrière dans la pure exploitation. Coincé entre le sodomite et particulièrement osé Sodomia / La visita del vicio et une amusante petite perle du cinéma érotique Malizia erotica / L'infirmière a le feu aux fesses, La ocasion s'il n'est pas le meilleur film du réalisateur n'en mérite pas moins l'attention des fervents du rape and revenge.
La fameuse occasion du titre c'est celle que va saisir Ana, certes plus ou moins consentante, une jeune épouse qui sexuellement n'est plus très en adéquation avec son mari. Ana est en effet ouverte à d'autres expériences, Pablo, son époux, est quant à lui beaucoup plus traditionnel. Leur désaccord frustre Ana qui ne peux s'empêcher de poser un regard concupiscent sur d'autres hommes et se laisser aller à rêver malgré la culpabilité qui la ronge. Un groupe de jeunes hippies hébergé par un voisin va bouleverser la vie du couple qui vient d'être cambriolé. Pablo soupçonne les hippies après avoir découvert un joint sur le sol. La police vient alors les arrêter à l'exception de l'un d'entre eux. Un soir il pénètre dans la villa et viole Ana après avoir fait prisonnier Pablo. Une relation trouble nait entre eux, partagée entre envie, désirs inavoués et culpabilité.
Si on peut ranger La ocasion, totalement inédit chez nous, dans la catégorie Rape and revenge, s'il répond aux principaux codes du genre, s'il y a bel et bien abus sexuel il n'y a cependant pas réellement de vengeance cette fois. On est simplement face au traditionnel couple en crise dont la vie sexuelle ne connait plus aucun épanouissement. L'arrivée inopportune d'un autre homme va alors faire basculer les choses malgré les limites qu'on s'impose. Rien de très original comme on peut le voir, Larraz se contente d'appliquer à la lettre les ficelles du genre. Le résultat est mitigé et risque surtout de décevoir. Le défaut majeur du film est avant tout sa mise en scène et la mollesse de la réalisation, typique du cinéma de José Ramon Larraz.
Ce manque de rythme, cette absence de toute action au détriment de très longues scènes de dialogues bien peu captivants risquent d'avoir raison assez rapidement des moins endurcis. Il ne se passe en effet quasiment rien durant une bonne heure. Il faudra attendre les vingt dernières minutes pour que les choses bougent enfin avec l'intrusion du jeune hippie dans la villa du couple. Si l'action peut enfin débuter et le spectateur satisfaire sa soif de violence et de sexe, il manque pourtant cette folie propre au rape and revenge. Larraz semble avoir oublier cette brutalité, cet aspect malsain qui donnait à ses premières oeuvres, plus particulièrement Whirlpool, toute leur force.
Tout est ici un peu trop propre pour vraiment faire de l'effet même si la dualité des sentiments de Ana est assez bien définie. Outrée puis terrifiée dans un premier temps, elle finira par se donner au voyou non pas vraiment par peur des représailles mais car elle voit là un moyen de vivre enfin ses fantasmes et laisser resurgir au grand jour ce coté pervers qu'elle avait enfoui au fond d'elle depuis des années. Le jeune hippie est séduisant, très attirant, son coté brutal l'attire, il est un de ces mauvais garçons qui respire le sexe jusqu'au bout des doigts, sauvage, viril, libre. Elle en arrive jusqu'à oublier son mari enfermé dans la cave pour pouvoir continuer à jouer avec cet amant de braise et donner libre cours à ses pulsions. Les ultimes images laisseront planer l'ambiguïté sur les réels sentiments de Ana. Hurle t-elle de désespoir en voyant l'homme embarqué par la police? Hurle t-elle de soulagement afin de libérer toute la pression emmagasinée? Hurle t-elle de colère contre son époux responsable de l'arrestation du voyou? Trahie dans ses émotions par l'odeur d'une rose, il est évident que Ana ne l'oubliera jamais.
Malgré son extraordinaire lenteur, sa mise en scène anodine et son manque d'action et de suspens, tout est en effet prévisible, La ocasion n'est pas un mauvais film. Il possède ce charme inhérent à ces petits films d'exploitation, cette atmosphère si spéciale empreinte de liberté sexuelle, de désirs refoulés sur fond de paysages maritimes. Outre les sublimes décors naturels de Marbella et Puerto Banus, on se laissera toujours et encore charmer par la magie des années 70, la fameuse équation sexe drogue et rock'n'roll à travers cette bande de hippies bien entendu américains, la perversion ne peut venir que d'outre-atlantique. On retiendra également une scène d'humiliation et de viol totalement gratuite qui renvoie directement à Déviation sexuelle. Pour avoir osé toucher à une des filles de la bande entrain de se faire lécher l'entre-jambre par son chien, le fermier qui les héberge sera humilié puis masturbé sous la menace d'une serpette devant tout le groupe avant d'être jeté aux porcs. Les séquences de sexe restent toutes assez soft même si Larraz multiplie les plans de nudité parfois gratuits mais toujours très agréables (l'adolescent entièrement nu que Ana épie du bateau).
Il faut cependant reconnaitre que la principale attraction du film, son intérêt majeur, est la présence d'un tout jeune Angel Alcazar dont c'était la toute première apparition au grand écran. Gageons que bon nombre d'entre vous n'auront d'yeux que pour lui comme ils n'avaient d'yeux que pour Rafael Machado, le jeune gitan sodomite de Sodomia dont Angel pourrait être le clone. Prototype même du mauvais garçon à l'insolente beauté, il est l'image même du jeune mâle à l'état brut, le latin lover sauvage aussi sensuel que sexuel, fantasmatique et impudique. Il est certain que Angel, trop tôt disparu dans la plus grande indifférence des médias, oubliés de tous malgré une carrière éloquente au cinéma, à la télévision, au théâtre et de nombreuses collaboration notamment avec Almodovar, sera encore longtemps au centre de nos fantasmes les plus inavouables, rongé par l'envie d'être violé chaque nuit que Dieu fait par ce démon aux yeux de braise dont Larraz nous laisse entrevoir le généreux membre lors de quelques plans trop furtifs.
Très difficilement visible aujourd'hui si ce n'est via une vieille et médiocre vidéo espagnole, La ocasion est une oeuvre mineure dans la filmographie de Larraz. Il n'en demeure pas moins un joli petit divertissement à qui il manque deux éléments essentiels: le parfum de souffre et un zeste de folie. Quoiqu'il en soit les inconditionnels du réalisateur apprécieront, les autres seront peut être plus mitigés et se raccrocheront aux scènes de sexe si toutefois ils souhaitent se raccrocher à quelque chose.... autre que le sexe de Angel diraient certains esprits mal tournés!