L'ultima preda del vampiro
Autres titres: Des filles pour le vampire / The playgirls and the vampire / Last victim of the vampire / Daughters of the vampires
Real: Piero Regnoli
Année: 1960
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 83mn,
Acteurs: Walter Brandi, Lyla Rocco, Maria Giovannini, Erika Di Centa, Leonardo Botta, Alfredo Rizzo, Corinne Fontaine, Antoine Nicos, Tilde Damiani, Marisa Quattrini, Enrico Salvatore...
Résumé: Un bus transportant cinq danseuses de cabaret, leur impresario et le pianiste de la troupe se retrouve bloqué sur la route en pleine campagne à la nuit tombée. L'orage menaçant, le groupe trouve refuge au château du comte Kernassy, un homme étrange vite fasciné par une des danseuses, Vera, dont la ressemblance avec le portrait d'une de ses ancêtres est frappante. Le châtelain accepte de les héberger à l'unique condition qu'aucun des invités ne sorte de sa chambre de la nuit. Katia désobeit. Egarée dans la crypte du manoir elle se fait tuer. Son corps est retrouvé au petit matin. Amoureux de Vera le comte invite la troupe à rester un peu plus longtemps. Les invités vont connaitre une longue nuit de frayeur en découvrant le secret des lieux...
Avec I vampiri / Les vampires Riccardo Freda allait ouvrir la voie à un tout nouveau filon du cinéma d'épouvante, le cinéma d'horreur gothique à l'italienne, qui suivait de près les oeuvres de la célèbre firme anglaise Hammer. Il n'est donc pas étonnant de retrouver à la réalisation de L'ultima preda del vampiro, Piero Regnoli puisqu'il fut l'assistant metteur en scène de Freda sur I vampiri. Plus connu en tant que scénariste touche à tout, il est en effet à la tête de plus d'une centaine de scénari aussi divers les uns que les autres (du western au polar en passant par le peplum, l'héroic fantasy, l'aventure, l'érotisme ou encore la comédie
notamment les premières sexy comédies de Gloria Guida), Regnoli a réalisé une dizaine de films tous plus oubliables les uns que les autres dont ce petit gothique devenu au fil des années particulièrement rare jusqu'à sa récente sortie française. De Regnoli il ne fallait guère s'attendre à un miracle. S'il se laisse facilement visionner encore aujourd'hui L'ultima preda del vampiro devenu en France Des filles pour un vampire brille non pas pour ses qualités mais surtout et avant tout pour son magnifique noir et blanc et son érotisme discret si désuet.
L'histoire est très simple. Le bus qui transporte cinq danseuses dévergondées, leur jovial
imprésario chorégraphe Luca et le pianiste se retrouve bloqué sur la route lors d'une nuit d'orage. Le petit groupe trouve refuge au château du Comte Gabor Kernassy, un homme étrange qui y vit seul avec sa gouvernante. Si dans un premier temps le comte leur refuse l'hospitalité il change immédiatement d'avis lorsqu'il aperçoit Vera, une des danseuses, troublé par sa ressemblance avec une de ses lointaines ancêtres. Il les héberge donc en ayant pris soin de les avertir de ne pas quitter leur chambre de la nuit, une mise en garde dont ne tiendra pas compte Katia qui se fera tuer. Son corps est retrouvé au petit matin par la troupe qui ne peut toujours pas reprendre la route. Nonobstant le décès de la danseuse le
groupe répète son spectacle au château tandis que le comte tombe éperdument amoureux de Vera troublée par ces lieux qu'elle semble connaitre. Cette dernière ignore encore ce qui se passe dans les cryptes du manoir où repose la famille du comte. Tout va se jouer la nuit suivante. Katia revient des morts et vampirise l'imprésario. Vera découvre que le comte s'affaire à de bien étranges expériences dans son laboratoire secret mais qu'il a surtout un double maléfique, un vampire qui chaque nuit sort de sa tombe et va essayer de vampiriser la jeune femme. Tout rentrera dans l'ordre au petit jour à la mort de Katia, empalée, et du vampire surpris quant à lui par les premiers rayons du soleil alors qu'il se battait contre son
ancêtre. La troupe pourra enfin quitter ces lieux maudits.
Le titre français traduit bien ce que voulait Regnoli, marier l'horreur et l'érotisme, une union qui allait assez vite devenir courante dans ce type de cinéma, comme l'avait fait la même année le déviant Renato Polselli avec L'amante del vampiro. C'est dire qu'on s'éloigne quelque peu des oeuvres de Bava, de Margheriti et de Caiano, les maitres incontestés du genre avec Freda. Déçus seront donc ceux qui s'attendent à un festival de canines se plantant généreusement dans le cou de jeunes victimes hurlantes. On est ici beaucoup plus proche de la comédie horrifique et c'est sans mal qu'on pourrait rapprocher le film de Regnoli
de l'insupportable Vierges pour le bourreau.
Durant toute la première partie il ne se passe quasiment rien. C'est en vain qu'on attend un petit frisson, un soupçon d'action, quelques jolies canines ou quelques cris de terreur. Que nenni. Il faut attendre les vingt dernières minutes pour que le film prenne enfin son envol lorsque Katia, nue, sortie de sa tombe s'apprête à vampiriser le pauvre Lucas. Regnoli enchaine dons les scènes d'action et sort quelques crocs en introduisant le double du comte. Vingt minutes passent en général assez vite d'autant plus vite ici que Regnoli se dépêche de boucler le métrage après s'être attardé sur ce qui l'intéressait le plus ici
l'érotisme soft, nous sommes en 1960, et l'aspect coquin.
Des filles pour le vampire restera surtout dans les mémoires pour deux choses qui jadis durent faire frémir les censeurs. Ce fut tout d'abord la séquence du strip-tease étonnamment longue et surtout osée pour l'époque puisque Erika Di Centa finit en petite culotte et soutien-gorge, un élément qu'elle s'apprête à retirer au moment où la gouvernante arrive, interrompant ainsi le spectacle et par la même notre plaisir. Charmante et tellement démodée avec son pas de danse coquin et son air de piano d'un autre âge cette scène vaut à elle seule la vision du film.
Le second intérêt est l'apparition de Katia entièrement nue, non pas pour la nudité de Maria Giovannini mais tout simplement parce que Maria fut simplement la toute première actrice à se montrer nue dans le rôle d'un vampire. Une véritable révolution!
Pour le reste Des filles pour le vampire se contente de reprendre sans grande originalité les divers éléments du cinéma gothique: château lugubre, nuit d'orage, gouvernante sinistre, crypte, portraits ancestraux troublants, secrets familiaux, laboratoire, jardinier étrange... Plus curieuse et inattendue est l'homosexualité du pianiste (le séduisant Leonardo Botta) qui si elle n'est jamais clairement exprimée, époque oblige une fois de plus, est néanmoins
évidente. L'ensemble se tient beaucoup plus amusant que véritablement sérieux. On retiendra surtout la scène d'ouverture, splendide digne d'un Bava ou d'un Hammer grande époque, la tombe qui lentement s'ouvre dans la crypte laissant entrapercevoir une main putride en agripper les bords et le final, excellent, dans la crypte, fort certainement le meilleur moment du film.
La distribution n'est guère éclatante. C'est Walter Bigari plus connu sous son pseudonyme Walter Brandi qui campe le comte et son double vampire. Brandi n'a guère la prestance d'un vampire, trop petit, trop terne et surtout loin de posséder ce charme hypnotique propre à ces
créatures de la nuit. Peu crédible il fait plus sourire qu'il n'effraie mais il sera cependant à l'affiche de Vierges pour le bourreau, Le cimetière des morts vivants et La strage dei vampiri. Petite curiosité, le futur réalisateur Alfredo Rizzo, un faciès à la Bourvil, endosse le rôle de l'impresario. Quant à la gent féminine elle est ici représentée par d'anodines actrices dont la carrière fut pour la plupart des plus brèves Lyla Rocco, Maria Giovannini ou encore Erika di Centa qu'on reverra par la suite dans un sex mondo, un nudie intitulé Notti nude. Erika se serait ensuite tournée vers le monde de la nuit pour lentement disparaitre.
Tourné au célèbre château de Balsorano, Des filles pour le vampire produit par Tiziano Longo est une gentille distraction d'un autre temps qui si elle n'est jamais vraiment ennuyeuse est loin d'être une oeuvre indispensable. Reste une petite pellicule distrayante, totalement inoffensive, une petite curiosité en noir et blanc à voir en amuse-bouche. Ni plus ni moins.