Dolce pelle di Angela
Autres titres: The seduction of Angela / Memorie di una ragazza di piacere
Real: Andrea Bianchi
Année: 1986
Origine: Italie
Genre: Erotique
Durée: 99mn
Acteurs: Michela Miti, Carlo Mucari, Piero Gerlini, Anita Ekberg, Maria Pia Parisi, Carmen Di Pietro, Svetlana Starcova, Helen Rambal, Pinuccio Ardia, Jane Keller, Maurizio Mauri, Guerrino Crivello, Roberto Malone...
Résumé: Angela, une jeune et séduisante vierge, quitte sa campagne pour tenter sa chance à la ville. Sa route croise celle d'une mère maquerelle qui séduite par sa beauté en fait une de ses filles. Elle lui apprend les plaisirs du sexe et en fait une putain. Lorsque Angela fait la connaissance d'un petit voleur sa vie bascule. Eperdument amoureuse elle quitte le bordel pour le suivre. Lorsque la police le retrouve Angela retourne au bordel et devient une des catins les plus demandées jusqu'au jour où un très vieux duc la demande en mariage...
Après quelques incursions salaces dans le giallo, l'horreur et la sexy comédie devenues depuis cultes dans le domaine de l'exploitation pour ses excès tant gore qu'érotiques Andrea Bianchi s'est dés le début des années 80 tourné vers un cinéma résolument érotique puis pornographique. Il fit notamment tourner à une Karin Schubert quadragénaire déchue, perdue, son premier hardcore (Cora bourgeoise ou putain). Il sonna le glas de la carrière d'une toute aussi déchue Sirpa Lane (Giochi carnali). Puis entre deux petits films d'horreur (Massacre, Maniac killer) et d'action (Commando Mengele) Bianchi continua à réaliser
régulièrement quelques pellicules coquines dont en 1986 Dolce pelle di Angela qui à ce jour reste très certainement son meilleur film rose.
L'Italie du 19ème siècle. Angela, 17 ans, est une petite campagnarde qui régulièrement vend ses chevaux aux paysans du coin pour gagner sa vie. Un jour elle se fait presque déflorer par un des fermiers à qui elle est venue apporter son canasson. Elle s'enfuit et décide de partir pour la ville. Sa route croise celle de l'imposante Signora Rocchi, une mère maquerelle qui séduite par la candeur et la beauté de la jeune fille décide de l'inviter chez elle. Innocente Angela accepte et fait la connaissance des cinq autres "filles" de sa chère bienfaitrice. Dés la
première nuit elle découvre que bien des choses étranges se passent sous le toit de la Signora Rocchi. Ses "filles" se livrent à des actes sexuels qui la troublent et l'intriguent. Sa protectrice lui explique alors que le sexe est une choses des plus normales et qu'elle doit pas avoir honte. Très vite la Signora Rocchi décide de l'éduquer. Un de ses riches et vieux clients la désire. A la vue de l'horrible bonhomme Angela refuse de lui donner son corps et sa virginité. Ce même jour Rocco, un séduisant bandit de grands chemins s'introduit dans la bordel, ligote la maquerelle et son valet, dérobe argent et bijoux et fait la connaissance de Angela. Elle l'implore de l'emmener avec lui. Il accepte. C'est le coup de foudre. Angela
séduite par ce beau garçon, lui demande de la déflorer. Ils ne se quittent plus. Dés lors il va la traiter en princesse, lui faire découvrir les plaisirs du sexe. Malheureusement la police le retrouve. Rocco doit fuir. Angela se retrouve seule. Elle décide de retourner au bordel de la Signora Rocchi. Elle va être une des putains les plus demandées des clients de la riche maquerelle. Angela n'a plus aucune inhibition. C'est alors qu'un richissime duc quasi octogénaire tombé sous son charme exige de l'épouser. Il meurt d'une crise cardiaque lors de leurs premiers ébats. Désormais duchesse et riche Angela continue sa vie de débauche jusqu'au jour où Rocco réapparait. Elle part avec lui.
L'histoire sent le réchauffé, vue et archi vue, celle d'une jeune vierge qui découvre les plaisirs du sexe dans un bordel de luxe et devient une putain notable aussi désirée que désirable, le tout sur fond de romance. Peut-on faire plus simple? Le scénario de Bianchi pose vite ses limites puisqu'elle n'est qu'un prétexte pour enchainer des scènes plus érotiques les unes que les autres afin de combler un scénario particulièrement creux. En fait Dolce pelle di Angela est une pochade coquine en costumes qui emprunte pas d'éléments à quelques sous genres du cinéma salace en vogue dans les années 70. Un peu de décamérotique pour l'ambiance générale et quelques éléments typiques du genre (le pénis en érection
projeté en ombre chinoise sur le mur, les ébats gérontophiles d'Angela qui multiplie les coucheries avec de vieux libidineux), un peu de sexy comédie pour certaines situations et une once de film d'aventures avec la romance entre Angela et son charmant bandit de grand chemin à cape, voleur invétéré qui ne cesse d'échapper aux autorités. Bianchi oblige, l'ensemble est saupoudré d'une touche de morbidité toujours appréciable, ce coté osé toujours aussi jouissif dans lequel baignent certaines scènes. L'initiation d'Angela aux plaisirs saphiques, ses accouplements gérontophiles, l'auto examen de son intimité à la loupe, l'apparente érection du valet sous son collant, l'apparente innocence de l'Arlequin qui
lors du bal masqué se transforme en jeune brute perverse et sodomise Angela mais également bon nombre de scènes de sexe qui par instant flirtent gentiment avec le hard artistique sont autant de moments tous plus agréables les uns que les autres et donnent tout son intérêt à un film dont l'autre gros atout est sa beauté visuelle.
Sublimé par une magnifique photographie, usant de très beaux costumes et de tout aussi superbes décors colorés qui retranscrivent de façon fort crédible l'atmosphère de ce début de 19ème siècle Dolce pelle di Angela est un vrai petit régal pour les yeux. Il s'en dégage parfois même une certaine poésie, un sentiment renforcé par la manière dont Bianchi filme
ses scènes de sexe, avec beaucoup de soin et surtout de sensualité si bien qu'aussi audacieuses soient elles jamais elles ne sont vulgaires. Esthétiquement parlant Dolce pelle di Angela se rapproche par moment des films de Joe D'amato tels que Lussuria pour cet aspect papier glacé. Faut-il ajouter que les plans de nus intégraux féminins abondent, certains rappelant un peu Tinto Brass pour cette série de superbes culs que n'aurait pas renié le célèbre metteur en scène, un régal donc pour les friands de nudité féminine. Les nus masculins sont plus pudiques, on se contentera de très beaux fessiers, même si on devine furtivement combien Mère nature a si généreusement su doter notre petit voleur, une vision
confirmée lors du plan final lorsque les deux amants s'enfuient.
Cette conclusion inattendue clôture cette petite pellicule indécente de manière très onirique presque surréaliste. On pense ici à Fellini dans ce qu'elle évoque, les deux amoureux nus faisant de la balançoire dans un décor très Pierre et Gilles, sous un clair de lune en carton avant de s'envoler... c'est là une façon de parler... l'humour étant omniprésent tout au long du métrage. Un autre point fort.
L'interprétation est à la hauteur du film. C'est l'ingénue Michela Miti, ex-starlette des sexy comédies de la série des Pierino d'Alvaro Vitali, la Blanche-neige de la version de Mario Bianchi Blanche-Neige et les sept sadiques, qui joue ici les jeunes vierges et offre son
corps de manière totalement désinhibée à la caméra de Bianchi. Venu de la télévision avant d'entamer une carrière cinématographique assez hétéroclite le séduisant et bien monté Carlo Mucari est Rocco. Il forme avec Michela faussement candide un couple en parfaite osmose. La petite (grosse vu son tour de taille désormais) curiosité vient de la présence de la plantureuse Anita Ekberg dans les robes trop moulantes, prêtes à l'explosion, de la mère maquerelle, un petit régal pour fans d'exploitation même s'il est un peu triste de voir la diva fellinienne en fin de carrière errer dans ce type de production. Mais elle s'amuse c'est évident
et elle nous amuse. Ne retenons que cela. On reconnaitra la future star du porno Roberto Malone dans le costume du valet d'Anita... Malone fort sage ici puisqu'il ne se déshabille jamais mais il est probable que Andrea Bianchi ait tourné des scènes en version plus hard destinées au marché étranger.
Malgré sa bande originale trop décalée, vite fatigante, seule fausse note du film (les envolées de saxophone ne sonnent pas très 19ème siècle, elles pourraient par contre parfaitement coller à n'importe quel film / téléfilm érotique lambda estampillé années 80, ces bandes
friponnes destinées au câble très en vogue à une certaine époque), Dolce pelle di Angela est un agréable petit film érotique, drôle, osé, visuellement très beau qui séduira sans l'ombre d'un doute l'amateur de polissonneries. Pour une bande réalisée au milieu des années 80 alors que le cinéma de genre agonise, que l'érotisme se ringardise et se fait de plus en plus inoffensif ce Bianchi fait un peu figure d'exception, celle qui confirme la règle.