Porci con le ali
Autres titres: Si les porcs avaient des ailes / Pigs have wings
Real: Paolo Pietrangeli
Année: 1977
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 102mn
Acteurs: Lou Castel, Susanna Javicoli, Franco Bianchi, Benedetta Fantoli, Marco Lucantoni, Cristiana Mancinelli, Anna Nogara...
Résumé: Rome, mai 70. Antonia et Rocco sont lycéens. Ils se sont rencontrés lors d'une manifestation politique et partagent les mêmes idéaux révolutionnaires et rejettent le carcan parental. Ensemble dans ce contexte chaotique ils vont aussi découvrir la sexualité. Mais très vite après de multiples essais dont l'homosexualité, leur relation rentre en crise. Dans ce chaos tant social que personnel, ils décident de se séparer et de continuer leur route chacun de leur coté...
Réalisé en 1977 par le scénariste acteur compositeur metteur en scène Paolo Pietrangeli Porci con le ali est l'adaptation cinématographique du roman de Lidia Rivera et Marco Lombardo Radice qui fut censuré à sa sortie en Italie dans lequel les auteurs mélent sans tabou et avec un réalisme déconcertant sexe et jeunesse.
Le film de Paolo Pietrangeli est la triste peinture d'une génération post soixante-huitarde, de ses illusions perdues, ses déceptions, une génération coincée entre ses rêves et la réalité, ses contradictions, impuissante face à ce monde dans lequel elle rentre. Ces porcs, ce sont ces jeunes italiens, ces étudiants qui vivent à travers le sexe, les ailes ce qui les mènent vers leurs rêves et espoirs. Cette impuissance, ces contradictions, ces désirs, le réalisateur choisit de les symboliser par le sexe dans une succession de scènes plus osées les unes que les autres agrémentées de dialogues crus et obscènes qui pourront parfois choquer.
Le film s'ouvre sur une suite de mots injurieux et grossiers prononcés dans l'obscurité totale par une lycéenne, Antonia, alors qu'elle se masturbe sans parvenir à se donner du plaisir. On suit alors sa vie au quotidien. Antonia aime draguer dans la rue les hommes les plus insolites, elle assiste à des réunions où avec ses amies elles évoquent de façon indécentes leurs problèmes sexuels. Rocco lui aussi lycéen a les mêmes soucis. Il aime se masturber après avoir assisté à des discours politiques communistes avant d'enregistrer sur bandes ses confessions intimes et frustrations sexuelles. Rocco et Antonia sont le fil conducteur du film dont le sexe en est l'essence même s'il est aussi un long discours politique qui prône le gauchisme.
Tous ces étudiants sont des militants. La politique se mélange à la sexualité qui symbolise alors tous les travers d'une Italie pourrissante. Dans ce chaos politique et social, Rocco et Antonia tombent alors amoureux et découvrent leur sexualité. Leur relation est faite de jeux érotiques où chacun se cherche et se perd dans ses désirs et refus. Ils cherchent la liberté sexuelle absolue et les plaisirs interdits symbolisés ici par la sodomie mais Antonia et Rocco à l'image de leur génération sont coincés entre cette liberté et le fait de vouloir suivre le modèle du couple traditionnel. C'est alors l'explosion et le choc de ces valeurs opposées qui va les mener à se haïr. Débute alors pour eux leur chute libre dans leur quête d'identité.
Antonia découvre l'homosexualité avec une amie alors que Rocco se perd dans une relation ambigüe avec Marcello, un intello plus vieux que lui en qui il cherche un père, un ami, un confident, un amant. Rocco souffre, s'égare. Les relations sont toutes faussées à l'image de la société.
Antonia et Rocco s'auto-détruisent, se tuent dans leur haine réciproque et la culpabilité. Antonia finira par faire l'amour avec Marcello devant toute une foule de lycéens qui scandent des propos aussi philosophiques qu'obscènes tandis que Rocco se donne en aparté à un camarade. Alors qu'il lui embrasse le sexe Rocco se ressaisit et part retrouver une amie dans sa salle de bain. La jeune fille va le plus naturellement du monde le masturber tout en déblatérant un long discours sur l'impuissance. Le film se clôture sur l'image du sexe mou de Rocco, incapable de trouver du plaisir, symbole cru et terrible qui résume tout le propos du film et la détresse de cette jeunesse.
On reprochera à cette adaptation son coté trop bavard mais Si les porcs avaient des ailes vaut surtout pour son contexte socio-politique. Voilà un film vrai même si l'idéologie qu'il véhicule est souvent douteuse et surtout vaine. Le réalisateur anéantit toutes les valeurs familiales, crucifie le communisme. Constat impitoyable, désabusé, pessimiste sur la jeunesse italienne égarée, voilà une oeuvre peut être ennuyeuse et bien en dessous du roman dont on retiendra le coté cru, obscène et choquant qui écorchera les oreilles trop chastes.
Malgré son sujet qui pouvait donner lieu à certains débordements, le film demeure sage au niveau de son contenu sexuel. si on excepte quelques nus frontaux tant féminins que masculins, quelques séquences d'accouplement ou de masturbation le plus souvent suggérées hormis celle, très belle, qui clôt le film, on est ici loin des excès auquel le cinéma italien nous avait habitué.
L'interprétation est des plus correcte. Franco Bianchi dans le rôle de Marco semble droit sorti d'une oeuvre pasolinienne, Cristiana Mancinelli, fille d'Elsa martinelli, sensuelle et sauvage, est une superbe Christiana. A leurs cotés on retrouvera Lou Castel dans la peau d'un intello homosexuel ainsi que Susanna Javicoli dont on se souviendra encore longtemps la mort dans Suspiria l'année suivante. On reconnaitra également Marco Lucantoni, le jeune homme fusillé lors de l'ouverture de Salo.