Incontro d'amore a Bali
Autres titres: Incontro d'amore
Real: Ugo Liberatore
Année: 1970
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Umberto Orsini, Laura Antonelli, John Steiner, Petra Pauly, Ettore Manni, Johannes Schaaf, Ilona Staller, Lydiawati, Renato Spera, Carla Mancini, Fifi Young, Mila Kamilki...
Résumé: Carlo, un photographe, vient d'assassiner sa femme en la poignardant violemment après une dispute.Il se rend au commissariat et raconte à l'inspecteur les évènements qui l'ont conduit à cet acte désespéré qu'il regrette amèrement. Tout a débuté à Bali lorsque Carlo y rejoignit son ami ethnologue Glenn. Carlo y était parti dans l'intention d'écrire un livre sur les rites et coutumes locaux. Il découvre que Glenn, devenu polygame, est fasciné par un vieux sage qui a fait voeu de silence. L'ethnologue lui fait découvrir le mysticisme. C'est alors que Daria, la jeune épouse de Carlo, débarque sur l'île. Elle tombe alors amoureuse de Glenn et accepte de partager son lit avec ses deux autres concubines. Lentement les relations se dégradent. Glenn meurt. Ce n'est que le début d'une longue tragédie aux confins du mysticisme...
Après le succès inattendu au box office de Bora Bora, Ugo Liberatore, un des pères du mouvement exotico-érotique italien, se vit fortement sollicité par les producteurs. Grisé par le triomphe de son précédent film, Liberatore se voyait déjà être le nouvel Antonioni et perdit quelque peu le nord. Incontro d'amore a Bali est né dans cet état d'esprit sous la contrainte des producteurs. Le cinéaste était conscient qu'il devait réaliser un nouveau film à succès. La pression fut donc constante pour au final une oeuvre qui manque sincèrement d'envergure. Incontro d'amore a Bali fut un énorme échec. Il faut savoir que le film sortit une première fois mais dans deux villes uniquement. Il fut alors remonté par Alfredo Bini, redoublé, Paolino Heusch tourna de nouvelles scènes avec Umberto Orsini, le prologue et l'épilogue du film en fait, y rajouta beaucoup plus d'érotisme par le biais de scènes tournées avec des doublures, et le film ressortit dans tout le pays cette fois sous le titre Incontro d'amore rencontrant un petit succès d'estime. C'est cette version du film que l'on connait aujourd'hui.
Ce deuxième film de Liberatore suit les traces de Bora Bora en plongeant le spectateur dans un univers paradisiaque, un monde exotique propre au rêve et au fantasme, ce monde où s'est réfugié un ethnologue, Glenn, afin d'y trouver les réponses à la crise existentielle qu'il traverse. Il est rejoint par son ami photographe Carlo qui de son coté tente d'écrire un livre sur les coutumes et rites religieux locaux. Glenn est sous la totale fascination d'un vieux sage, un vieil autochtone qui a fait voeu de silence jusqu'à sa mort. Il semble avoir lié son destin au sien. Lorsque la jeune et ravissante épouse de Carlo, Daria, les rejoint a Bali, tout va alors lentement s'effondrer pour les deux hommes. Daria tombe amoureuse de Glenn jusqu'à partager son lit avec ses deux autres concubines, deux indigènes avec qui il vit. A Bali, la polygamie est courante. La situation va doucement dégénérer et conduire vers un
drame inéluctable. Cette nouvelle version de Incontro d'amore a Bali est montée en un long flash-back. Le film s'ouvre de façon plutôt brutale sur une violente dispute entre Daria et Carlo dans leur appartement de Rome. Carlo poignarde alors la jeune femme qui s'effondre. Le photographe va se dénoncer à la police. Commence alors le récit des faits qui ont conduit à cette tragédie dont l'origine prend naissance à Bali. On suit alors les évènements qui ont mené Carlo à ce geste fatal une fois de retour en Italie. Incontro d'amore n'est jamais qu'un nouvel essai philosophico-mystique, la mise en image de cette traditionnelle crise existentielle de l'occidental incarnée ici par Glenn parti dans ces paradis pour y puiser les réponses aux questions et doutes cachés au plus profond de l'âme, trouver un certain bonheur, l'amour à travers le mysticisme, la magie et la beauté de ces îles tropicales. Malheureusement cette fois Liberatore n'a pas réellement su retrouver la force de Bora Bora.
Souffrant de ce remontage inopiné, le scénario manque visiblement de clarté. Il tente avec une certaine maladresse de montrer les pouvoirs et les dangers des religions orientales sur l'homme occidental plus spécialement sur les plus faibles mais ce qu'on retient essentiellement ici c'est qu'elles mènent inéluctablement vers le suicide voire le suicide en masse afin d'éviter à l'homme de trop réfléchir, de se perdre en bon nombre de réflexions peut être trop lucides. Si cela n'est pas entièrement faux, c'est peut être un peu trop radical et le film en pâtit. Il aurait fallu un peu plus de souplesse dans le propos d'autant plus que les dialogues qui tentent de renouer avec ceux de Bora Bora sont certes pas toujours très subtils mais suffisamment intelligents pour rendre crédible l'intrigue. En ce sens le final, inattendu, risque de surprendre voire de décevoir en plongeant le spectateur dans un monde aux limites du fantastique. Si cela reste crédible, cette conclusion qui va contre toute rationalité arrive peut être trop brusquement trahissant les remaniements du
scénario. Le défaut majeur du film reste cependant une mise en scène un peu trop plate, un manque d'énergie et surtout d'intensité dramatique. C'est d'autant plus navrant que Liberatore en voulant auteuriser son film semble avoir oublier qu'avant tout il appartenait au filon érotique. Incontro d'amore a Bali souffre d'un cruel manque d'érotisme et de scènes sexy, une erreur qu'a quelque peu rattrapé Heusch en pimentant les quelques séquences érotiques disséminées ça et là et d'autre part en tournant de nouvelles séquences en utilisant desdoublures d'où l'apparition en fin de bande d'une toute jeune Ilona Staller créditée sous le nom de Elena Mercury. Voilà qui est fort dommage au vu de la beauté de l'île propice aux fantasmes les plus humides.
Malgré ses défauts, Incontro d'amore dont un des quatre scénaristes n'est autre que Pier Giuseppe Mulargia, futur réalisateur d'un des plus audacieux et scandaleux films d'exploitation transalpins, l'extraordinaire Maladolescenza, est loin d'être un mauvais film. On restera admiratif face aux splendides décors naturels de Bali, ces paysages tropicaux fascinants, sublimés par la photographie de
Angelo Lotti. On saluera la très belle musique de Giorgio Gaslini et une interprétation très juste de Umberto Orsini, excellent dans la peau de Carlo. A ses cotés, John Steiner est égal à lui même tandis que Laura Antonelli qui n'était pas encore la sexy diva du cinéma italien, alors à ses débuts, est étonnante de naturel. L'amateur appréciera également la violence de certaines scènes et l'oeil par moment voyeur et complaisant de la caméra au détour de quelques plans notamment la crémation qui ouvre le voyage de Carlo qui rappelle les excès du mondo (l'insistance à montrer le corps brûler et les chairs fondre et se carboniser).
S'il n'a rien d'exceptionnel, s'il reste décevant comparé au précédent film du cinéaste et à d'autres oeuvres du même acabit dont le dramatique La preda, ce second essai de Liberatore demeure tout de même un film tropical esthétiquement enchanteur, scénaristiquement intéressant et suffisamment attractif pour retenir l'attention du spectateur. Il serait cependant intéressant d'en découvrir la version originelle.