Maniaco Deprebis

La sbandata, s'il appartient à la vague de tous ces films italiens qui dans les années 70 s'inspirèrent du mythe de la lolita tout en puisant dans un sujet fort apprécié alors, l'inceste, rate pourtant son objectif.
C'est sous la forme d'une sexy comédie que La sbandata se présente dans laquelle on retrouve tous les éléments inhérents au genre: l'oncle de retour des Amériques, l'argent, le mariage et bien entendu l'inceste qui devait être ici le sujet prétexte à tous les scandales puisque l'oncle est amoureux fou de sa jeune nièce dont il ne cesse de rêver qu'il lui fait l'amour. D'abord effarouchée, l'adolescente va se prendre au jeu et se laisser faire jusqu'au jour où ses parents annoncent son prochain mariage avec un beau jeune homme.
Malheureusement tout l'érotisme morbide qu'un tel thème devait susciter disparait au profit d'un humour quelconque qui de surcroit n'est jamais vraiment drôle. Tant et si bien que, noyé dans des flots de dialogues assomants, La sbandata devient vite ennuyant par son coté fastidieux et répétitif. Rien n'émerge réellement du film si ce ne sont que quelques saynètes érotiques plutôt sage entre notre nièce avouons le trop mature et l'oncle. Loin de ses comédies amères Samperi, co-réalisateur et producteur, demeure ici fort sage, faisant ainsi disparaitre tout l'aspect sulfureux de son sujet. Plus grave encore, l'humour même s'il n'est jamais vulgaire ne fonctionne que rarement. Quoi de plus décevant et surtout désespérant qu'une comédie qui n'arrache que de rares sourires doublée d'une comédie aigre-douce qui se veut particulièrement osée mais qui ne parvient à aucun instant à choquer?
Reste le choix de la protagoniste principale, Eleonora Giorgi, alors spécialisée dans les rôles érotiques sulfureux. Eleonora est certes trés jolie et a le regard candide de l'adolescence mais son corps n'a plus rien à voir avec celui du personnage qu'elle est censée incarner. Cela finit par enlever son peu de crédibilité au film. On est loin des autres sexy starlettes d'alors qui s'étaient spécialisées dans les rôles de lolitas perverses, Eleonora Fani en tête.
Domenico Modugno, également responsable de la musique, est un oncle sympathique qui semble s'amuser aux cotés de Pippo Franco qui durant 90 minutes fait inlassablement le même numéro. On retiendra surtout l'interprétation de Luciana Paluzzi qui relève quelque peu le niveau de l'ensemble.
Si La sbandata fait partie de tous ces films érotico-morbides, dissimulés ici sous une comédie grivoise, que l'Italie osa produire dans les années 70, il fait malheureusement partie des plus oubliables et surtout dispensables. Un grand dommage de la part d'un réalisateur aussi audacieux que Samperi.