Il medaglione insanguinato
Autres titres: Emilie l'enfant des ténèbres / The cursed medalion / Night child / Perché?
Real: Massimo Dallamano
Année: 1974
Origine: Italie
Genre: Fantastique / Drame
Durée: 87mn
Acteurs: Richard Johnson, Nicoletta Elmi, Joanna Cassidy, Lila Kedrova, Ida Galli, Edmund Purdom, Riccardo Garrone...
Résumé: Michael Williams doit réaliser une serie sur les peintres inspirés par le Diable. En compagnie de sa fille Emilie, il se rend chez la comtesse Capelli qui possède une toile essentielle au tournage. Le tableau maudit représente une femme tourbillonant dans les flammes sous les yeux d'une fillette. Cette fillette porte au cou le même médaillon que celui d'Emilie, bijou que lui a offert son père auquel elle voue un amour maladif et obsessionel...
Succédané de films tels que L'exorciste et The omen très à la mode alors, le film de Massimo Dallamano réalisé en 1977 mais sorti en France tardivement en 1979 n'est pourtant pas vraiment un film de possession au sens propre du terme.
Dallamano joue essentiellement ici sur l'aspect psychanalytique de l'histoire et met en exergue l'attachement obsessionnel et exclusif d'Emilie, une adolescente névrosée, pour son père. A travers lui elle vit ses peurs, ses fantasmes, ses tourments.
Elle s'attribue alors le droit de vie et de mort sur toutes les femmes qui pourraient lui voler ce père adoré, Homme unique. Ainsi sa mère sera brulée vive, la gouvernante disloquée lors d'une chute. Seule la maîtresse réchappera au carnage.
A coté de cette névrose classique, Dallamano développe un aspect plus fantastique, un cas de possession cette fois plus classique par le biais d'un tableau ancestral maudit qui représente un démon surplombant une femme qui tourbillonne dans les flammes sous les yeux d'une enfant portant le même médaillon que celui que la mère d'Emilie portait lorsqu'elle s'est suicidée.
L'enfant a hérité du médaillon désormais symbole de culpabilité et de souffrance.
Quand on découvre que l'enfant du tableau s'appelait Emilia le lien avec Emilie est évident. Emilia n'est en fait que le double maléfique d'Emilie et le tableau, le miroir négatif de son être et de ses actes. Emilia est un double qui la hante, l'obsède mais le malheur pour l'adolescente c'est qu'elle est pleinement consciente de ses agissements et souffre d'autant plus, prisonnière d'elle même et de ses tourments.
Dallamano nous livre donc là une belle et tragique histoire, celle d'une adolescente névrosée prisonnière de ses démons rongée par l'amour oedipien porté à un père dépassé par les événements. Si la mise en scène n'a rien d'extraordinaire, parfois un peu trop lente et monotone, il en surgit pourtant ça et là quelques éclairs de génie notamment lors de la scène entre l'adolescente et les statues dans le parc et le superbe final où la mort est ici une délivrance, à la fois dramatique et émouvant, qui verra en quelque sorte le triomphe d'Emilie. On regrettera un scénario parfois un peu trop incohérent qui semble échapper à la logique surtout prétexte à accumuler les scènes choc ou susceptibles d'engendrer une certaine frayeur sans que la moindre goutte de sang ne soit jamais versée.
Nonobstant ses défauts, Emilie l'enfant des ténèbres est un bon film d'horreur, plutôt discret, aux réminescences gothiques fort agréables qui rappelle par instant les oeuvres de Bava et même celles d'Argento. Tourné en Umbria, dans un superbe château, Emilie l'enfant des ténèbres bénéficie d'une magnifique photographie aux dominantes rouges, d'une très belle partition musicale signée Stelvio Cipriani et surtout d'une interprétation toujours aussi inquiétante de la petite Nicoletta Elmi, incarnation rêvée de l'enfant diabolique du cinéma d'horreur transalpin d'alors, dans le rôle titre. A ses cotés on regrettera la piètre prestation de
Richard Johnson un peu trop inexpressif dont l'histoire d'amour avec Joanna Cassidy est un peu trop ennuyeuse. Evelyn Stewart alias Ida Galli et Lila Kedrova, toute blonde, offrent quant à elles une jolie performance, parfois angoissante.
Emilie l'enfant des ténèbres n'est certes pas un chef d'oeuvre du genre mais son étrange atmosphère, la beauté de ses décors et de ses lumières, l'angoisse sourde qui s'en dégage et la formidable interprétation de Nicoletta font de ce film une oeuvre plaisante qui mérite l'attention du spectateur féru de possession et autre diabolisme.