Genova a mano armata
Autres titres: L'homme sans pitié
Real: Mario Lanfranchi
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Polizesco
Durée: 78mn
Acteurs: Adolfo Celi, Tony Lo Bianco, Maud Adams, Howard Ross, Barbara Vittoria Calori, Fiona Florence, Luigi Bonos, Carmen Russo, Mario Lanfranchi, Ottaviano Dell'Acqua, Dario Ghirardi, Andrea Gnecco, Carlo Cicala Gravina, Armando Brandolino...
Résumé: Une bande de trafiquants d'héroïne officie à Gênes. Si l'inspecteur Lo Gallo sur l'affaire, il voit d'un mauvais oeil que Yankee, un ex-policier américain reconverti en détective privé, empiète sur son enquête. Ils se livrent entre eux à une petite guerre personnelle. Le détective découvre alors qu'un hôpital pour toxico-dépendants servirait de couverture aux trafiquants. Il s'injecte alors une dose d'héroïne et s'y fait admettre. Il découvre également que Marta Mayer, la ravissante femme qu'il a séduit, serait à la tête du trafic...
Avant dernier film du peu prolifique réalisateur Mario Lanfranchi à qui on doit uniquement un intéressant western-spaghetti, Sentence de mort et une sympathique comédie douce amère, La padrona è servita, Genova a mano armata fait partie de ces obscurs polizeschi aujourd'hui oubliés voire quasiment disparus que l'amateur prendra plaisir à découvrir à travers malheureusement de bien médiocres supports, à savoir ici un bootleg de piètre qualité.
Après Turin, Rome, Naples et Milan, Gênes fut une des villes d'Italie où quelques réalisateurs aimèrent situer l'action de leurs films. A l'instar de Stelvio Massi pour sa trilogie mettant en scène l'inspecteur Mark Terzi, Lanfranchi promène son détective privé à travers un Gênes peu reluisant et tristement mis en valeur où officient des trafiquants d'héroïne.
Contrairement à ses confrères Enzo Castellari, Sergio Martino et autres Umberto Lenzi, Lanfranchi s'intéresse ici beaucoup plus aux dialogues, à la récitation qu'à l'action et au suspens. Tout l'intérêt de Genova a mano armata repose en effet sur les prises de bec et les joutes verbales particulièrement ironiques entre ses deux principaux protagonistes, un ex-flic américain émigré à Gênes reconverti en détective et l'inspecteur débonnaire Lo Gallo. Tout deux forment un duo qui n'est pas sans rappeler celui qu'incarnait Terence Hill et Bud Spencer, plein d'humour et de sarcasmes. Ces savoureux échanges verbaux et autres joyeuses piques sont l'essence même du film, l'action passant au second plan. Genova a mano armata risque en effet de décevoir tous les amateurs de polars italiens musclés.
Point de folles courses-poursuites à travers les rues de la ville ni même l'ombre d'une voiture de police, pas de cascade ni de violentes empoignades si ce n'est lors des quinze dernières époustouflantes minutes, un peu comme si Lanfranchi avait concentré toute son énergie sur le final, Genova a mano armata avoisine en fait beaucoup plus le polar à l'américaine, le petit western urbain dont le ton se rapproche souvent de la bande dessinée noire et de l'univers de Chandler. On se contentera donc ici de simples poursuites à pied (on court en effet beaucoup chez Lanfranchi), quelques échanges de coups de feu et quelques coups de poing et filets de sang qui assaisonnent un scénario improbable, une simple et banale histoire de trafiquants de drogues qui de surcroit souffre d'un rythme souvent inégal notamment durant toute la première partie. Certaines séquences trainent un peu trop en longueur comme si le cinéaste tentait d'atteindre difficilement le temps réglementaire.
Le principal attrait de ce petit polar outre son aspect très ironique que lui apporte le tandem formé par Adolfo Celi, excellent, et Tony Lo Bianco, parfait dans la peau de cet américain qui ne boit que des milk-shake, est l'image de Gênes elle même, sale et vétuste, formée de ruelles tristes, de bâtiments fissurés et d'appartement miséreux, sombre reflet de la pauvreté de la ville. On soulignera la très jolie partition musicale signée Franco Micalizzi et une distribution alléchante qui nous permet de retrouver aux cotés de Tony Lo Bianco, omniprésent à l'écran tout au long du métrage, le regard envoûtant de Maud Adams en femme de pouvoir aussi sexy qu'implacable, Howard Ross, Ottaviano Dell'Acqua et la suédoise Yanti Somer dans la peau d'une dangereuse tueuse androgyne qui arbore pour
l'occasion une coupe très courte époque pré-punk. Notons l'apparition furtive d'une toute jeune Carmen Russo, l'aguicheuse caissière des bains-douches sur laquelle Lanfranchi fixe sa caméra le temps d'un plan totalement gratuit à l'intérieur de son vertigineux décolleté.
Modeste, discret, Genova a mano armata se laisse cependant regarder avec un certain plaisir malgré ses défauts. Anodin, il se fond totalement dans la production d'alors mais son coté éminemment sympathique, son humour incessant, son ambiance très particulière et surtout sa rareté aujourd'hui en font un petit polar tout à fait divertissant du moment qu'on n'est pas trop exigeant en matière d'action.