Lost encounters
Autres titres:
Real: Arthur J. Bressan
Année: 1974
Origine: USA
Genre: X
Durée: 33mn
Acteurs: Robert Adams, Arthur J. Bressan, Rovert Camagey, Eddie Cadena, Grant Ditzler, Patrick Lee, Darren Mascall...
Résumé: Un jeune garçon aimerait découvrir les plaisirs de la sexualité masculine. Il joue les voyeurs dans une cabine de Peeping Tom afin de découvrir ce qui l'excite le plus puis il rentre chez lui et se masturbe, heureux. Un projectionniste de cinéma porno, seul dans sa cabine, lit les annonces spécialisées afin de passer un bon moment avec un homme. A la fin du film, il va au sauna puis il se poste le long d'une avenue parmi d'autres hommes qui tous attendent celui avec qui ils passeront un moment. L'homme accoste un beau jeune homme qui l'invite dans sa chambre. Ils font l'amour...
Ce qu'il faut avant tout signaler c'est que Lost encounters était au départ un long métrage longtemps considéré perdu intitulé Passing strangers mis en scène en 1974 par Arthur J. Bressan. Les scènes retrouvées il y a quelques années ont été remontées et agencées pour cette édition de telle façon qu'elles donnent l'illusion d'un embryon d'intrigue. Ces 33 petites minutes donnent un aperçu fort alléchant de ce que pouvait être Passing strangers dont une édition vidéo américaine a été depuis miraculeusement retrouvée. Le Maniaco se fera une joie d'en faire la chronique une fois la bande entre ses mains.
Tourné en 16mm en noir et blanc, Lost encounters met en parallèle la journée de deux hommes, un jeune garçon qui souhaiterait s'initier aux plaisirs de la sexualité masculine et un projectionniste de cinéma porno qui cherche à rencontrer un autre homme, un bel inconnu en quête de sexe, afin de prendre du bon temps. S'ensuit un film étrange, fascinant, proche du surréalisme, quasi expérimental. Dénué de tout dialogue, le film est rythmé par une bande musicale inquiétante aussi lancinante qu'obsédante où se mêle le bruit régulier du projecteur. Elle parvient très rapidement à créer une véritable atmosphère fantasmatique, hypnotique, presque surréaliste propre à créer le désir.
La première partie du film s'attache à décrire l'initiation à la sexualité masculine d'un bel adolescent qui se cherche, tente de découvrir ce qui dans l'homosexualité l'excite le plus, quelles pratiques enflammeraient le plus ses sens. C'est à une véritable découverte à laquelle on assiste alors, un baptême des sens, qui fait de Lost encounters un "coming out of age movie" merveilleusement troublant où les scènes et les images s'enchainent, se superposent en un véritable kaléidoscope orgasmique fait de chairs qui se frottent et se pétrissent avec fureur, de fellations et de sodomies, belles et obscènes. Voyeur, le jeune garçon curieux, les observe, son oeil, telle une caméra indiscrète perdue dans le néant, fixé
sur ces corps enlacés, imbriqués l'un dans l'autre qui se reflètent dans ses pupilles, devient notre espion, son désir grandissant accroit le nôtre. De retour chez lui, il se met à l'aise puis se masturbe, allègre, fort de son initiation tandis qu'une foule d'hommes nus l'acclament lors d'une folle sarabande où tout le monde saute à l'unisson au milieu de bulles de savon, heureux semble t-il qu'il ait enfin découvert sa voie. Les réjouissances se termineront dans une magnifique éjaculation, véritable éruption de sperme qui jaillit tel un geyser de ce membre gonflé par l'extase lors d'un superbe ralenti quasi céleste qui n'est pas sans rappeler ceux de Derrière la porte verte.
La deuxième partie, plus classique mais tout aussi somptueuse, nous fait descendre dans la rue, le long d'une avenue où les hommes s'observent, se dévisagent, détaillent ces jeunes inconnus qui passent, adossés à un mur, à un réverbère tout en arpentant le trottoir, tous à la recherche d'un bon moment à passer. C'est la chasse à l'homme, jeune de préférence, cet énorme microcosme du désir interdit fait d'un incessant manège propre aux grandes métropoles, la quête de ce sacré Graal, qu'on repère, qu'on accoste avant de partir ensemble pour un voyage au coeur de cette extase certes éphémère mais tant attendue, ces rencontres d'une heure qui donnent au film son titre. L'homme aborde un jeune éphèbe qui l'invite dans sa chambre. Ils vont faire l'amour avec passion enchainant fellations, sodomies et analingus pour notre plus grand bonheur. En rentrant chez lui, l'homme découvre une lettre. Le garçon enfin initié vient de lui écrire par l'intermédiaire du journal qu'il lisait dans sa cabine. La boucle est ainsi bouclée.
Lost encounters n'est jamais que 33 trop courtes minutes d'un régal visuel, un véritable éveil à la beauté des amours masculines filmé de façon quasi documentaire, étrange, presque irréelle, d'où suinte une joie de vivre ostentatoire. Même sous sa forme pornographique, la sexualité masculine, source de bonheur, y est montrée comme belle, envoûtante, un long et joli rêve auquel on donne vie après avoir trouvé sa voie. Cette explosion des sens devrait de plus ravir tous ceux qui d'une part vénèrent les années 70 et sont en adoration devant la beauté de jeunes garçons aux cheveux longs, au corps longiligne, ces demi-dieux "woodstockiens" à l'entre-jambe boulimique, tout en jean pattes d'éph' qu'ils perdent bien vite pour se laisser langoureusement aller à de coupables ébats. A découvrir de toute urgence afin de réveiller la sève qui lentement sort de sa torpeur à l'approche d'un printemps plus si lointain!