Urinal
Autres titres: Pissoir
Real: John Greyson
Année: 1988
Origine: Canada
Genre: Drame / Documentaire
Durée: 100mn
Acteurs: Paul Bettis, Pauline Carey, Keltie Creed, Lance Eng, David Gonzalés, Olivia Rojas, George Spelvin...
Résumé: Les fantômes de cinq auteurs homosexuels connus pour avoir été persécutés pour leur différence sont rassemblés par un mystérieux individu dans des toilettes publiques pour y contester l'interdiction d'avoir des relations sexuelles en ces lieux d'aisance. En effet, à Toronto, des centaines d'homosexuels ont été poursuivis par la police pour avoir eu des relations intimes dans les toilettes. La police elle même découvre qu'elle est elle aussi surveillée par un groupe d'activistes subversifs...
Si on doit à John Greyson, auteur, scénariste et réalisateur canadien homosexuel, quelques uns des épisodes de la version américaine de Queer as folks on lui doit surtout quelques films trés intéressants dont ce qui à ce jour demeure son chef d'oeuvre, Lillies / Les feluettes et Urinal / Pissoir, réalisé quelques années auparavant en 1988.
Sous ce titre aussi évocateur que provocateur se cache un film particulièrement intelligent qui tente de dénoncer l'intolérance et l'homophobie à travers toute une suite de tableaux où Greyson utilise ses fantasmes pour illustrer son propos.
L'idée du film est née à partir d'un fait divers réel qui s'est déroulé à Toronto lorsque des centaines d'homosexuels furent arrêtés ou poursuivis pour avoir eu des relations sexuelles dans les toilettes publiques, haut lieu de drague et de débauche gay, épiés ou surpris par des policiers ou des caméras de video-surveillance.
C'est tout naturellement dans des toilettes que Greyson par le biais d'un mystérieux individu va rassembler les fantômes de quelques auteurs gays, lesbiens et bisexuels tous célèbres pour avoir été persécutés pour leur différence à savoir Sergei Eisentein, Frida Khalo, Yukio Mishima, Langston Hughes et Oscar Wilde représenté quant à lui par son personnage Dorian Gray. Ils se retrouvent en ces lieux d'aisance pour contester l'interdiction d'y avoir des relations sexuelles.
Greyson en profite pour nous raconter l'évolution des toilettes au fil des âges tout en nous offrant un petit cours de sciences afin d'étudier les différentes postures que l'homme a adopté au cours du temps pour faire ses besoins.
Pissoir se présente sous la forme d'un documentaire à la fois drôle et surréaliste qui s'étale sur sept jours. L'histoire de chacun des protagonistes fantômes nous y contée à travers des interviews et images d'archives, des images d'époque assemblées les unes aux autres dans la plus pure tradition du cinéma expérimental moderne donnant à l'ensemble un aspect délirant et farfelu qui désamorce le sérieux du sujet. Dénoncer avec virulence oui mais avec humour et ironie semble nous dire Greyson. Et le comble de l'ironie ou du cynisme n'était il pas de découvrir que la police elle même, symbole de la répression, est elle aussi surveillée par un groupe de subversifs afin de s'infiltrer dans leurs toilettes?
Pissoir est au final une sorte d'amusant patchwork pellicullaire construit comme un documentaire historique et social qui amusera beaucoup le spectateur s'il est un tant soit peu sensible à ce type de cinéma expérimental. Le cas échéant, le film lui semblera bien long et bien peu passionnant.
Malgré son titre trés explicite, Pissoir est quasiment dénué de toute scène osée. C'est à peine si on entreverra quelques plans de nudité puisqu'en aucun cas Greyson malgré son sujet ne joue la carte du voyeurisme facile et gratuit ce qui n'est pas du tout ici l'objectif du réalisateur.
Pissoir fut primé au Festival du film gay de Berlin et récompensé par le titre du meilleur long métrage canadien en 1988.