La bella Antonia prima monica e poi dimonia
Autres titres: Naughty nun
Real: Mariano Laurenti
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Décamérotique
Durée: 79mn
Acteurs: Edwige Fenech, Piero Focaccia, Riccardo Garrone, Giovanni Piccolomini, Dada Gallotti, Elio Crovetto, Luciana Turina, Carla Mancini, Renato Cecilia, Romano Malaspina, Umberto D'Orsi, Domenico Mincaglia, Tiberio Murgia, Josiane Tanzilli, Sandro Dori, Gianni Pulone, Malisa Longo, Lucretia Love, Fortunato Arena...
Résumé: Au grand dam de sa mère, la jeune Antonia décide de se retirer au couvent après que son père ait refusé qu'elle épouse Giovanni, son amant. Le couvent est bien heureusement plus proche d'un bordel que d'un lieu pieu puisque les soeurs s'y adonnent aux plaisirs charnels avec les frères venus d'autres monastères. Giovanni, travesti, pénètre dans le couvent et y rejoint Antonia. La supercherie découverte, le père d'Antonia conçoit à ce que sa fille épouse son amant. Le jour même de ses noces, la jeune fille se dévergonde et part à la conquête d'autres hommes...
Futur grand spécialiste de la sexy comédie italienne, Mariano Laurenti signa en 1972 alors que le genre était en plein essor sa première décamérotique inspirée des écrits de Piero Aretino quelques temps avant son coup de maître que sera Quel gran pezzo dell'ubalda tutta nuda tutta calda.
La bella Antonia prima monica e poi dimonia n'a en fait d'intéressant hormis son fabuleux titre que sa chanson, cette ode aux sous vêtements, mélodique et entrainante, qui vous trotte en tête et vous du baume au coeur. Pour le reste cette décamérotique tout à fait évitable fait malheureusement partie des plus anodines que le genre nous ait donné. D'une part le film souffre de la faiblesse de son scénario, de la pauvreté des décors et de la narration. Plus proche de la bouffonnerie en costumes que de la véritable décamérotique, le film de Laurenti repose essentiellement sur deux éléments: le travestissement (les hommes déguisés en soeurs, le compagnon déguisé en femme) et les trompe-l'oeil (l'homme-mannequin, l'homme-arbre) et l'utilisation des sous vêtements comme principal moteur des jeux sexuels, peu importe qu'ils dissimulent un pénis ou un vagin. Voilà qui est bien peu d'autant plus que l'histoire dont Antonia n'est pas vraiment la principale héroïne n'est guère passionnante.
D'autre part, l'amateur risque d'être particulièrement frustré par la quasi absence de nudité, un des éléments fondamentaux du genre pourtant. Laurenti semble s'être lui même auto-censuré puisque La bella Antonia... est dépourvu de toute réelle séquence de nu. On se contentera seulement de quelques poitrines dénudées un sein et quelques fessiers féminins. On suggère beaucoup, on évoque mais on ne montre pas vraiment, les corps disparaissent au profit du fameux sous vêtement, clé de l'érotisme ici. Et si on décide de montrer, on cache pudiquement la nudité sous un voile certes transparent ou par quelque objet fort bien placé.
Cette quasi absence de nudité, cette fausse pudeur hypocrite, semble aller de pair avec l'absence d'une réelle mise en scène, lente, peu imaginative, par instant poussive. Il manque au film cette verve, ce ludisme propre au genre, cette envolée de bonne humeur paillarde qui en faisait une des principales forces. Bien peu amusant, La bella Antonia... ne parvient pas vraiment à distraire encore moins à divertir.
En outre Laurenti donne l'impression par moment ne plus trop savoir où aller, comment progresser dans cette histoire décousue où les idées ne sont pas forcément toutes liées entre elles.
C'est assez mitigé que le spectateur sort donc de la vision de La bella Antonia... Il ne lui restera en mémoire que la présence de Edwige Fenech dans la peau de Antonia, une Edwige bien sage qui ne donne guère l'impression de s'amuser, de Malisa Longo ici mémorable dans le rôle d'une superbe aubergiste frivole et joviale qui découvre avec émerveillement le port du sous-vêtement et de Lucretia Love drôle et piquante qui interprète la mère de Antonia. On retiendra quelques scènes plutôt agréables (la visite des chambres du couvent et les commentaires salaces de Riccardo Garrone, la bucolique scène d'amour entre Josiane Tanzilli et Piero Focaccia...), les superbes costumes, quelques dialogues qui parviennent à arracher un sourire et la jolie chanson du film. Voilà qui est trop peu.
Mariano Laurenti se rattrapera fort heureusement quelques mois plus tard avec Quel gran pezzo dell'ubalda... devenu quant à lui un classique du genre, une jolie référence pour tous les amateurs de décamérotique.