Poliziotti violenti
Autres titres: La violence appelle la violence / MKS 118 / Crimebusters / Blutiger schweiss
Real: Michele Massimo Tarantini
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 90mn
Acteurs: Henry Silva, Antonio Sabato, Silvia Dionisio, Ettore Manni, Rosario Borelli, Daniele Dublino, Claudio Nicastro, Christian Mori, Nicola d'Eramo, Thomas Rudy, Clarisse Monaco, Calogero Caruana, Benito Stefannelli, Franca Scagnetti, Rudy Reims...
Résumé: Le major Altieri, un ancien para, est muté dans un bureau de Rome après qu'il ait soupçonné un trafic d'armes militaires destructrices plus exactement le MKS 118. Une nuit il sauve la vie à un enfant qu'une bande de voyous tentait d'enlever. Altieri est roué de coups l et laissé pour mort. Il fait la connaissance de l'inspecteur Tossi qui lui sauve la vie. Tossi, sous couverture, enquête sur ses trafics. Ayant retrouvé par hasard le chef des agresseurs, Altieri le suit jusqu'à son repaire. Il y trouve des MKS 118. Secondé par Tossi, il va tenter de démanteler le réseau de trafic d'armes dans lequel de hautes institutions politico-militaires sont mêlées...
Plus connu pour ses sexy comédies, Michele Massimo Tarantini a durant sa carrière abandonné de temps à autre ce genre dont il fut un des grands spécialistes afin de réaliser deux polizeschi musclés, Poliziotti violenti et Napoli si ribella, qui étrangement sont souvent oubliés de sa filmographie. Cet oubli est d'autant plus regrettable que ces deux polars méritent toute l'attention de l'amateur peut être pas pour leur intelligence mais pour leur spectaculaire violence bien souvent gratuite.
Réalisé en 1976, Poliziotti violenti rebaptisé pour sa tardive sortie en salles MKS 118, connu également sous le titre La violence appelle la violence, est une tentative de polizesco plutôt originale puisque Tarantini ajoute aux éléments du polar traditionnel à l'italienne ceux du film de guerre et d'espionnage, un mélange surprenant qui aurait pu faire mouche mais qui malheureusement ne fonctionne pas totalement faute à un scénario peu crédible truffé de failles qui préfère à la cohérence et la logique une effusion de sang et de violence.
Le major Altieri, un ancien parachutiste, soupçonne que des armes destructrices appartenant à l'armée, des MKS 118, aient été dérobés. Il est envoyé à Rome afin d'enquêter vite secondé par l'inspecteur Tosi qui agit sous couverture. Tosi lui a sauvé la vie alors qu'une bande de redoutables voyous qui sévit dans la capitale l'agressait une nuit dans la rue, le laissant quasi pour mort. Altieri retrouve par hasard le chef du gang, le suit et découvre son repère dans lequel est caché tout un lot de MKS 118. Leur enquête mettra à jour les exactions des institutions politico-militaires mouillées dans un important trafic d'armes avec une importante multinationale.
Même si Tarantini a voulu jouer la carte de l'originalité en utilisant comme prétexte le trafic illicite d'armes militaires, Poliziotti violenti n'est jamais qu'un nouveau polar réactionnaire qui comme bon nombre d'oeuvres de ce type tente de mettre avant d'une part les agissements du traditionnel policier justicier qui va à l'encontre de toute politique qu'il méprise, d'autre part l'auto-justice sur laquelle tout le final repose. L'alibi militaire est ici bien peu convaincant tant il est mal utilisé et surtout bien improbable. Comment croire un seul instant que l'armée ne se fasse pas plus de souci face au vol de ces puissantes armes de guerre? Comment croire qu'elle puisse envoyer qu'un seul homme enquêter au lieu de déployer de très importants
moyens de recherche? Encore plus invraisemblable est qu'elle soit représentée durant tout le film par Altieri et un malheureux général bien peu inquiet calfeutré dans un bureau poussiéreux. La tentative d'originalité, tout à fait louable, tombe donc très vite à l'eau pour se focaliser essentiellement sur le personnage du traditionnel flic justicier tout en prônant comme très souvent une auto-justice expéditive mais assez superficielle cette fois malgré un discours final aussi démocratique qu'antifasciste. Poliziotti violenti ressemble donc à la majorité des films du genre dont il reprend tous les codes. Au final, il vaut avant tout pour son rythme effréné et sa pure violence.
Tarantini s'est en effet particulièrement concentré sur les impressionnantes scènes d'action, fort nombreuses, et les effets sanglants, une violence souvent aussi brutale que gratuite qui donne au film tout son intérêt. Le cinéaste enchaine les courses-poursuites haletantes, les séquences de bagarre et de cascade, d'explosions, de fusillades, les agressions à mains armées et les viols. On passe à tabac, on tue sans raison les passants dans la rue, on kidnappe, on s'attaque aux femmes, aux enfants sans compassion ni pitié. Autant dire que les amateurs de polars sauvages seront ravis, d'autant plus heureux que la mise en scène est particulièrement maitrisée.
On ne pourra pas en dire autant des deux principaux protagonistes, un anodin Antonio Sabato au brushing étonnant et Henry Silva, un véritable bloc de granit qui pour une fois tient le rôle du "gentil", assez mal utilisés, et surtout au minimum de leurs capacités. Si la présence de Silva, et le duo qu'il forme ici avec Sabato fera penser à la rencontre du grand
acteur américain avec Tomas Milian, il faut bien avouer que cette fois malheureusement il traverse le film de manière bien trop transparente pour être efficace. Quant à la ridicule histoire d'amour qu'il vit avec Silvia Dioniso, magnifique, elle ne semble exister que pour permettre au scénario d'intégrer à l'histoire une belle héroïne qui se fera obligatoirement violée. Il est même assez surprenant que tout deux puissent se faire voler la vedette par quelques seconds rôles dont l'inquiétant Thomas Rudy, le chef du gang, une figure récurrente du western-spaghetti, et Ettore Manni. On notera la présence de Nicola D'Eramo dans la peau de Clara, le travesti, dont la mise à mort est un des grands moments du film.
Rythmé par une efficace partition musicale rock signée des frères De Angelis, MKS 118 / La violence appelle la violence malgré ses failles scénaristiques et ses incohérences, est un polizesco classique qui fonctionne et repose tout entier sur son accumulation de violence graphique et sa réalisation musclée. Si on a tout de même vu bien plus violent dans le genre, le film de Tarantini n'en demeure pas moins un bel exemple de polizesco à une époque où l'Italie vivait dans la terreur des Brigades Rouges, un film fait pour les amoureux d'un cinéma choc, sans sommation, qui devraient donc y trouver leur compte. Revoir le visage de glace de Silva est aussi un petit plus non négligeable.
Tarantini récidivera deux ans plus tard avec Napoli si ribella / Calibre magnum pour l'inspecteur avec cette fois Luc Merenda en tête d'affiche.
Sorti amputé de ses principales scènes les plus brutales, le film de Tarantini tout comme Napoli si ribella est aujourd'hui devenu bien difficile à visionner dans sa version française, quasi introuvable. L'amateur se précipitera donc sur l'édition DVD intégrale sortie en Italie.