Escalofrio diabolico
Autres titres: Frissons diaboliques
Real: George Martin
Année: 1971
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 80mn
Acteurs: George Martin, Patty Shepard, Mariano Vidal Molina, Cris Huerta, Silvana Sandoval, María Salerno, José Villasante, Rosario Royo...
Résumé: Clyde est à la tête d'une secte satanique qui à chaque pleine lune sacrifie une jeune fille sur l'autel. Clyde vit au château familial avec sa maitresse, Simone, qui est aussi l'infirmière de sa mère mourante. Arrive Vivianne, la fiancée d'Alex, le frère de Clyde, mort dans un accident de voiture. Vivianne a des doutes quant aux raisons de l'accident qui a couté la vie à Alex. Elle va découvrir que non seulement Alex n'est pas mort mais également certains secrets qu'elle n'aurait jamais du mettre à jour...
Surtout connu en tant qu'acteur notamment pour une pléthore de westerns tournés dans les années 60, George Martin s'est également essayé à la réalisation en commettant trois petits films dont Escalofrio diabolico en 1971, sorti très discrètement en France sept ans plus tard durant l'hiver 1978 sous le titre Frissons diaboliques. Si le titre laissait présager une inquiétante petite bande horrifique tendance satanique, le résultat à l'écran prouve que Martin a eu bien raison de ne mettre en scène que trois films.
Dans un vieux château perdu quelque part dans la campagne espagnole, Alex vit avec
Simone sa maitresse qui se trouve être également l'infirmière de sa vieille mère mourante. Clyde le frère d'Alex est mort quelques mois plus tôt dans un accident de voiture. Vivianne sa fiancée arrive au château, dubitative quant aux réelles raisons de sa mort. Alex, obsédé par Vivianne, est à la tête d'une secte satanique composée de notoires de la ville qui aux douze coups de minuit sacrifie une vierge une nuit de pleine lune. Vivianne découvre alors que la matriarche conserve le corps de son mari putride dans la crypte du château mais surtout que Clyde est bel et bien vivant. Clyde le retient prisonnier afin de s'accaparer l'héritage familial. Surprise par Alex, Vivianne est alors choisie pour être sacrifiée sur l'autel lors du rituel satanique qui aura lieu à minuit. Simone réussit à délivrer la jeune femme qui engage alors un combat fatal pour sauver et libérer Clyde.
On a ici tous les ingrédients du film d'horreur sataniste tendance gothique. Quasiment aucun ne manque à l'appel. On y retrouve en effet le décor lugubre, un vieux château délabré, quelques ruines et de sombres cryptes, dans lequel évolue tout un éventail de personnages inquiétants, une châtelaine mourante hystérique qui garde le cadavre décomposé de son mari dans les sous sols humides de la bâtisse ancestrale, un effroyable domestique muet mais surtout fou qui collectionne des mannequins avec lesquels il danse avant de les massacrer à coups de hache, un riche héritier à la tête d'une secte diabolique dont les membres se cachent sous des cagoules écarlates (on songe aux futurs The girl in room 2A et Frati rossi) qui chaque pleine lune font le sacrifice d'une vierge. On ajoute à cela une sombre histoire d'héritage, un frère prétendu mort mais qui ne l'est pas et deux belles et innocentes héroïnes, de quoi mettre sur pied une solide et sinistre histoire.
Le problème est que Frissons diaboliques n'est ni solide encore moins sinistre. Ce n'est en fait ni vraiment un film d'horreur, ni un film fantastique, pas même un film d'épouvante ni même satanique ou si peu. C'est tout juste un banal et médiocre petit thriller qui passe à coté de son sujet faute à l'amateurisme d'un réalisateur qui à aucun moment ne maitrise son sujet. Tout n'est en effet que stéréotypes et banalités, une sorte de pot-pourri dans lequel Martin n'a fait que mélanger les plus grosses ficelles du genre sans jamais réellement les utiliser. En résulte un film souvent assez incompréhensible, brouillon, qui à aucun moment ne fait mouche, plus ridicule qu'effrayant. Quel est donc l'intérêt de ces mannequins en plastique soigneusement placés au milieu de ruines avec lesquels le vieux serviteur s'amuse pour mieux les pourfendre dans un accès de folie (ils lui rappellent apparemment une femme qui l'a jadis aimé et tué mais on en saura jamais plus), pour quelles raisons la matriarche garde t-elle le corps de son époux si ce n'est pour donner au film un ton macabre bien inutile. Quant à la secte, on en saura bien peu sur elle mais on aura vite deviné qui se dissimule sous ses habits. Alors qu'elle devrait être au centre de l'intrigue, elle est beaucoup trop oubliée comme le sont les sacrifices qu'elle pratique comme l'est également le but de ces rituels. Reste un sombre complot visant l'héritage familial tout aussi peu détaillé malheureusement. La curiosité laisse vite la place à l'ennui d'autant plus qu'il ne se passe pas grand chose. Aucun meurtre ni sacrifice, aucun véritable frisson pas même un soupçon d'érotisme pour revigorer un spectateur de plus en plus en mal de scènes choc qui devra attendre le massacre final pour voir ses attentes satisfaites du moins en partie car Martin reste très sage même dans sa folie meurtrière. Ce carnage soit les cinq dernières minutes est si mal orchestré, si grossier, qu'il en devient bien involontairement hilarant et transforme ces Frissons diaboliques en une sorte de comédie horrifique de niveau Z.
C'est d'autant plus regrettable que Martin avait sous la main tous les ingrédients pour donner vie à une petite bande d'épouvante sataniste fort sympathique ne serait ce que pour les lieux de l'action eux mêmes. Le château et ses cryptes sont vraiment impressionnants, aussi lugubres que délabrés comme le sont les ruines qui avoisinent le domaine. Certains personnages possèdent une certaine aura telle cette matriarche agonisante au regard fou ou le domestique meurtrier obsédé sexuel. Il y a des idées (le frère retenu prisonnier enchainé dans la crypte, les mannequins...) mais présentées de façon anarchique, elles perdent tout intérêt.
L'interprétation est à la hauteur du film lui même, c'est à dire mauvaise. On peine à croire à ces personnages dessinés à gros traits qui récitent sans conviction des dialogues souvent ineptes. George Martin s'octroie le rôle principal, celui d'Alex. Peut être aurait il mieux fait de continuer dans le registre western car sa prestation prête le plus souvent à sourire.
L'américaine Patty Shepard, une figure récurrente du cinéma ibérique, a quant à elle le mérite d'être belle.
Gâché par l'incapacité de son auteur à mettre en scène cette histoire d'héritage et de sacrifice rituel, Escalofrio diabolico, accompagné d'une abominable partition musicale est un bien mauvais exemple de cinéma horrifique ibérique estampillé années 70. Il est à réserver aux collectionneurs assidus de petites pellicules rares qui trouveront là une petite pièce de plus à mettre sur leur étagère. Ni plus ni moins!