La ragazza fuoristrada
Autres titres:
Real: Luigi Scattini
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Drame
Durée: 90mn
Acteurs: Zeudi Araya, Luc Merenda, Lucretia Love, Martine Brochard, Giacomo Rossi-Stuart, Caterina Boratto, Tony Kendall, Franco Ressel, Carla Mancini, Augusto Gallina, Rodolfo Mariotti, Cinzia Guarini, Anna Maria Mutti, Sandro Grinfan...
Résumé: Giorgio, jeune publiciste, rencontre Maryam, une jolie égyptienne, lors d'un voyage photo en Egypte. C'est le coup de foudre. Ils rentrent alors ensemble en Italie, à Ferrara, où Giorgio va présenter sa future épouse. Ils vont devoir faire face à l'incompréhension et le racisme latent des amis, collègues, ex-fiancées et famille qui vont réveler leur vrai visage dans un climat de morbidité ostentatoire...
La ragazza fuoristrada est le deuxième film de la trilogie érotico-exotique de Luigi Scattini et certainement le plus sérieux dans sa thématique puisqu'il explore un sujet encore inédit dans ce filon, celui du racisme, à travers l'histoire d'amour et le mariage d'un jeune publiciste et d'une jeune égyptienne rencontrée lors d'une campagne publicitaire. Ils repartent alors ensemble pour l'Italie, à Ferrara, où ils vont se heurter à l'incompréhension de l'entourage et l'austérité des mentalités provinciales faussement libérées.
Si on pouvait craindre que l'aspect exotique disparaisse du film pour laisser place à un simple film érotique, il n'en est rien puisqu'avec savoir-faire, Scattini prolonge cet aspect via la présence de l'impériale Zeudi Araya qui durant tout le film distille un irrésistible charme en ensoleillant cette petite province italienne plongée dans le froid hivernal.
Le plus bel atout du film, outre cet amour inter racial profond, c'est avant tout l'atmosphère vénéneuse que Scattini doucement instaure. Il met en exergue avec talent toute l'hypocrisie d'une société dite libérée, frôlant bien souvent l'immoralité. Dans cette vision crépusculaire des mentalités provinciales aucun des protagonistes n'apparaît sympathique, tous plus odieux les uns que les autres. Des ex-fiancées de Giorgio à ses collègues de travail, du gynécologue au prêtre jusqu'à sa propre mère, tous font preuve d'une incroyable fausseté où se mêlent et se déchaînent jalousie, envie, désir, méchanceté et cynisme envers cette "étrangère" jusqu"au final plutôt intelligent. On retiendra tout spécialement la relation triolique assez malsaine entre Giorgio et deux de ses ex-petites amies.
Dans ce magma de morbidité, La ragazza fuoristrada, trés ancré dans l'idéologie des années 70, reste cependant aujourd'hui fort moderne. Le racisme et la non acceptation de la différence joliment dissimulés derrière le verni d'une pseudo-tolérance sont plus que jamais d'actualité. En ce sens le film de Scattini n'a pas pris une seule ride et se laisse toujours regarder avec plaisir malgré une certaine lenteur et des dialogues parfois peu percutants, ce que les détracteurs du film pourront lui reprocher.
Avec La ragazza fuoristrada, le réalisateur a su mêler avec succès et justesse la décrépitude des univers bourgeois d'Eriprando Visconti et celui de Valerio Zurlini avec notamment Le professeur tout en sachant rester simple sans sombrer dans la banalité.
Luc Merenda qui n'était pas encore la star du poliziesco campe avec bonheur ce jeune publiciste au physique de jeune premier tandis que Zeudi Araya irradie l'écran de sa beauté exotique fort bien mise en valeur une fois de plus. Elle est ici un véritable soleil dans les paysages hivernaux de cette Italie où ses magnifiques parures bleues et blanches tranchent avec l'ébène de sa peau.
Zeudi interprète également deux chansons que Piero Umiliani, responsable de la jolie partition musicale, a écrites tout spécialement pour elle.
A leurs cotés, on soulignera l'interprétation de Lucretia Love et Martine Brochard, merveilleusement odieuses.