Getting even
Autres titres: Le justicier solitaire / Deadbeat / Tomcats
Real: Harry Kerwin
Année: 1976
Origine: USA
Genre: Rape and revenge
Durée: 81mn
Acteurs: Wayne Crawford, William Kerwin, Daniel Schweitzer, Jim Curry, Polly King, Chris Mulkey, Sam Moree, Melisande Conaway, Rich Demot, Alison Schlicter, Myraih, Mia Marchand, Melodee Spevack...
Résumé: Une bande de quatre voyous terrorise la ville. Ils violent et tuent gratuitement de malheureuses victimes. Un jour ils s'en prennent à la soeur de Colin, un jeune policier, la violent et l'assassinent avant de s'enfuir à nouveau. Ils sont un jour arrêtés totalement par hasard. A la surprise de tous, ils sont libérés pour vice de forme. Ecoeuré, le jeune policier décide de faire justice lui même. Ils traquent les voyous et va tenter de les tuer un par un. Ils décident donc de s'en prendre à sa fiancée...
Cet inédit vidéo qui en son temps fit couler beaucoup d'encre quant à sa violence et lui valut une totale interdiction de sortie sur le territoire américain, en Angleterre et en Norvège n'est cependant guère plus violent que beaucoup d'autres oeuvres du même acabit sorties alors. En fait Getting even parfois retitré Le justicier solitaire en référence au film de Michael Winner Un justicier dans la ville auquel il se rattache, n'est jamais qu'un de ces nombreuses petites séries indépendantes, ces grindhouse qui firent jadis les beaux jours des drive-in et autres salles underground américaines.
Le film de Harry Kerwin, un des spécialistes du nudie, est un rape and revenge plutôt classique qui repose sur un scénario convenu et sans réelle surprise si ce n'est l'impressionnante accumulation de dialogues crus et orduriers que la version française rend très souvent parfaitement ridicules. L'histoire est simple. Quatre voyous passent leur temps à violer et assassiner de jeunes innocentes. Lorsque la soeur d'un jeune policier est à son tour violée et tuée, il compte sur la justice pour qu'ils soient condamnés. S'ils sont bel et bien arrêtés, ils sont pourtant relâchés pour vice de forme. Empli de haine, le policier décide alors de faire justice lui même en éliminant les malfrats un par un. Ils vont alors s'en prendre à sa fiancée.
Si le scénario sent le déjà-vu il est pourtant d'une redoutable efficacité du moins au niveau de la violence. Le moins qu'on puisse dire c'est que Kerwin ne fait pas dans la dentelle. Dés la séquence d'ouverture le ton est donné, le triple viol d'une malheureuse serveuse dans une cafeteria vide puis son exécution sommaire d'une balle dans la tête. Pas suffisamment satisfaits les voyous enlèvent ensuite une jeune femme, la viole dans leur camionnette puis la tue. Si ces agressions sexuelles sont d'une étonnante gratuité, elles sont tout simplement à l'image des quatre hommes, primaires et bestiaux, présentés par Kerwin comme des bêtes sauvages sans foi ni loi. Aussi méprisables que stupides voire niais, ils sont en plus d'une monstrueuse misogynie. La femme est une putain faite pour être humiliée, avilie et surtout assouvir les désirs de l'homme à coups d'insultes et de gifles. Ainsi présentés, on ne pourra guère leur trouver d'excuses d'autant plus qu'ils sont très mal définis mais sont avant tout dénués de toute psychologie. Ce ne sont que de simples esquisses lâchées dans la nature par le cinéaste dont l'objectif premier est de choquer et révulser le spectateur par les moyens les plus abjects. Tout est mis en oeuvre pour le mettre en position de voyeur et ainsi flatter ses instincts les plus pervers, éveiller la bête qui sommeille en lui. Sur ce plan, Kerwin atteint son but et on applaudira face à tant de bassesse jouissive.
A cette absence totale de psychologie sur laquelle on sera magnanime s'ajoute malheureusement une multitude d'incohérences qui rendent l'ensemble bien peu crédible. Ainsi aucune enquête n'est ouverte malgré l'accumulation d'agressions sexuelles et de meurtres, les voyous agissent de surcroit en toute tranquillité au vu de tous et lorsqu'ils sont enfin arrêtés ils le sont pour cause d'ébriété sur la voie publique. Si leur arrestation fait penser à une très mauvaise série policière, le summum du ridicule est atteint lors de leur procès expédié en quelques secondes, ils sont en effet libérés pour vice de forme, le témoignage d'un ivrogne notoire n'étant pas recevable malgré les preuves flagrantes. Si on croit rêver le jeune policier quant à lui n'en croit pas ses oreilles. Une telle aberration dans un scénario devrait être sanctionnée par la loi mais au moins nos quatre violeurs sont libres, peuvent ainsi se faire traquer et punir en toute impunité par notre policier justicier fort en colère et le film peut surtout se poursuivre allégrement dans la joie et la violence.
Il ne faut donc pas chercher une quelconque crédibilité à Getting even ni même une once de suspens. Le réalisateur continue de balayer toute vraisemblance lors de la seconde partie du film, la traditionnelle chasse à l'homme réduite à son plus strict minimum jusqu'au massacre final dans le motel où se sont réfugiés les violeurs en compagnie de deux putains d'une sidérante vulgarité que Kerwin aiment montrer uriner sous un flot de grossièretés. Un des points marquants du film est en effet son incroyable débit d'insanités que la version française appuie tout particulièrement jusqu'à faire perdre à l'ensemble son aura méphitique. A force d'exagérer et multiplier les dialogues crus et orduriers qui utilisent un vocabulaire d'un autre âge, ils perdent beaucoup de leur impact et font surtout beaucoup rire tant ils deviennent surréalistes.
On frise la comédie graveleuse pour adultes et certaines séquences vont de pair avec ces répliques hallucinantes, pour preuve cette fellation contrainte que doit faire une brave femme en tenant en main des carottes et des oignons qu'elle s'apprêtait à faire mijoter lorsque l'homme eut l'envie soudaine de ce petit plaisir. Paradoxalement Getting even reste pourtant assez sage au niveau des scènes de sexe et risque donc de décevoir ceux qui en attendraient un festival d'images croustillantes. Ils devront simplement se contenter de quelques poitrines dénudées et furtifs plans de fessiers masculins.
Quant à l'interprétation elle est honnête. Les acteurs font tout simplement ce qu'ils ont à faire c'est à dire pas grand chose hormis éructer, boire, être grossiers et baisser leur pantalon à tout va alors que les comédiennes se font abuser ou montrent leurs seins. Soulignons tout
de même la prestation du producteur et co-scénariste Wayne Crawford qui incarne un chef de bande tout à fait inquiétant et surtout réaliste. A ses cotés, on reconnaitra William Kerwin, le frère de Harry, Chris Mulkey entraperçu ensuite dans Rambo et la série Twin Peaks ainsi que toute une brochette d'acteurs et actrices pour la plupart inconnus dont les jeunes Jim Curry et Daniel Schweitzer qui nous offrent une vue de leur joli derrière et Scott Lawrence qui de son coté nous étourdit en nous délectant d'une vue fort appétissante de sa braguette ouverte sur un petit slip blanc!
Bien peu crédible, expéditif, Getting even est un pur film d'exploitation méconnu fortement estampillé années 70 qui fera le plaisir des amateurs de Rape and revenge misogynes adeptes de brutalité et d'obscénités verbales. S'il porte toutes les stigmates de ce type de petites productions indépendantes d'alors, Getting even remplit correctement sa mission de base, titiller la soif de perversion du spectateur tout en flattant ses bas instincts... de plus en le faisant cette fois rire. Voilà donc une réussite.