L'amante del vampiro
Autres titres: La maitresse du vampire / The vampire and the ballerina
Real: Renato Polselli
Année: 1960
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 84mn
Acteurs: Hélène Rémy, Tina Gloriani, Walter Bigari, Maria Luisa Rolando, Isarco Ravaioli, Gino Turini, Ugo Gragnani...
Résumé: Une troupe de jolies danseuses s'installe au domicile d'un professeur afin d'y répéter leur prochain ballet. Lors d'un orage deux des danseuses, Luisa et Francesca, et Luca le fiancé de l'une d'elles s'abritent dans un château réputé abandonné. Ils ont la surprise d'y faire la connaissance de la comtesse Alda et de son serviteur Herman. Tous deux sont des vampires. Herman vampirise Luisa est désormais sous son emprise. Inquiète des changements opérés sur son amie Francesca finit par découvrir la vérité. elle est maintenant la proie du vampire...
Avec I vampiri / Les vampires Riccardo Freda allait en 1957 ouvrir la voie à un tout nouveau filon du cinéma d'épouvante, l'épouvante gothique à l'italienne, qui suivait de près les premières oeuvres de la célèbre firme anglaise Hammer. Historiquement parlant c'est à Renato Polselli qu'on doit le premier véritable film de ce nouveau style suivi de très près par Des filles pour le vampire / L'ultima preda del vampiro de Piero Regnoli.
Une jeune fille, Brigita, est attaquée par un monstre dans la campagne. La légende voudrait qu'un vampire hante les lieux. Elle décède quelques temps après du moins en apparence.
Une troupe de danseuses particulièrement sexy s'installe au domicile d'un vieux professeur. Elles vont y répéter leur prochain ballet. Luca, le fiancé de Francesca, une des danseuses, et petit-fils du professeur, les rejoint. Rapidement une atmosphère de peur plane sur la demeure faute aux légendes qui se racontent au village. Un soir d'orage Luca, Francesca et son amie Luisa se réfugient dans un château qu'on dit abandonné afin d'éviter la pluie. Ils ont la surprise d'y découvrir la ravissante comtesse Alda, propriétaire des lieux. Elle y vivrait seule avec son fidèle serviteur Herman. Alors qu'elle visite le château Luisa est attaquée par le monstre et vampirisée. Avant qu'ils ne quittent les lieux Alda demande à Luca de revenir et de
l'aider à quitter cette sinistre demeure dans laquelle Herman la retient selon elle prisonnière. En fait Herman et le monstre ne font qu'une seule et même personne. Afin de garder apparence humaine il se nourrit de sang humain et espère bien devenir le maitre absolu du monde des vampires aux cotés de Alda, sa maitresse avec qui il entretient une étrange relation sadomasochiste. Désormais sous son emprise Luisa va tenter de lui emmener Francesca afin qu'il la tue, la jeune femme ayant découvert l'atroce vérité. Francesca essaie de s'enfuir du château au moment où Luca et Giorgio le professeur de danse s'apprêtent à affronter Herman et Alda. Les premiers rayons de l'aube vont alors surprendre le couple de vampires.
Premier film d'horreur réalisé par Renato Polselli L'amante del vampiro n'a pour seule véritable originalité scénaristique que d'avoir tenté de moderniser le mythe du vampire en transposant l'histoire de nos jours, un essai marqué par la présence d'une troupe de jeunes et jolies danseuses aux formes généreuses, un ballet très contemporain venu répéter son prochain spectacle. Pour le reste tous les éléments propre à l'épouvante gothique sont ici présents, aucun ne manque à l'appel: un château lugubre avec ses cryptes et ses couloirs, campagne peu rassurante et nuits d'orage, ombres menaçantes, cochers fous, sans oublier crucifix, gousses d'ail, tombes et canines acérées. Pour la légèreté de l'ensemble Polselli y
ajoute une historiette d'amour, deux tourtereaux sur le point de se marier, une romance édulcorée d'un autre temps qui fera sourire par son coté si désuet.
Pas forcément très crédible ou même vraisemblable, parfois drôle, La maitresse du vampire se rattrape essentiellement par quelques séquences plastiquement fort belles, sublimées par un magnifique noir et blanc, quelques jolies scènes d'épouvante tout à fait fonctionnelles qui en leur temps durent faire effet (l'inhumée vivante, les parties filmées au château...) et surtout ce souffle d'érotisme sulfureux dans lequel baigne le métrage. En avance sur son temps Polselli tentait déjà avec ce film de défier la censure qui dut par instant grimacer
devant une audace qui aujourd'hui semblera si anodine mais qui remis dans le contexte de ce tout début d'années 60 dut en faire frémir plus d'un. Pour preuve les poses lascives et suggestives des danseuses lors des répétitions des chorégraphies tout sauf innocentes et les scènes de vampirisation durant lesquelles les victimes se caressent la poitrine avec sensualité ou les plans de dos s'attardant sur les petites culottes des jeunes femmes.
Si le final, plutôt palpitant, s'inspire visiblement du Cauchemar de Dracula Polselli a tout de même quelque peu adapter le mythe de façon quelque peu personnel. Loin de l'être séduisant au charme hypnotique le vampire de Polselli est plus un monstre à la Boris Karloff, un vieillard défiguré qui retrouve la jeunesse à chaque nouvelle gorgée de sang et à
pour but de devenir le maitre du monde de la nuit. Il entretient une relation assez floue avec la comtesse, elle aussi vampire, dont on a un peu de mal à comprendre le comment du pourquoi. Peu importe au final puisque Alda a les traits de la charnelle Maria Luisa Rolando transformée pour l'occasion en une copie conforme de Barbara Steele.
Ecrit par Ernesto Gastaldi qui fut également l'assistant de Polselli sur le tournage mais conçu et imaginé au départ par Walter Bigari alias Walter Brandi La maitresse du vampire fut réalisé en trois petites semaines seulement sans quasiment aucun budget à Artena dans le Lazio, dans sa majeure partie au palais des Principi Borghese et au château de
Passerano. C'est également Brandi qui réussit à convaincre Bruno Bolognesi de produire le film. Brandi, le Christopher Lee italien pour certains, le Karloff transalpin pour d'autres, s'octroya ici le rôle du monstre, un brin pataud, pas toujours très crédible, comme il le refera par la suite dans Des filles pour le vampire et La strage dei vampiri. La maitresse du vampire marque aussi, il est important de le noter, la première collaboration artistique entre Polselli et l'acteur Isarco Ravaioli, alors fraichement sorti de la Centro Sperimentale cinematographia, dont il fera son comédien fétiche. Ravaioli et le cinéaste ne se quitteront plus et dans les années 70 c'est dans la villa de l'acteur devenu jet setter reconnu, haut lieu
des festivités mondaines romaines, que Polselli tournera la plupart de ses films. C'est Tina Gloriani, alors fiancée du réalisateur, qui interprète Luisa. Tina apparaitra encore dans quelques films (Il monaco di monza) avant de quitter le monde du cinéma pour s'adonner à la peinture. Quant à Francesca le rôle est tenu par la française Hélène Rémy qui pendant vingt ans tourna partagée entre la France et l'Italie.
Sans être un pilier du cinéma d'horreur gothique, La maitresse du vampire, hormis d'être un des meilleurs films si ce n'est le meilleur film de Polselli est une gentille petite bande d'épouvante au charme désuet, au noir et blanc étincelant qui saura parfaitement distraire un spectateur en quête de très gentils et inoffensifs frissons.