Scream... and die
Autres titres: Crie et meurs / Scream / The house that vanished / Violacon y...? / Psycho sex fiends / Psycho sex / L'ombra dell'assassino
Real: José Ramon Larraz
Année: 1974
Origine: Angleterre
Genre: Thriller
Durée: 95mn
Acteurs: Andrea Allan, Maggie Walker, Karl Lanchbury, Peter Forbes-Robertson, Judy Matheson, Annabella Wood, Daphne Lea, Barbara Meale, Alex Leppard, Joshua Leppard, Lawrence Keane, Edmund Pegge...
Résumé: Valerie est une jeune modèle. Un soit Terry, son photographe et petit ami, l'emmène sans lui en expliquer la raison, dans une maison isolée au milieu de la campagne. Il semble vouloir y trouver quelque chose. Alors qu'ils fouillent la maison, un couple fait irruption. Ils se cachent. C'est alors que l'homme dont il ne voit que la silhouette tue la femme alors qu'ils font l'amour. Valerie se sauve, l'ombre la suit mais elle parvient à s'échapper. Elle ne reverra plus jamais Terry. Elle décide de e pas alerter la police et avec des amis tente en vain de retrouver la maison. Elle fait alors la connaissance d'un jeune et étrange garçon, collectionneur de masques No. Il vit avec sa tante avec qui elle entretient une relation incestueuse. S'il semble totalement sous son emprise, il tombe cependant amoureux de Valerie. Un jour, il l'emmène dans sa maison de campagne...
Installé à Londres depuis quelques années le cinéaste espagnol José Ramon Larraz avait entamé une carrière fort prometteuse dés 1970 avec une série de petits films de pure exploitation essentiellement atmosphériques qui mettaient en avant de manière particulièrement audacieuse pour l'époque toutes les tares et déviances humaines. C'est ainsi qu'avec des titres aussi alléchants que rares devenus cultes auprès de nombreux amoureux d'un cinéma crasse, nauséeux tels que L'enfer de l'érotisme, Déviation sexuelle et La muerta incienta, Larraz s'est vite fait une place au soleil dans l'univers infini de l'exploitation européenne, précurseur en quelque sorte de la future vague d'euro-sleaze qui allait poindre dés le milieu des années 70 en Italie.
Avec ce quatrième film, Larraz ne déroge pas à la règle qui fit sa renommée. Scream and die, un des rares films du réalisateur à avoir bénéficié d'une part d'une édition vidéo intitulée Scream, d'autre part d'une furtive sortie en salle en Province sous le titre Crie et meurs, se situe de nouveau en Angleterre mais contrairement à ses films précédents qui se déroulaient dans un décor unique, une maison perdue dans la campagne, l'action de Scream and die se passe cette fois dans deux endroits différents. La jeune héroïne navigue ainsi entre le Londres d'époque où se trouve son petit appartement qu'elle partage avec une amie et la désormais indispensable bâtisse isolée au milieu de la campagne baignée d'un épais
brouillard. Inutile de dire qu'une fois de plus Larraz réalise un véritable thriller atmosphérique qui par bien aspects rappelle le giallo. On y retrouve en effet un mystérieux assassin tout de noir vêtu, portant manteau et gants de cuir, qui tue au couteau ses victimes et traque jusque chez elle la malheureuse protagoniste. Elle fut en effet témoin d'un de ses abominables meurtres, une pauvre femme qui faisait l'amour à cette énigmatique ombre qu'elle aimait exciter en lui parlant de façon crue. Les rapports interdits qu'il entretient avec sa tante, sa folie dans le sens le plus pathologique du terme générée par un profond traumatisme d'enfant ramènent là encore au giallo qui cependant penche assez rapidement vers le thriller atmosphérique.
Encore plus que dans Déviation sexuelle et Whirlpool, Larraz s'efforce à créer une réelle atmosphère, une ambiance étrange, oppressante, mystérieuse. Il y a un véritable travail sur les personnages, dans les décors et les situations elles mêmes. Si cela peut être une qualité ça peut également être un gros défaut. Si ce fut le cas pour les deux premiers films, l'erreur est ici décuplée. A trop vouloir se concentrer sur ce climat, Larraz en a oublié le principal: l'histoire, handicapée dés le départ par une mise en scène très lente et un scénario trop convenu. Le peu de rythme qu'il donne au film est brisé par de longues séquences plutôt mornes et bien peu dynamiques. Scream and die souffre trop de cette paresse au niveau de
l'action mais aussi du manque de suspens. Il est en effet très facile de deviner l'identité du tueur ainsi que ses motivations. Il ne reste plus au spectateur qu'à attendre et voir comment l'héroïne va s'en sortir et la façon dont le meurtrier va l'entrainer dans son aliénation. Tout aussi regrettable est l'incohérence du récit par instant. Si cela était déjà le cas dans ses oeuvres précédentes, c'est ici flagrant. On aura par instant bien du mal à comprendre le comportement de l'héroïne et le pourquoi du comment de certaines situations, notamment la raison pour laquelle elle se sauve de la maison après avoir été témoin du meurtre et pas son ami qui disparait purement et simplement. Tout aussi aberrant est le fait qu'elle ne se soucie plus de lui une fois chez elle, ne semble guère traumatisée et refuse d'aller à la police.
Cela est d'autant plus regrettable que Scream and die est non seulement plastiquement très soigné mais qu'il dégage quelque chose de singulièrement inquiétant, angoissant. On est ici bel et bien dans le cadre d'un film d'horreur souvent oppressant dans lequel Larraz comme d'accoutumée met en avant la folie de ses personnages et leurs diverses déviances. Une fois de plus, c'est l'inceste qui prédomine à travers ce jeune collectionneur de masques de théâtre japonais et sa tante d'une jalousie féroce. Toute la force mais aussi la douleur de cette relation contre nature explosera au détour d'une étonnante scène d'amour assez dérangeante, sauvage, brulante, durant laquelle plaisir et souffrance se mêleront, peut être l'une des plus belles séquences du film avec la traque de l'héroïne dans l'épais brouillard et le final aussi douloureux que grandiloquent où Valerie, la tante et son neveu se retrouveront dans la maison.
Si la campagne lacustre anglaise joue aussi un rôle important à l'instar des oeuvres précédentes du cinéaste le brouillard est cette fois quasi omniprésent, créant vite un climat presque irréel (la superbe séquence dans le cimetière de voitures), un décor magnifié par une très jolie photographie, souligné par une musique assez discrète mais suffisamment efficace pour accentuer le coté sordide du scénario mais également renforcer cette tension souvent palpable, cette indicible peur qui suinte de ces lieux étranges, envoutants qui par bien des aspects rappelle les productions Hammer.
Un des autres atouts majeurs du film est la présence du jeune et androgyne Karl Lanchbury, acteur fétiche du réalisateur, qui depuis Whirlpool incarne de façon magistrale la folie à l'état pure, inquiétant, sinistre, troublant à souhait. A chaque film il apporte à l'histoire cette touche aussi malsaine qu'impressionnante qu'on retrouve une fois de plus dans Scream and die. Aujourd'hui retiré en Espagne, marié et père de famille, Karl restera un des personnages les plus effroyablement fascinants de l'exploitation anglo-ibérique. .
A ses cotés beaucoup succomberont à la beauté de la blonde Andrea Allan, jeune actrice qu'on reverra dans Les temps sont durs pour Dracula avant qu'elle n'oriente définitivement sa carrière vers la télévision britannique. Andrea, outre le fait d'être superbe, est à l'image de Karl Lanchbury, parfaite dans la peau de cette jeune modèle traquée. Tout deux délivrent une interprétation des plus justes en totale adéquation avec le ton du film lui même.
Moins pervers et surtout violent que ses précédents films, Scream and die n'en demeure pas moins un bon, un très honnête thriller que les passionnés du cinéma de Larraz apprécieront à sa juste valeur tandis que les autres devraient se divertir sans aucun problème tout en éprouvant quelques doux frissons.