Le verita secondo Satana
Autres titres:
Real: Renato Polselli
Année: 1969
Origine: Italie
Genre: Drame / Horreur
Durée: 85mn
Acteurs: Rita Calderoni, Isarco Ravaioli, Marcello Bonini, Marie Paule Bastin, Lorenzo Piani, Liberaia Trivaioli, Sergio Ammiraia, Gino Donaio, Antonio Zambito, Stefano Oppedisano...
Résumé: Diana, une jeune comtesse libertine, se rend chez son amant, un écrivain . Après qu'il ait tenté de la vilenter, Diana le tue accidentellement. Alors qu'elle tente de cacher le corps, un témoin, Roberto, l'interrompt et se propose à l'aider. réticente mais paniquée, Diana accepte l'aide de l'homme. Un étange huis-clos commence alors. Roberto entre deux longs discours philosophiques essaie de mettre Diana à ses ordres. Dans un climat psychédélique, leur relation se fait de plus en plus tendue alors que Diana souffre d'hallucinations. Elle voit son amant bien vivant venir la persécuter. Mais sont ce bien des hallucinations ou l'arrivée inopportune de Roberto cacherait elle certaines choses bien plus diaboliques?
La vision d'un film de Renato Polselli est toujours une véritable expérience tant son cinéma semble être à part dans le monde de l'exploitation italienne. On l'aime ou on le déteste, ce n'est pas La verita secondo Satana qui changera la donne.
Tourné en 1969 mais tardivement sorti en 1972, La verita secondo Satana est un étrange kaléidoscope d'images psychédéliques censé raconter une sorte de conte pseudo-philosophique comme seul le réalisateur savait en mettre en scène. Sexe, contestation, délires hallucinatoires, relations dominant/dominé, recherche de la vérité absolue, tous les ingrédients du cinéma polsellien sont présents. Malheureusement, sans queue ni tête, son histoire sombre très vite dans l'absurde en se perdant dans les méandres d'un mysticisme de pacotille. Le film rappelle fortement les fameux "fumetti", ces bandes dessinées pour adultes typiquement italiennes, ce qui en soi n'est pas un problème. Mais égaré dans une philosophie de basse-cour très représentative du début des années 70 nourrie par le fameux triptyque sexe drogue and rock'n'roll, le spectateur perd vite le fil de l'intrigue pour ne plus arrêter de soupirer souvent d'ennui ou d'irritation.
Polselli persévère dans l'étude du comportement humain, il continue à chercher la Vérité au sens le plus cru du terme avec ce coté profondément sarcastique et cette ironie souvent extrême qui caractérise son cinéma. Si une fois de plus, ses recherches n'aboutiront à rien Polselli frise par contre cette fois les limites de la farce grotesque, le ridicule l'emporte et le personnage qu'interprète Isarco Ravaioli, sorte de métaphore vivante, devient vite insupportable. Sorte de bouffon sous acides déguisé en oiseau dont il adopte le langage en alignant bêtement les "cui-cui" à tout bout de phrase, se gavant d'omelettes entre deux sermons philosophiques, il tue le peu d'intérêt qu'avait le film, ses déferlements d'images horrifico-macabres et ses scènes d'hallucination sous LSD ou non. Si on pourra s'en délecter, elles sont malheureusement noyées dans des flots de dialogues assommants récités sans aucune démesure par les deux protagonistes.
Flashy, multicolore, soutenu par une partition musicale psychédélique plutôt agressive, La verita seconda Satana est un huis-clos entre deux personnages, une jeune comtesse libertine qui vient d'assassiner son écrivain de fiancé, et le témoin de la scène qui devient non seulement sa conscience mais également une sorte de maître. Si les scènes d'horreur sont assez percutantes, on pourra regretter un érotisme trop léger. Si on se contera de quelques plans de corps nus et peints, l'héroïne quant à elle ne quitte jamais sa petite culotte même sous la douche et se contente d'être seins nus. Comment donc ne pas profiter d'une scène saphique entre la comtesse et sa jeune amante de couleur lors d'une séance de flagellation hystérique assez sympathique!
Le final surprendra beaucoup puisque après une interminable séquence de jerk orgiaque endiablé, le film vire au giallo dans la plus pure tradition du thriller à la Lenzi avec son diabolique complot. Bien peu crédible dans ce contexte particulier, cette conclusion achève de faire sombrer le film dans le grotesque.
Muse du réalisateur, Rita Calderoni, cheveux courts, traverse le film d'un bout à l'autre en se contentant de rouler des yeux de merlans frits aux cotés de Isarco Ravaioli, survolté. Malgré la présence de l'exotique Marie Paule Bastin, Rita demeure la force érotique du film dont l'ambiguité du visage renforce le trouble. On regrettera que son jeu de comédienne ne soit pas à la hauteur de sa plastique.
Ceux qui au départ sont assez hermétiques au cinéma de Polselli auront comme d'accoutumée beaucoup de mal avec La verita secondo Satana à moins d'être sensible aux ambiances psychédéliques fortement estampillées années 70. Les autres devraient apprécier cet effort pseudo-philosophique.