Mark il poliziotto
Autres titres: Un flic voit rouge
Real: Stelvio Massi
Année: 1975
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 86mn
Acteurs: Franco Gasparri, Lee J. Cobb, Sara Sperati, Giampiero Albertini, Carlos Duran, Giorgio Albertazzi, Andrea Aureli, Francesco D'Adda, Luciano Comolli, Danillo Massi, Dino Mattielli, Dada Gallotti, Lucio Cuomo, Cesare di Vitto, Flora Saggese...
Résumé: Un jeune policier anticonformiste qui aime utiliser ses propres moyens, le commissaire Mark Terzi de la troisième brigade des narcotiques, est convaincu qu'un respectable industriel se cache en fait derrière tout un réseau de trafic d'héroïne. Il va tenter de prouver qu'il a raison en obtenant à sa manière les preuves qui feront accuser l'industriel, Don Mariano. Terzi recueille chez lui une jeune toxico-dépendante, victime des trafiquants. Ceux ci vont alors s'en prendre à son entourage afin de le dissuader de poursuivre son enquête...
Second polizesco de Stelvio Massi après Squadra volante, Mark il poliziotto / Un flic voit rouge est le premier film d'une série de trois dont le commissaire Mark Terzi sera le héros. Spécialisé dans les narcotiques, Terzi incarne un commissaire loin de ceux interprétés notamment par Maurizio Merli ou Enrico Maria Salerno avec qui il n'a qu'un seul point commun: il agit selon ses propres moyens. Terzi est jeune, anticonformiste, il porte les cheveux longs et des jeans, il est sportif mais ne montre que rarement ses sentiments malgré son coté humain, il ne sourit jamais et vit seul avec son joli chien joliment nommé Whisky. Terzi est en fait un personnage monodimensionnel et c'est là son défaut majeur sur lequel repose le film tant et si bien que l'histoire devient cette fois secondaire. L'intrigue est simple. Terzi doit démanteler sur Milan un réseau de trafic d'héroïne commandité par un puissant et fort respectable industriel. Lors de son enquête, il recueille une jeune droguée dont il va prendre soin. Les trafiquants vont alors s'en prendre à son entourage, une initiative qui ne plait guère à Terzi plus décidé que jamais à les arrêter.
L'intrigue écrite par Dardano Sacchetti sert surtout à mettre en avant le personnage de Terzi autour duquel tout le film s'articule au détriment même de l'action. Les amateurs de courses-poursuites, de cascades en rafales et d'action échevelée seront cette fois déçus malgré quelques séquences de bravoure (la scène de l'ambulance). Stelvio Massi nous livre ici un film plutôt calme, presque ronflant, qui pourrait devenir assez vite ennuyant si ce n'était la justesse de l'interprétation et des dialogues mais également de la présence de Franco Gasparri. En fait, Mark il poliziotto dont Milan sert ici de toile de fond ne diffère guère des nombreux polizeschi sortis à cette époque. On y retrouve tous les défauts de la production d'alors notamment cette approximation parfois gênante au niveau du scénario. Massi n'est guère à l'aise lorsqu'il s'agit d'aborder certains sujets, ici la drogue, et reste trop superficiel tant au niveau social que psychologique. Le film perd ainsi de sa force d'autant plus que le personnage de Mark Terzi n'est guère crédible. On pourrait même dire que notre fameux Mark, un nom américain nous explique t-il car il a gagné ses galons en Amérique, est un des flics les moins crédibles que le genre nous est livré.
Si on fait fi de tout cela, Mark il poliziotto est un petit polar honnête, discret dans lequel Massi tente d'insuffler un brin d'humanité. L'histoire se laisse regarder avec un certain intérêt d'autant plus que le fil conducteur de l'enquête reste assez plausible. On y retrouve les principaux ingrédients dramatiques du genre même si Massi demeure sage et particulièrement mesuré. On aurait aimé un peu plus d'énergie, de punch pour ce polizescho qui lorgne vers le polar à l'américaine.
Quant au regretté Franco Gasparri, principale attraction du film, si ses talents de comédien sont des plus ordinaires, il se rattrape sur la l'éminente sympathie qui émane de son personnage. Ex-prince du roman-photo, sex-symbol de toute une génération, Gasparri, tragiquement disparu en 1999 après de longues années de calvaire suite à un accident de moto qui le laissa paraplégique, s'il illumine l'écran par sa seule présence manque sincèrement de personnalité renforçant ainsi l'aspect trop monodimensionnel de son personnage. C'est surtout ici l'aspect populaire de Terzi qu'on retiendra puisque comparé à Merli, Franco Nero, Luc Merenda ou Tomas Milian, Gasparri apparait bien plus insipide.
On appréciera la jolie partition musicale de Stevio Cipriani et une affiche fort intéressante dont Lee J. Cobbs en chef mafieux qui tire les ficelles dans l'ombre, le visage inoubliable de l'ex-boxeur Carlos Duran, Giampiero Albertini et Giorgio Albertizzi. La note féminine est cette fois assurée par la frêle Sara Sperati dans la peau d'une toxico-dépendante qui mourra d'une overdose, triste reflet de sa vie loin des caméras.
Sans être ni Castellari, ni Sergio Martino ni Umberto Lenzi, Stelvio Massi signe un petit polar discret, anodin diraient certains, simple mais distrayant. Voilà peut être l'essentiel mais on l'aurait surtout voulu beaucoup plus énergique. Il reste le plus faible de la trilogie.
Suite au succès inattendu que remporta le film en Italie, dû essentiellement à la présence de Franco Gasparri, le cinéaste mettra en chantier la même année le second volet des aventures de Terzi, Marc la gâchette puis l'année suivante l'ultime chapitre Agent très spécial 44.