La notte dei fiori
Autres titres: Night of the flowers
Real: Gian Vittorio Baldi
Année: 1972
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 83mn
Acteurs: Macha Meril, Jurgen Drews, Dominique Sanda, Hiram Keller, Micaela Pignatelli, Giorgio Maulini...
Résumé: Jurgen et Macha, deux hippies, vagabondent à travers champs. Elle est enceinte et sur le point d'accoucher. Pour la calmer, il lui raconte une histoire supposée de se dérouler dans une villa proche. Quatre jeunes riches décadents s'y sont retrouvés: une chanteuse pop, son compositeur, son agent et une mage afin d'y vivre une nuit de total hédonisme où liberté sexuelle et amoralité se conjuguent. La présence du cadavre du jardinier va transformer cette nuit en une nuit inquiètante puisque l'un d'entre eux est forcément le meurtrier...
Réalisé en 1972 mais sorti en semi-clandestinité sur les écrans italiens en 1979, La notte dei fiori fait partie de ces films étranges et maudit dont on sait bien peu de choses et qui se rapprochent d'un certain cinéma surréaliste particulièrement estampillé années 70.
La notte dei fiori se scindent en deux parties. la première, récitée en anglais, se concentre sur deux personnages, un couple de hippie dont la femme est enceinte. Le long des routes, en quête d'une voiture qui voudrait bien les prendre à son bord, ils errent, guitare en bandoulière, explorant la beauté de la nature. Fatigués, ils s'arrêtent et pour apaiser sa compagne, l'homme lui raconte une histoire censée se dérouler dans une maison toute proche. Ainsi débute la deuxième partie du film.
S'ouvrant sur une mystérieuse citation "Si le monde pouvait s'acheter seuls les riches auraient des enfants" cette première partie est toute empreinte d'une philosophie utopiste très post soixante- huitarde faite d'un romantisme de pacotille et d'espoirs illusoires quant à l'avènement tant d'un monde que d'un tout nouveau style de vie. Plutôt courte elle laisse assez vite la place à la seconde partie du film, plus intéressante mais totalement différente de cette ouverture puisque La notte dei fiori se transforme lentement en un thriller inquiétant aux limites parfois du fantastique.
Baldi nous plonge au coeur d'une villa où se sont regroupés le temps d'une nuit quatre riches décadents, une vedette de la pop et ses trois amis, un homosexuel excentrique qui lui sert d'agent, un jeune dandy responsable de ses compositions et une mage. Un cinquième personnage est au coeur de l'intrigue, un cadavre, celui du jardinier, qui git dans la serre. Reste à savoir qui des quatre protagonistes a tué cette ombre.
La notte dei fiori risque d'en dérouter plus d'un. Particulièrement bavard le film est une forme d'ode à l'hédonisme et ses limites si jamais limites il y avait et si la mort en était une.
Durant cette nuit, les quatre personnages de Baldi vont s'affronter, s'exciter sexuellement lors de jeux dont l'humiliation fait partie toujours sous les remarques souvent acides de l'homosexuel alors que la tension monte graduellement quant à savoir qui d'eux quatre est l'assassin.
C'est dans une ambiance de liberté sexuelle étonnante d'où toute morale est absente, Baldi signe là une sorte de fable noire, morbide et baroque, un giallo métaphysique proche du rêve. La grande force du film est d'une part sa beauté visuelle, sa magnifique photographie aux dominantes or et rouge qui sublime cette luxueuse villa, sa partition musicale avant-gardiste signée Peppino De Luca faite de sons expérimentaux, de souffles et de chants étranges qui plonge le spectateur au coeur d'un univers inquiétant qui prendra toute sa dimension lors du final, proche du film d'horreur. L'autre grande force du film est la fluidité de sa mise en scène, veloutée, d'où naît cette atmosphère de morbidité constante.
La notte dei fiori s'approche d'un certain expérimental tant visuel que sonore où les personnages cette fois laissent une grande part à l'émotion. C'est à travers elle que Baldi nous les présente, les fait évoluer jusqu'à l'explosion macabre finale qui repose en grande partie sur leur cruauté psychologique.
Le film se conclut sur le retour des deux hippies toujours en quête d'une voiture lorsque la jeune femme accouchera enfin au bord de la route ce qui permet à Baldi de filmer un vagin entrain de se s'ouvrir pour laisser passer la tête ensanglantée du nouveau-né dans ce que l'évènement a de plus clinique. Une première semble t-il dans l'histoire du cinéma de genre transalpin.
La notte dei fiori bénéficie en outre d'une jolie et élégante interprétation avec en tête Dominique Sanda, absolument superbe et le toujours aussi divin Hiram Keller qui nous gratifie de quelques plans de nus dorsaux. A leurs cotés Micaela Pignatelli qu'on put revoir par la suite dans bon nombre de films dont La mort au large, Sanctuaire ou The cardplayer, Giorgio Maulini et plus étonnant Macha Méril dans le rôle de la jeune hippie enceinte dont l'allemand Jurgen Drews (Je suis vivant!, Quando le donne si chiamavano Madonne, La polizia ringrazia) prend soin.
Fable avant tout psychédélique, onirique, inquiètante, morbide aux couleurs chaudes, La notte dei fiori s'il n'est pas un chef d'oeuvre mérite toute l'attention du spectateur amateur de ce type de films aux limites de l'expérimental afin qu'il se fasse sa propre opinion. S'il peut paraître ennuyant, il se doit d'être vu au moins une fois.