Boys in the sand
Autres titres:
Real: Wakefield Poole
Année: 1970
Origine: USA
Genre: X
Durée: 73mn
Acteurs: Casey Donovan, Peter Schneckenburger, Tommy Moore, Danny Di Cioccio...
Résumé: Casey se promène le long de la plage. Il se dévêt lorsque surgit de l'océan un bel adonis. Les deux hommes vont alors s'ébattre et s'aimer avant que cette Vénus bien particulière ne disparaisse. Casey va dans un deuxième temps recevoir un étrange petit paquet contenant une pilule magique. Jetée dans l'eau de la piscine, elle fait surgir de l'eau azur l'amant de Casey qui va lui faire sauvagement l'amour. Enfin Casey se réveille et aperçoit un ouvrier de couleur longer les abords de son chalet. Etourdi par l'homme, Casey se met à fantasmer. Il l'imagine avec lui dans son chalet lorsque le rêve devient réalité...
Pionnier du film porno gay, Wakefield Poole demeure aujourd'hui encore un réalisateur phare du mouvement tant par l'originalité du personnage lui même que de l'imagerie homosexuelle qu'il développa alors à travers ses oeuvres. Danseur, chorégraphe, chanteur, Poole, né en 1936, avoue sans complexe qu'il eut ses premières expériences homosexuelles alors qu'il n'était qu'un adolescent pré-pubère ce qui le précipita très vite dans le monde des adultes. S'il débuta sa carrière d'artiste à Broadway peu de temps plus tard, c'est à l'aube des années 70 qu'il se mit à la réalisation. Très libre quant à son homosexualité et la sexualité en générale, ses oeuvres vont respirer cette liberté tout en mettant en avant une imagerie gay très moderne qui si par certains aspects peut paraitre aujourd'hui un brin datée n'a justement rien perdu de cette étonnante modernité, cette surprenante fraicheur.
Boys in the sand fut sa première réalisation, un film qui demeure une référence dans l'histoire du cinéma porno gay puisqu'il fut non seulement un des premiers du genre mais également un de deux qui fut le plus acclamé lors de sa sortie.
Boys in the sand se scinde en trois parties dont le point commun est d'avoir été réalisées dans les décors naturels de rêve des îles Fire island au sud de Long Island. Les trois parties sont une sorte d'ode à l'homo-érotisme mais également au sexe masculin dans toute sa splendeur, le mariage réussi entre le lyrisme voire l'onirisme et le sexe entre hommes dans ce qu'il a de plus torride. Les corps dorés, musclés, aux courbes et fessiers parfaits, ruisselants, s'ébattent au bord de l'eau de piscines azur, le long de la plage sur le sable chaud, les petits bois baignés de soleil ou dans de somptueux chalets.
Le premier segment, Bayside, reprend le mythe de Vénus. Peter Schneckenburger, le petit ami d'alors de Poole, se dévêt sur la plage lorsque surgit de l'eau un bel adonis interprété par Casey Donovan, la porn star du cinéma gay de cette époque. Tous deux vont s'aimer avant que leur personnalité ne s'échange et c'est Peter qui s'évanouira au creux des vagues.
Les deux segments suivant sont quant à eux une ode à l'hédonisme et à la totale liberté sexuelle. La seconde histoire, Poolside, nous montre un Casey plus superbe que jamais jeter une pilule magique dans l'eau de sa piscine et son amant resurgit alors de l'eau cristalline pour de nouveaux ébats encore plus incandescents.
Le troisième sketch est peut être le plus audacieux du moins pour l'époque puisque cette fois Casey après avoir aperçu un ouvrier de couleur longer les abords de son chalet se met à fantasmer sur lui. Il lui apparait dans chaque pièce pour des jeux virils de plus en plus osés jusqu'au moment où le rêve devient réalité. Audacieux cette ultime histoire l'est non seulement pour ses scènes de sexe mais surtout parce qu'elle met en scène un homme de couleur. Le sexe interracial était alors très rare si ce n'est tabou mais Poole a tenté avec Boys in the sand de briser bien des tabous.
Pour une des premières fois dans l'histoire du cinéma gay porno, les personnages sont de simples hommes, il n'y a des actif ni passif, simplement des hommes qui se découvrent et s'aiment librement, sans aucun complexe. Poole filme ses séquences de sexe avec art privilégiant l'esthétisme, les entrecoupant avec de sublimes plans de l'océan, de l'eau, de la nature, s'accordant quelques très beaux ralentis. Boys in the sand est comme un rêve, un rêve d'homme, une fantasmagorie océane et homo-érotique par instant stupéfiante. Poole met en valeur ses trois acteurs, sublime leur corps halé au fessier blanc aspirine, lèche de sa caméra leur peau ruisselante, s'attarde leur sexe souvent impressionnant, filme avec esthétisme leurs ébats enchainant sans aucune vulgarité fellations, sodomies, analingus et éjaculations qui sous son objectif ne sont jamais sales mais particulièrement fantasmatiques.
Tourné à l'origine sans aucun dialogue par souci d'économie (le film fut réalisé pour un budget dérisoire de 5000$) mais avec uniquement un fond sonore musical parfois planant, la ressortie du film en DVD a cru bon d'ajouter les commentaires du réalisateur par dessus les images, brisant ainsi une partie du rêve à moins de couper le son et d'être privé cette fois de la partition musicale.
Aux cotés de Casey Donovan, ex-modèle, adonis blond au regard bleu azur, au corps olympien, un des dieux du porno gay américain de cette époque emporté par le Sida à l'âge de 43 ans, et du ténébreux Peter Schneckenburger on appréciera le corps d'ébène et le sexe mouillé de Tommy Moore ainsi que Danny Di Cioccio.
Salué à sa sortie fin 1971 par le New York Times, événement rarissime dans l'histoire du hardcore gay, Boys in the sand, film solaire, est au fil du temps devenu une oeuvre culte du cinéma gay indépendant. Il demeure aujourd'hui une petite gemme au sein de ce genre qui devrait faire rêver si ce n'est faire fantasmer bien des hommes qui ont fait le choix d'aimer les hommes... et tout être ouvert à toute forme de plaisirs charnels.
L'argent récolté par le succès du film permit à Poole de mettre en chantier son second film, le tout aussi onirique et envoûtant Bijou, nouvelle oeuvre culte, avant de s'attaquer à sa propre vision de la bible avec O bible!.