Novelle licenziose di vergini vogliose
Autres titres: Les contes pervers / Diary of a roman virgin
Real: Joe D'Amato
Année: 1973
Origine: Italie
Genre: Décameronnerie
Durée: 95mn
Acteurs: Gabriella Giorgelli, Margaret Rose Keil, Rino Cassano, Mimmo Poli, Stefano Oppedisano, Claudio Andreoli, Enzo Pulcrano, Ewelyn Melcherich, Gina Giuri, Tony Askin, Attilio Dottesio, Giancarlo Telesforo, Fiorella Galgaro, Antonio Spaccatini, Lucia Modugno, Marco Mariani, Fausto Di Bella...
Résumé: En manque d'inspiration le jeune Giovanni Boccaccio s'endort sur ses manuscrits. Il se met alors à rêver qu'il visite les Enfers en compagnie de Geoffrey Chaucer, l'auteur des Contes de Canterbury. Ils rencontrent alors cinq damnés dont on découvre l'histoire et les raisons salaces pour lesquelles ils ont été condamnés aux flammes éternelles...
Second film de Joe d'Amato, signé de son véritable nom Aristide Massacessi, qui poursuit dans la décameronnerie un an après le réjouissant Sollazzevoli storie di mogli gaudenti e mari penitenti, Novelle licenziose di vergini vogliose, produit par Diego Spataro, ne retrouve malheureusement pas la verve de ce dernier. Avant toute chose, il faut savoir que le film subit les foudres de la censure italienne qui s'acharna dessus et mutila certains segments tant et si bien que Massacessi dut changer le titre du film initialement intitulé Le mille e una notte di Boccaccio e Canterbury afin d'en assurer la sortie.
Il est donc difficile de juger le film dans son intégralité notamment le premier et le quatrième sketch mais il est évident que même si l'aspect burlesque et comique est bel et bien présent, les histoires en elles mêmes sont moins captivantes et ne bénéficient pas de cet entrain qui faisait tout le charme de Sollazzevoli storie....
Faire se rencontrer Boccaccio et Geoffrey Chaucer, le poète auteur des Contes de Canterbury, lors d'une visite des Enfers était pourtant une bien belle idée de départ d'autant plus que la vision des Enfers que livre D'Amato est fort agréable et si théâtralement Dantesque. Au plus profond d'une grotte d'où jaillissent des flammes, des diablotins tout en collant et cape rouge jouent de leur fourche sur de malheureux damnés, frères et nonnes, damoiseaux et damoiselles, condamnés aux souffrances éternelles.
En manque d'inspiration, le jeune Boccacce s'endort sur ses manuscrits et rêve qu'il descend en enfer en compagnie du poète. De cette rencontre avec les damnés nait cinq récits assez inégaux qui content les raisons pour lesquels leurs protagonistes principaux se retrouvent en enfer.
Le premier sketch, si mutilé que sa durée en est réduite à quelques malheureuses dix minutes, est particulièrement décevant. Deux coquins vont échanger leur compagne respective afin que chacun puisse apprécier leur savoir-faire. Ce qu'ils ne savent pas c'est ce que les femmes ont elles aussi décidé de faire de même. Au final chacun se retrouve avec sa propre compagne. Il est intéressant de savoir que cet épisode très inspiré des contes de Boccace ne fut pas réalisé par Massacessi mais par Franco Lo Cascio.
Le second segment plus pimenté nous fait découvrir les raisons pour lesquelles un frère est condamné à rester pour l'éternité dans un tonneau de merde. Il a en effet durant sa vie terrestre profiter des charmes de la belle Fioretta, épouse d'un mari étonnamment insatiable. Son appétit sexuel est tant qu'elle finit par se faire poser une ceinture de chasteté avant de demander à un frère une potion répulsive dont l'ecclésiastique, malin et perfide, profitera. Plutôt drôle, on retiendra surtout de cette deuxième histoire le moment où, l'entre-jambe brûlé par les assauts de son époux, la belle Fioretta se réfugie sur une poutre de la maison pour échapper à son mari, qui monté sur une chaise épie l'objet de son désir. On se souviendra également de ce tonneau rempli d'excréments fumants dans lesquels baigne le pauvre frère.
Le troisième récit nous explique cette fois pourquoi la plantureuse Alessandra est condamnée à séduire des vieillards repoussants. De son vivant, elle mit tout en oeuvre pour séduire son jeune neveu, adolescent plus intéressé par les livres que par les plaisirs du sexe. Elle finira par coucher avec mais l'élève dépassera la maîtresse en trouvant dans les livres la clé de l'orgasme parfait. Mené tambour battant, ce segment plutôt amusant vaut essentiellement pour le jeu de ses deux interprètes, la solide Gabriella Giorgelli dont le regard en damnerait plus d'un et le jeune Rino Cassano.
Tout comme la première histoire le quatrième sketch fut tout particulièrement mutilé par la censure. On fait connaissance avec Maître Ruberto assailli par quatre harpies. Commerçant de son vivant, il préféra les qualités masculines de son commis à sa pulpeuse épouse. Après avoir trouvé un stratagème pour éviter le devoir conjugal toute une année durant, il va profiter des charmes du garçon. Mais sa femme découvre le pot aux roses et va à son tour profiter de la situation. Le malheureux garçon, incapable de satisfaire les désirs sexuels de la femme et de son époux, finira au cimetière.
L'ultime récit est une histoire de mari cocu, celle de Maître Duccio qui a confié l'éducation de sa fille particulièrement laide à un professeur de musique homosexuel. Cette dernière est bien plus intéressée par l'entre-jambe de son professeur que par les instruments de musique et c'est d'une toute autre flûte qu'elle finira par jouer. C'est ensuite aux charmes de sa mère que le professeur succombera tant et si bien que le pauvre homme sera plusieurs fois bafoué. L'originalité du sketch provient de sa mise en scène puisqu'il est tourné comme une sorte de dessin animé, de cartoon rempli de gags parfois surréalistes.
Alors qu'un diablotin lui fracasse la tête, Boccaccio se réveille et déchire tous ses manuscrits...
Bien que cette rencontre entre Le Décameron et la Divine Comédie soit moins échevelée et surtout amusant que le premier décamérotique de D'Amato, Novelle licenzione di vergini vogliose, tout décevant soit il, demeure un spectacle distrayant qui vaut essentiellement pour sa peinture des Enfers et sa référence assez étonnante à l'homosexualité mais aussi pour son affiche puisqu'on retrouvera avec grand plaisir outre Gabriella Giorgelli, l'étourdissante Margaret Rose Keil, très active alors dans le cinéma de genre, et Ewelyn Melcherich. A leurs cotés, on reconnaitra Stefano Oppedisano, Antonio Spaccatini, tous deux déjà présents dans Sollazzevoli storie..., Attilio Dottesio, Tony Askin, l'incroyable faciès de Mimmo Poli, Enzo Pulcrano et le regretté Paolo Casella entre autres. Moins inspiré que pour Sollazzevoli storie... Franco Salina signe une fois de plus la chanson principale du film, Belzebù.