Ragazze in affitto s.p.a
Autres titres: Contes pervers / Les filles de Mme Claude / Erotic tales / Perverse tales / Gift girls
Real: Michel Lemoine / Mauro Ivaldi
Année: 1980
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 75mn
Acteurs: Carina Barone, Françoise Guyot, Zora Kerova, Gérard Lauzier, Antonio Ferrante, Vito Fornari, Carmen Russo, Béatrice Philippe, Serge Feuillard, Salima Gardel, Maria Rosaria, Fabienne Mai, Geneviève Omini, Piero Vivaldi, Domenico Trogu...
Résumé: Une jeune femme doit se soumettre à un strip-poker sous l'oeil d'un sumo pervers afin de récupérer l'argent qu'elle a perdu. Un camionneur se paie les services d'une call-girl afin de retrouver ses ardeurs mais en vain. Un ancien toréador ne prend son plaisir qu'avec une femme déguisée en nonne...
Sous ce titre fort alléchant se cache en fait une minuscule coproduction franco-italienne érotique à la réalisation plutôt floue. Si celle ci dit-on revient à l'écrivain libertin Régine Desforges auteur du livre éponyme, la réalité est tout autre. De Régine Desforges il ne faut garder que le titre français du film, sa paternité revient en fait au français Michel Lemoine, acteur réalisateur fort connu des amateurs de séries Z et de pornographie tricolore, assisté pour la partie italienne de Mauro Ivaldi , l'époux de Carmen Villani , elle-même citée comme dialoguiste principale de cette anodine pellicule érotique. Vu le résultat du film, peut être n'est
il guère important de savoir qui fut derrière la caméra puisque Ragazze in affitto s.p.a est à l'érotisme ce que le sandwich SNCF est à la grande cuisine. Nous sommes en effet ici face à trois sketches tous plus insipides et oubliables les uns que les autres. Qu'on en juge un peu par soi-même.
Le premier segment, Jeanne, conte les péripéties sexuelles de Madame Jeanne à Hong-Kong, une joueuse invétérée qui après une nuit passée dans le plus fameux casino de la ville perd plusieurs millions qu'elle doit rendre à celui qu'elle aime. Lotus, l'esclave sexuelle et concubine d'un Maître sumo impuissant et voyeur, l'entraîne alors dans un tripot plutôt
sordide où elle va devoir se soumettre à un strip-poker. Après bien des humiliations Madame Jeanne remporte un joli pactole.
Le second, Doris, nous invite dans la demeure d'un ancien toréador qui ne peut assumer sa libido qu'avec une femme déguisée en nonne. Il invite donc Doris, jolie prostituée de luxe, qu'il soumet à ses fantasmes. Habillée en soeur la jeune femme se fait fouetter et humilier au pied d'un autel. L'homme lui explique d'où lui viennent ces fantasmes. Suite à un grave accident il remit sa vie entre les mains de Dieu qui lui sauva la vie. Il poursuivit sa convalescence dans un monastère où il découvrit la perversion des moines. Un jour déguisé
en évêque il donna la confession aux soeurs. Excité par l'aveu de leurs désirs interdits cela bouleversa sa sexualité. De ce jour il ne trouve de plaisir qu'habillé en évêque. Mais c'est travesti en nonne qu'il trouvera le plaisir ultime face à Doris nue sous sa soutane épiscopale.
Le troisième sketch, Nathalie, nous entraîne dans l'univers des camionneurs et de la prostitution. Un de ces fameux camionneurs las des filles de joie vulgaires et des femmes quelconques du bas peuple décide de se payer une ravissante call-girl, Nathalie. Malheureusement, une fois chez elle, le luxe de son appartement le bloque. Une fois au lit il ne parvient pas à la satisfaire. Vexé il se rend compte qu'il ne peut faire l'amour que dans son
camion. Nathalie accepte de l'y suivre, ils feront l'amour puis Nathalie, très heureuse dans l'univers des huiles à moteur et du steack-frites-moutarde, comblera en plus les attentes de tous les routiers habitués à la cuisine de Lucienne, la gérante de l'hôtel restaurant où ils font leur pause déjeuner... soit une équipe non pas de footballeurs mais de camionneurs invités dans la petite chambre à l'étage.
Les sketches auraient pu être intéressants et donner de véritables petit récits fort alléchants, voire truculents mais le budget microscopique et surtout l'indigence de la réalisation frustrera le plus impuissant des impuissants. Contes pervers qui n'a de pervers que son titre est un
consternant échec, une bande sans âme ni budget tournée dans l'Oise dans des décors bas de gamme qui sentent la bouse de vache, les aires de repos et le cambouis, une pellicule ultra soft qui tente vainement d'aborder des sujets scabreux mais sans jamais réussir à dégager le moindre souffle érotique. Un comble pour un film qui se veut érotique!
Le premier segment, le plus vide, le plus inutile, a pour seul atout de vouloir nous faire visiter Hong-Kong. Peut-être est-ce dans le prix des billets d'avion que le budget du film a été dépensé. Ceci dit le voyage n'en valait pas la peine. Si le temps de quelques secondes on songe à une revisitation de Black Emanuelle en Orient on oublie vite la référence puisque
le sketch se limite à quelques plans de la ville, ses marchés, son fleuve et... un sombre tripot rempli d'autochtones édentés et cradingues qui disputent une partie de strip-poker avec Dame Jeanne. De cette partie on verra surtout les cartes puis que les humiliations subies par Jeanne sont tout bonnement... absentes tant de la version française qu'italienne! Il est indubitable que le segment fut particulièrement tailladé vu l'aspect haché de l'ensemble. C'est donc frustré, tout ébaubi qu'on termine son visionnage tant on se demande le pourquoi de son existence.
Le second segment, le plus intéressant, aurait pu relever le niveau du film et apporter cette
zeste de perversion si attendue. Que nenni! A aucun moment Lemoine ne parvient à créer un climat de morbidité encore moins d'hérésie, à réellement mettre en avant les déviances de son personnage contraint aux plaisirs sadomasochistes déguisé en évêque. Son travestissement final en nonne est quant à lui plus hilarant que subversif. Faute de talent et de créativité Lemoine gâche toutes les possibilités d'un scénario au départ brillant.
L'ultime segment nous ramène dans la France profonde, celle des camionneurs et de ces campagnes infestées de putains vulgaires à la gouaille facile. On est dans l'érotisme façon fesse molle en jarretelles et tablier de cuisine, l'amour à l'arrière d'un trois tonnes ou dans
une chambre d'hôtel restaurant pour routiers vineux au caleçon qui chauffe. L'apparition de Nathalie, jolie call-girl de luxe qui de luxe n'a que l'appartement, ne rehausse pas le niveau bien franchouillard du sketch qui se terminera dans un camion bien évidemment, notre Nathalie ayant troqué la robe de soirée fendue pour un survêtement trop large, après quelques ébats certes assez bien filmés (enfin) mais si peu originaux et tellement tièdes. Car en effet les rares scènes de sexe, filmées avec les pieds, sont malheureusement sans imagination aucune, jamais excitantes encore moins belles tant et si bien qu'on se demande comment les acteurs ne sont pas endormis un peu à l'image du pauvre spectateur qui 75
minutes durant aura vainement cherché la perversion promise par le titre de ce film visuellement laid, d'un convenu sidérant, à l'interprétation à la limite de la catastrophe. Il ne reste plus alors qu'à se laisser aller à rêver à ce qu'auraient pu être entre autres cette partie de strip-poker dans les bas fond de Hong-Kong, les relations contre-nature et hérétiques de cet ex-torero et de sa putain soumise et les ébats de chairs molles entre camionneurs et femmes du peuple!
Que pourra t-on donc retenir de Contes pervers qu'arrose une partition musicale mièvre digne d'une telenovelas? Une courte scène qui nous rappelle qu'on est en partie en Italie,
celle d'un torero écorné par un taureau gisant dans son sang (des images d'archives sorties d'un mondo quelconque) et la présence de quelques actrices qu'on a toujours plaisir à voir et revoir, Zora Kerowa en tête dans le rôle de Nathalie qui le temps de ses quelques scènes illumine l'écran de sa radieuse beauté, nous offrant enfin de splendides nus intégraux. Citons également la très mammaire Carmen Russo dont c'était un des tout premiers films, dans le tablier de Lucienne, l'hôtelière facile qui chevauche allègrement les camionneurs d'où quelques scènes faussement croustillantes (Carmen qui d'ailleurs prétend n'avoir jamais participé à cette égrillardise, misant avant tout sur un énorme trou... de mémoire! On la comprend), et la présence de la modèle Françoise Gayat (Doris), très belle et sobre. Voilà
qui est bien peu pour donner une quelconque envie de visionner ces Contes pervers à réserver priotairement aux amoureux des actrices mentionnées et aux collectionneurs assidus, le film étant devenu au fil du temps assez rare.
Quant à une version supposée uncut si jamais elle existe elle n'apporterait strictement rien à l'ensemble si ce n'est un peu plus de sexe graphique. Pour le novice signalons lui qu'il ne doit pas confondre le film de Lemoine avec la décamérotique de Joe D'Amato Novelle licenziose rebaptisée en France Les contes pervers.