La muerte ronda a Monica
Autres titres: Il buio intorno a Monica / Death haunts Monica
Real: Ramon Fernandez
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Giallo
Durée: 81mn
Acteurs: Ramon Fernandez
Cast: Arturo Fernandez, Jean Sorel, Barbara Rey, Karin Schubert, Nadiuska, Sandra Alberti, Luis Barboo, Yolanda Rios, Isabel Luque, Damian Velasquo, Eduardo Bea, Antonio Canal...
Résumé: Richissime héritière, la jeune et belle Monica a épousé Federico qu'elle a nommé a la tête de son entreprise dont il partage les parts avec deux autres amis. Malheureusement leur mariage vacille depuis que Federico a rencontré une modèle, Eva, dont il est tombé amoureux. Lorsque Monica découvre leur liaison grâce à sa meilleure amie, la secrétaire de son mari, elle décide de divorcer et de reprendre les rênes de la société. Elle ignore que la secrétaire et Eva sont non seulement amantes mais elles complotent pour voler l'entreprise à Federico. C'est alors qu'une étrange silhouette tente d'assassiner Monica. Elle parvient à tuer l'agresseur, un maitre-chanteur qui faisait du chantage à Federico. Aidé par son mari, Monica enterre le corps. C'est alors que leur chien est retrouvé mort puis Eva et son amie. La cadavre du maitre-chanteur resurgit. Monica pense alors que Federico veut la rendre folle pour mieux se débarrasser d'elle et garder ainsi l'entreprise et son fabuleux héritage...
Très actif dés le début des années 60 en Espagne, le prolifique Ramon Fernandez tenta en 1976 de s'essayer comme bon nombre de ses confrères au giallo en réalisant La muerte ronda a Monica, un thriller machiavélique qui s'inscrit directement dans la lignée des oeuvres de Umberto Lenzi. Malheureusement n'est pas Lenzi qui veut. Fernandez a beau se donner du mal, multiplier les coups de théâtre et les intrigues, son film est un coup d'épée dans l'eau à qui il manque l'essentiel, ce petit vent de folie qui donne à ce type de films tout son venin et donc son intérêt.
L'histoire tourne autour de la jeune et jolie Monica, une richissime héritière mariée à Federico, un homme d'affaires au passé coupable dont elle ne sait rien. Federico est à la tête de la compagnie de son épouse dont il partage les parts avec deux autres partenaires. Tout irait bien si Federico n'avait pas une maitresse. Après avoir découvert cette liaison, Monica décide de divorcer et de reprendre la compagnie sans rien laisser son mari. Une mystérieuse silhouette cagoulée toute de noire vêtue va alors tenter de tuer Monica. Elle parvient à l'abattre et avec l'aide de son mari, enterre le corps. Si elle annule le divorce au grand dam de Eva, l'entourage de la jeune femme commence à tomber, assassiné par un étrange meurtrier.
Le scénario n'est guère original et reprend à la lettre la bonne vieille recette mise en place par
Lenzi dés 1969, celle du complot familial destiné à déséquilibrer une jeune femme richissime et la faire lentement sombrer afin de s'accaparer sa fortune. Est ce pour ce manque d'originalité que Fernandez a cru bon d'amonceler les retournements de situations et multiplier bien maladroitement les rebondissements jusqu'à faire perdre à l'histoire une bonne partie de sa crédibilité. Ainsi les personnages assez mal introduits révèle au fil des minutes de nouvelles facettes souvent grotesques car au final elles ne présentent guère d'autre utilité que d'essayer d'égarer le spectateur. Arturo, le meilleur ami de Federico, est un gigolo invétéré bien peu crédible et parfaitement insupportable, Diego, l'ancien complice maitre-chanteur de Federico est trop mal dessiné pour qu'on puisse un seul instant croire à sa culpabilité, la relation trouble et lesbienne entre la secrétaire de Federico et Eva sa maitresse est tout bonnement improbable et ne semble exister que pour apporter au film cette indispensable touche de saphisme récurrente au cinéma italien. Si elle avait été un peu plus développée, peut être aurait elle servi l'histoire d'autant plus que toute deux complotent pour évincer Federico et lui voler la compagnie, un aspect important très vite oublié par Fernandez.
Outre ses incohérences et sa boulimie de stupides complots à tiroir, la laideur de la photographie, La muerte ronda a Monica souffre surtout de l'indigence de sa mise en scène, d'une incroyable mollesse. Particulièrement bavard, il ne se passe quasiment rien durant toute la première partie qui devrait vite avoir raison des moins persévérants. Toute l'action et les quelques effets horrifiques se concentrent durant la deuxième partie où Fernandez semble enfin vouloir se lâcher mais malgré l'effort, La muerte ronda a Monica ne parvient pas à convaincre. Tout est cette fois beaucoup trop énorme pour qu'on puisse y croire un seul instant. Si le meurtre de la silhouette noire peut encore fonctionner, la suite est d'une telle improbabilité qu'on a du mal à voir où Fernandez veut en venir, aussi perdu que nous dans cette histoire qui s'effiloche au fil des minutes. Le comble du ridicule est la découverte des corps des deux amantes qui mène à l'hallucinante conclusion aussi bâclée que hilarante. La révélation de l'identité du tueur, ses mobiles comme les explications fournies sont d'une telle absurdité qu'on en reste pantois et tout spécialement déçus si ce n'est contrarié d'avoir ainsi perdu 90 minutes.
Que reste t-il donc au crédit du film? La présence de Jean Sorel, indissociable à ce type de film, mais bien fade cette fois, quelques références trop mal utilisées (Clouzot pour le corps dans la baignoire) et les quelques scènes d'angoisse où la pauvre Monica est attaquée par le tueur et la découverte des cadavres. On pourra se réjouir aussi de revoir Karin Schubert dans la peau de la secrétaire lesbienne mais les scènes saphiques sont d'une telle superficialité et d'une telle pudeur qu'on désenchantera très vite, frustré de n'en voir plus. Quant à Nadiuska, star de l'érotisme espagnol d'alors internée depuis bien des années en hôpital psychiatrique pour troubles schizophréniques, elle n'a que pour seul véritable atout la beauté de son regard et de ses courbes parfaites, son jeu de comédienne étant des plus basique.
La muerte ronda a Monica partait sur de bonnes bases de départ et le scénario aurait pu se révéler intéressant. Le résultat aussi prévisible que peu surprenant, le traitement parfaitement inepte et le final d'une sidérante bêtise en ont malheureusement eu raison. Ce film n'est jamais qu'une nouvelle preuve démontrant que l'Espagne n'a que rarement excellé dans le domaine du giallo, s'étant toujours contentée de simplement imiter ses confrères italiens sans jamais parvenir à les égaler. Le film de Fernandez s'oubliera très vite une fois les lumières rallumées. A conseiller seulement et uniquement aux fervents du genre.