La frigida y la viciosa
Autres titres: Trio pervers
Real: Carlos Aured
Année: 1981
Origine: Espagne
Genre: Erotique
Durée: 93mn
Acteurs: Sara Mora, Andrea Guzon, Alfredo Calles...
Résumé: Une jeune épouse frigide et puritaine n'éprouve du plaisir que si son époux la brutalise lors de jeux érotiques proches du sadomasochisme. L'arrivée d'une locataire, une photographe libérée et vicieuse, va bouleverser leur vie. Elle va pimenter leurs jeux et tenter de libérer la jeune femme de ses inhibitions sexuelles...
Si dans les années 70 l'espagnol Carlos Aured a réalisé quelques petits films fantastiques, il s'est dans les années 80 tourné vers l'érotisme et le hardcore en commettant une série d'oeuvrettes plus ou moins insipides dont les plus connues sont Apocalipsis sexual et ce film rebaptisé pour sa sortie française Trio pervers.
Si Aured n'a jamais brillé par son talent de metteur en scène reconnaissons à ses films fantastiques un certain intérêt, bric à brac où chacun y trouvait ce qui lui faisait plaisir. Il n'en va pas de même pour ses polissonneries dont le dénominateur commun est l'ennui qu'elles génèrent. Trio pervers ne fait pas exception malgré les promesses d'un scénario racoleur au possible puisqu'il nous invite à découvrir les tribulations d'un couple où une jeune femme frigide et puritaine ne prend de plaisir que si son mari la brutalise lors de scénarii qui relèvent du plus pur fantasme sadomasochiste. C'est alors qu'arrive dans leur vie une jeune photographe aussi vicieuse que libérée qui va pimenter leurs jeux pervers afin de guérir la tendre épouse de ses inhibitions sexuelles.
Tout aussi classique soit il, le scénario ainsi couché sur papier peut sembler intéressant. Il en va tout autrement sur l'écran. Trio pervers se résume à une série monotone de jeux sadomasochistes qui n'ont de sadomasochistes que le nom. D'un classicisme éprouvant, le film ne décolle jamais vraiment et la superficialité l'emporte très vite sur l'originalité. Tourné dans des décors de luxe madrilène clinquant, Trio pervers ne dépasse jamais le simple stade du softcore entièrement aseptisé jusqu'à devenir assommant. Le film ponctué de dialogues creux n'a de l'audace que l'apparence et il aurait bien du mal à effrayer tout un régiment de prêtres frustrés. C'est pour dire que l'amateur de jeux interdits risque fort d'être déçu face à ce trio qui endort plus qui n'excite. Monsieur se déguise en cambrioleur pour attacher et violer sa femme sans même la déshabiller, Madame, blonde et frigide, aime être nue sous une fourrure et se faire caresser son intimité par une brosse à cheveux ou s'enduire l'anus de gel douche. La photographe est brune et vicieuse. Elle aime les épier entrain de jouer tout en se caressant à l'aide du talon aiguille de sa chaussure avant d'initier Madame au saphisme. Si on passe son temps à s'attacher au lit, c'est au lustre en cristal que le mari se retrouvera suspendu afin que la photographe puisse abuser de lui sous l'oeil de son épouse. Bien peu captivant donc si on excepte la séquence finale où l'épouse attachée cette fois au billard subira l'ultime humiliation puisque son intimité servira de réceptacle aux fameuses boules du jeu. Elle finira en laisse, nue, au pied du lit conjugal, gentille chienne devant regarder les ébats de son mari et de la photographe. Voilà qui aurait pu être intéressant mais le ridicule de l'ensemble fait retomber à plat cette conclusion vue et revue mais dont la signification est évidente.
Rythmé par une partition musicale jazzy irritante, Trio pervers est d'une innocuité lénifiante et ce n'est pas le jeu des acteurs qui relèvera l'ensemble tant ils semblent peu impliqués dans leurs rôles. On reconnaitra Andrea Guzon qui nous avait déjà offert ses charmes dans Sadomania et Il piacere. Sara Mora et ses faux airs de Mireille Darc interprète notre épouse frigide tandis que Alfredo Calles passe son temps à transpirer de façon bien peu érotique.
Trio pervers risque fort de ne point réveiller nos sens mais de rendre surtout frigide le plus endurci des obsédés!