Sodomia
Autres titres: La visita del vicio / The coming of sin / Violation of the bitch / Sex maniac
Real: José Ramon Larraz
Année: 1978
Origine: Espagne
Genre: Erotique / Thriller
Durée: 74mn
Acteurs: Lidia Zuazo, Rafael Machado, Claude Bellot, Patricia Granada, David Thomson, Lea Candle, Daisy Jules, Enrique Montserrat...
Résumé: Triinia, une jeune domestique illettrée perturbée par un rêve récurrent dans lequel elle se voit violée et sodomisée par un jeune gitan nu monté sur un cheval, est envoyée chez sa nouvelle maitresse, Lorna, une jeune femme vicieuse qui très vite est attirée par elle. Elle tente de la guérir de sa phobie de la sodomie mais Trinia continue de faire ce rêve étrange jusqu'au jour où le gitan de ses cauchemars se matérialise chez Lorna. Elle va alors tenter de les faire se rapprocher. Une relation triolique trouble va alors naitre. Rafael, nom auquel répond le jeune homme sodomite, va initier Lorna aux plaisirs culiens qui lentement tombe amoureuse. Jalouse, haineuse, Trinia va se dresser entre eux mais dans ces jeux pervers et déviants qui joue avec qui et pourquoi? La vérité est peut être toute autre...
Les amours équins ont régulièrement inspiré un certain cinéma tant et si bien que le cheval, noble étalon, s'est souvent retrouvé au coeur d'histoires interdites, de fantasmes érotiques bestiaux où de jolies demoiselles à la libido tourmentée se laissaient tenter par le vice en se donnant à l'animal en rut. Associer les désirs chevalins au culte de la sodomie était jusque là inédit. L'espagnol José Ramon Larraz, réputé pour ses oeuvres souvent audacieuses, franchit le cap en 1978 avec Sodomia qui reste à ce jour un de ses films les plus rares mais également un des plus incroyablement téméraire quant au sujet traité.
Multipliant les titres alternatifs tous plus alléchants les uns que les autres, Sodomia se focalise essentiellement sur la phobie que nourrit une jeune fille perturbée, Triana, pour l'acte sodomite. Elle est engagée comme domestique chez une artiste peintre vicieuse et perverse très vite attirée par cette jeune gitane illettrée. Triana fait un rêve récurrent, étrange et pénétrant, dans lequel elle voit un jeune homme nu monté sur un cheval qui la poursuit afin de la violer et la sodomiser. Le songe se réalise un jour lorsqu'elle rencontre un beau gitan, Rafael, qui comme l'homme qui hante son sommeil vit dans les marais et monte nu son noir destrier. Terrorisée, elle fait tout pour l'éviter mais les cauchemars ne font qu'empirer. C'est alors que sa patronne l'oblige à faire sa connaissance. Une relation triolique malsaine commence alors faite de peur, de jalousie et d'attirance. Reste à savoir qui sortira vainqueur de ce trio amoureux dont sodomie et perversion semblent être les maitres mots si toutefois il ne s'agit pas là d'une machiavélique machination dont l'argent serait l'enjeu.
Voilà bien un insolite scénario pour un film tout aussi insolite qui très souvent frise les limites du hardcore. Plus qu'une puissante série érotique déviante, Sodomia est avant tout un film qui met en avant les plaisirs culiens mais également le fantasme du viol chez une jeune fille qui en apparence souffre d'un profond trauma. D'une part, ses phobies bien particulières traduisent son attirance pour des actes contre nature, d'autre part elle satisfait ses pulsions lesbiennes par le biais de jeux érotiques qu'elle pratique avec Lorna, sa jeune et belle patronne, une femme perverse et débauchée pour laquelle elle éprouve du désir. Leur relation se complique lorsque le beau gitan qui la terrorise dans ses cauchemars se matérialise dans la réalité. Triana est elle folle, traumatisée par ce viol durant lequel elle fut sauvagement sodomisée ou tout cela est il bien réel? Larraz nous ballade à la lisière de la folie pour mieux nous jeter finalement dans l'univers trouble et troublant de Lorna qui va jeter
de force Triana dans les bras de Rafael le gitan, bel et bien réel, afin de tenter du moins en apparence de la guérir de ses peurs tout en désirant la partager avec le jeune tzigane. Dés lors nait un trio amoureux particulièrement complexe où tout semble n'être qu'un jeu de miroir où les désirs s'inversent. Qui joue avec qui et dans quel but telle est la question que pose soudainement Sodomia qui dans sa dernière partie se transforme de façon totalement inattendue en thriller. La seule certitude qui demeure est l'amour tout particulier que porte Rafael aux pratiques sodomites, violentes, bestiales puisque chacune de ses étreintes se termine en sodomie. C'est d'ailleurs la découverte de ce plaisir encore inédit pour elle qui séduira Lorna et la fera définitivement tomber amoureuse de Rafael. Elle soulevera ainsi la haine et la jalousie de sa domestique jusqu'au drame sanglant qui clôturera le film et dévoilera la véritable personnalité des différents protagonistes qui à travers l'amour du vice nourrissaient avant tout l'amour du gain.
Sodomia est un film réellement étrange, presque fascinant dont la perversion n'a d'égal que son envoutante obscénité. Plus qu'une incursion dans le mystérieux univers gitan, le film de Larraz est une sorte d'ode indécente à la sodomie, omniprésente, à la beauté du derrière que le cinéasrte filme avec soin et des plaisirs qui lui sont associés tels que Pasolini pouvait les décrire dans Salo. On retrouive cette poésie dans les images aux frontières par instant du surréalisme. Les scènes de rêve sont tout bonnement superbes, la plupart filmées au ralenti. Monté sur son cheval noir, le jeune gitan, nu, traverse les marécages, fend les champs à la poursuite de Trinia, terrorisée qui est inlassablement rattrapée, violée et sodomisée par l'inconnu. Larraz renverse définitivement les tabous lors d'un songe obscène durant lequel Trinia, terrorisée face à un étalon qui monte fébrilement sa jument, protège son orifice anale de sa main afin de ne pas subir le même sort.
L'un des plus beaux moments, le plus onirique et insolite reste celui où Trinia se voit recroquevillée à l'intérieur d'un cheval de Troie en or, anxieuse, le derrière offert, prêt à être pris par le cheval que monte Rafael. Les scènes de sexe sont toutes plus brutales les unes que les autres. Outre les sodomies récurrentes, une ou deux fellations, Sodomia compte parmi ses moments les plus torrides quelques séquences saphiques particulièrement explicites entre Lorna et la jeune domestique et une scène épicée de triolisme durant
laquelle Lorna, ivre, ligotée à son lit, est la proie consentante de Rafael et Trinia. A la fois belles et crasses, elles donnent au film un ton curieux, sulfureux, humide. Baignant par moment dans un flou artistique volontaire ou non, il s'en dégage une aura incertaine, trouble et malsaine, presque fascinante qu'une très jolie photographie et une partition musicale qui mêle avec saveur la guitare tzigane à des tonalités plus angoissantes, oppressantes, mystérieuses viennent renforcer. Reste à savoir si pour les quelques scènes pornographiques les acteurs ont eu recours ou non à des doublures. Si pour certains plans particulièrement épicés, il s'agit bel et bien des comédiens eux mêrmes on sera beaucoup plus dubitatif pour les furtives visions de pénétration anale et de sexe oral, d'autant plus circonspect qu'il serait surprenant qu'un acteur tel que Rafael Machado se soit laissé aller à de telles audaces.
L'interprétation sonne plutôt juste. On ne pourra que succomber au charme foudroyant du divin Rafael Machado, un jeune acteur espagnol qui fit surtout carrière à la télévision dont le regard vert est purement ensorceant. Sa présence, quasi spectrale, fantasmatique mais pourtant bien réelle, contribue beaucoup à l'atmosphère étrange, à la magie de l'ensemble... et le fait de jouer nu une bonne partie du film n'est certes pas fait pour nous déplaire. A ses cotés, deux jeunes actrices inconnues particulièrement désinhibées dont la carrière fut éphémère, la blonde Patricia Granada, sans être extraordinaire est une Lorna tout à faita cceptable, et la brune Lidia Zuazo, aussi charnelle qu'approximative malheureusement dont le jeu se limite à faire la moue.
Sodomia est sans nul doute un des films les plus méconnus de José Ramon Larraz mais très certainement un de ses meilleurs. Voilà une oeuvre culienne certes pas touiours très crédible dans son dénouement inattendu amené de manière quelque peu maladroite mais elle est en tout cas tout à fait immorale, choquante, provocante, troublante, perverse qui devraient littéralement transcender tous les amateurs de bestialité et de déviances sexuelles et donner aux autres l'envie de gouter aux plaisirs sodomites. Sodomia est une tout simplement un petit chef d'oeuvre de l'eros perversion à découvrir de toute urgence.