Hedonistic pleasures
Autres titres: Naked psyche
Real: Ed De Priest
Année: 1969
Origine: USA
Genre: Mondo
Durée: 54mn
Acteurs: Pat Barrington, Sharon Wells, Natasha Steel, Nancy Mc Gavin, Maria Lease, Camille Grant, Tony Brooks, Tod Badker,...
Résumé: Un petit tour d'Hollywood et de Los Angeles afin d'y découvrir leur face cachée, celle des plaisirs de la chair et du sexe à travers quelques documents qui témoignent de la perversion dont font preuve leurs habitants...
Propriétaire de la Canyon Films, une boite spécialisée dans la production de films pornographiques dans les années 70 et 80, metteur en scène et producteur, l'américain Ed De Priest débuta sa carrière en 1968 en produisant un petit film d'exploitation, The kill, une sorte de thriller érotique hilarant avant de réaliser la même année son premier long métrage, un soft porno intitulé Blow the man down. Hedonistic pleasures est son second film avec lequel il fait une incursion dans un genre alors en vogue, le sex mondo. Hedonistic pleasures est un joli exemple de ces pseudo documentaires coquins qui savaient
parfaitement détourner l'attention de la censure en proposant au public avide de sexe et de voyeurisme des oeuvres indécentes qui cependant ne sombraient jamais dans la pornographie alors interdite. Ainsi présentés sous forme de documentaires, ces films offraient donc un certain intérêt informatif bien hypocrites mais n'étaient au final que des pellicules roses pas assez pornographiques pour être prohibées mais suffisamment salaces et suggestives pour satisfaire les instincts lubriques du spectateur.
L'hédonisme est la quête du plaisir, de la jouissance, d'en procurer et de s'en donner, d'en faire le but de son existence. Ces plaisirs hédonistes pouvaient donc laisser sous-entendre
un petit film franchement sympathique et surtout joyeusement voyeur qui nous apprendrait comment bien jouir des délices charnels. On est malheureusement loin des promesses d'un titre alléchant et de son slogan accrocheur: un tour d'horizon des pires aberrations sexuelles, une visite de Hollywood, ville peuplée de dépravés et de pervers en quête de plaisirs toujours plus outrageux pour satisfaire leur insatiable appétit sexuel. Hedonistic pleasures n'est malheureusement qu'une simple pellicule érotique certes riche en nudité et exhibitionnisme en tout genre mais si répétitive et trompeuse qu'elle en devient assez rapidement lassante. La narratrice, c'est en effet une femme qui commente le film
cette fois, nous invite donc à découvrir Los Angeles, joliment surnommé non pas La grosse pomme comme New York mais La grosse pute (The big whore), berceau dit-elle de la perversion et de la débauche. Voilà pourquoi le film s'ouvre sur une femme s'exhibant, posant dans sa salle de bain, sous sa douche, à grands renforts de zooms déformants qui font ressembler sa généreuse poitrine à d'énormes pis de vache. Elle pourrait être une sombre inconnue mais elle ne l'est cependant pas puisqu'il s'agit de la vulgaire mais pulpeuse Sharon Wells bien connue des érotophiles et des amateurs d'exploitation américaine (la
lesbienne de The animal de Lee Frost notamment). Car la plupart des protagonistes de ce sex mondo sont des acteurs habitués aux productions de De Priest et Frost. Pas de caméras cachées ni de scènes prises sur le vif, juste du fait maison noyé dans une avalanche d'effets psychédéliques comme le prouve la longue, trop longue séquence suivante, celle d'une strip-teaseuse dans un club qui durant quasiment dix minutes danse dans des halos de lumières vives qui flashent et tourbillonnent dans le plus pur style fin années 60, ses trips hallucinogènes et ses kaléidoscopes d'images dont le réalisateur use et abuse comme si c'était là le seul moyen qu'il connaissait pour donner un peu de vie, de
force, à ses différentes séquences. Voilà qui pourrait être charmant, particulièrement agréable pour tout amoureux de psychédélisme et autre voyage sous acides. D'autres sex mondo de ce type aussi fades soient ils réussissaient là où Hedonistic pleasures échoue, trop d effets tue l'effet encore plus si le contenu est vide d'intérêt.
L'épisode suivant n'est guère plus enthousiasmant. Un groupe de hippies se baigne dans une rivière après avoir fumé le narguilé tandis que la toute décolorée et plantureuse Nancy McGavin leur fait une danse de ventre afin d'exciter leurs sens, le soleil chauffant leurs parties génitales dixit la narratrice. Beaucoup de communautés hippies invitaient des strip-
teaseuses outrageuses vêtues comme Divine quelques petites années plus tard, c'est un fait connu! De Priest atteint là des sommets de ridicule! Suit la séquence où sur un photographe qui prend des clichés de sa modèle nue, Natasha Steel (revue par la suite dans Camp spécial 7 le nazisploitation de Frost), puis fera l'amour à la directrice de l'agence (Maria Lease) avant qu'une deuxième fille se joigne à eux, le trio pudiquement filmé derrière un rideau. Le film se clôturera sur les ébats de deux lesbiennes filmés cette fois en négatif.
Spectacle ennuyant et soporifère, Hedonistic pleasures n'a comme seul véritable intérêt que son visuel psychédélique multicoloré qui ravira l'oeil de l'amoureux d'effets hypnotiques
hallucinatoires et son lot de nudité pour affamés de chair fraiche. De Priest demeure cependant assez sage. Aucune effusion de sexe. On se montre nu le plus souvent de dos, on joue avec son corps, on exécute quelques gentils strip-teases, on prend la pose, lascive et aguicheuse, rien de plus. Le sexe ou du moins les plaisirs charnels ne dépassent jamais les limites de la décence. On est à des années lumière des aberrations sexuelles mentionnées sur l'affiche.
Hedonistic pleasures n'est jamais qu'un sex mondo qui comme tant d'autres prêche par son hypocrisie, loin de tenir les promesses d'un titre aguicheur, parfait reflet de toute une ère
cinématographique qui sournoisement savait se jouer de Dame censure en contournant malicieusement sa garde. Ne reste qu'un show érotique trop répétitif souvent drôle commenté de manière bien plus hallucinante que ses images hallucinogènes. A ce niveau, La grosse pute n'est qu'une douce catin! Frustrant mais amusant... dans un certain sens.