Bo White: L'espoir au masculin
Bo White! Voilà un nom qui s'il n'est pas au générique d'une pléthore de films n'en est pas moins un nom qui en son temps en fit chavirer plus d'un même si beaucoup auront peut être du mal à mettre un visage dessus. Notre public se souviendra de lui surtout pour son incarnation d'Adam, fascinant dans Bible! de Wakefield Poole, sa prestation dans Blue summer et A very natural thing de Christopher Larkin qu'il illumina de sa juvénile beauté mais pour lequel surtout il fut nommé meilleur jeune espoir masculin. Aussi brève que fut sa traversée de l'univers du cinéma gay, Bo n'en méritait pas moins sa place dans notre grande salle aux fantasmes ne serait ce qu'en tant que simple demi-dieu tant il continuera à faire chavirer les sens un certain public masculin.
Quant à nous, nous garderons en tête de Bo, né le 15 juin 1950, l'image de l'étourdissant jeune homme qu'il interprète dans A very natural thing, incarnation idyllique de l'Amour pur, immortalisé par Larkin lors d'un final ensoleillé aussi éblouissant que fantasmatique où, en compagnie de son amant, il court nu le long d'une plage avant de s'enfoncer dans le bleu de l'océan pour mieux s'enlacer et s'ébrouer en un sublime ralenti.
Ce n'est pourtant pas au cinéma que Bo s'est le plus illustré puisque sa passion première a toujours été le théâtre. Il fit en effet ses premières armes à la très célèbre Neighborhood playhouse, une des plus prestigieuses écoles de théâtre de New York dont il sortit diplômé à la fin des années 60. Bo a toujours avoué que sa grande passion pour la scène lui vient de son admiration pour Sanford Meisner, comédien mais surtout l'un des plus grands professeurs de théâtre du 20ème siècle avec Lee Strasberg et Stella Adler. Bo étudia auprès de noms aussi prestigieux que Uta Hagen, Shelly Markham ou encore Keith Davis.
Le jeune acteur fait son entrée dans le monde du 7ème art en 1973 en apparaissant dans une poignée de films indépendants le plus souvent destinés aux circuits underground et aux drive-ins. Cette année là, alors qu'il est également modèle (mais st ce étonnant vu la perfection de son visage d'une pureté extrême et son regard candide), il est un des deux principaux acteurs de Blue summer / The love truck, un grindhouse de Chuck Vincent qui s'inscrit dans la lignée des beach-movies alors fort en vogue. On suit les aventures de deux étudiants partis en vacances à bord d'un van, parcourant les routes, leurs journées étant rythmées par les rencontres féminines qu'ils font. En pleine ère post-wodstock, Blue summer est un gentil trip psychédélique sur fond d'amour libre où Bo nous offre son corps en s'offrant à ses rencontres de passages. On retiendra notamment la superbe séquence bucolique durant laquelle Bo se livre à une scène inter sexe à quatre particulièrement osée puisque aux limites du hardcore au son de la flûte que joue un jeune gourou.
Il incarne ensuite Adam dans une version très personnelle de la bible intitulée Bible! réalisée par le pornocrate Wakefield Poole dans laquelle on peut admirer sa somptueuse nudité dans ce qu'elle a de plus intime. Admirablement bien mis en scène, Bo irradie littéralement l'écran, véritable Dieu vivant, incarnation de nos fantasmes les plus fous, de la beauté masculine à l'état brut. C'est d'ailleurs pour sa perfection physique et sa candeur que Poole l'avait choisi pour incarner le célèbre personnage biblique.
Très à l'aise avec cette dernière, Bo se fait vite remarquer par un certain public qui l'ovationne en 1974 lorsqu'il interprète Jason dans A very natural thing de Christopher Larkin. Jeune photographe libéré et fraîchement divorcé, il tombe amoureux de David, un jeune homme en quête d'amour sincère dans l'Amérique du début des années 70 qui vibre aux sons des festivités des premières gay pride. Rayonnant, le visage angélique et le regard enjôleur qui rappellent beaucoup Marc Porel, Bo irradie littéralement l'écran et son naturel étonne. Ce rôle lui vaut d'être récompensé par le titre de meilleur jeune acteur à suivre.
Ce sera pourtant sa dernière apparition au grand écran puisque par la suite Bo va se consacrer uniquement au théâtre et à la télévision. C'est ainsi qu'il va apparaître dans de très nombreux spots publicitaires, émissions de télévision et jouer dans d'innombrables pièces de théâtre sur Broadway. On citera parmi les plus populaires 30 years 60 seconds et Dream Boy. On pourra l'apercevoir très furtivement en 1977 dans un épisode de la saison 2 de la série Starsky et Hutch, Que la route est longue. Il est le groom qui apporte un message à l'impresario de Lynn Frederick.
Bo sera tout au long de sa carrière de nombreuses fois récompensé pour ses talents de comédien mais également comme critique.
On le reverra au grand écran en 2002 dans Urban Playground de Chris Cole et en 2004 dans Crazy like a fox de Richard Squires, deux films dans lesquels il n'a malheureusement qu'un tout petit rôle.