Brillantina rock
Autres titres: Disco crazy / Brillantine rock
Real: Michele Massimo Tarantini
Année: 1979
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 85mn
Acteurs: Monty Ray Garrison, Cecilia Buonocore, Auretta Gay, Mauro Frittella, Mimmo Bua, Fiamma Maglione, Sergio Borelli, Christine Kenneally, Edmondo Tieghi, Fortunato Arena, Letizia D'Adderio, Jimmy il Fenomeno, Angela Ghigi...
Résumé: Robbie passe son temps à danser en boite de nuit accompagné de Sandra sa meilleure amie. Un jour il fait la connaissance de Cindy, une superbe américaine rousse qu'il veut conquérir. Il souhaite également qu'elle devienne sa partenaire de danse. Réticente, Cindy a déjà un copain. Finalement, elle lance un défi à Robbie. Il doit danser contre son adversaire juré, Rick. S'il gagne elle acceptera sa proposition. Malheureusement, Robbie perd le concours...
Il aurait été étonnant que La fièvre du samedi soir ne fasse pas quelques émules en Italie même si tout compte fait, le film de John Badham n'engendra que quelques rares ersatz transalpins. Si on excepte la version de Claudio Giorgi avec Mircha Carven et Zora Kerowa, La febbre americana / American fever, il n'y eut guère que Michele Massimo Tarantini pour tenter de copier les virevoltantes aventures d'un John Travolta survolté. Brillantina rock à l'instar de sa morose version de La cage aux folles, Gay Salomé qu'il tourna à la suite, fait partie des films les plus obscurs du réalisateur. Totalement méconnu du grand public, n'ayant jamais connu les honneurs d'une sortie en salles ni même d'une édition vidéo décente, Brillantina rock est une petite série B disco qui brille de par sa pauvreté et la quasi inexistence de son scénario. Spécialiste de la comédie sexy, auteur de quelques petits polars, Tarantini a voulu ici sortir des sentiers battus avec ces deux films qui aujourd'hui encore demeurent de véritables OVNI.
Notre Tony Manero s'appelle ici Robbie, les cheveux gominés, le pantalon blanc à pinces impeccable, éternellement flanqué de son side-car russe (!) affectueusement surnommé Lizzie, décoré de deux photos de son idole John Travolta collée sur les rétroviseurs! Robbie et sa meilleure amie participent à tous les concours de danse organisés par la boite de nuit de leur ville. Lorsque Cindy, une jeune et ravissante américaine, débarque, Robbie n'a qu'une seule envie, qu'elle devienne sa partenaire. Elle est alors l'enjeu d'un concours entre Robbie et son adversaire, Rick. L'intrigue du film tient sur confetti si d'intrigue toutefois on peut parler ici. Brillantina rock brille avant tout non pas par le volume de brillantine appliquée sur les cheveux mais par sa totale absence d'histoire. C'est ici le néant scénaristique absolu, tout le film s'articule simplement sur un seul et unique personnage, Robbie, et un enchainement de numéros de danse. Tarantini pose ses protagonistes comme on pose des pièces sur un échiquier et les agite en tout sens au gré d'un fil conducteur microscopique. On ne saura rien d'eux ni de leurs motivations, aucun profil social encore moins psychologique, ce ne sont que des ombres. L'important est simplement qu'ils dansent. Rarement avait-on vu scénario aussi rachitique.
Prince de la sexy comédie, Tarantini tente de greffer ça et là quelques gags et scènes dites comiques mais perdues dans ce vide, les effets tombent à l'eau et semblent déplacés (la poursuite en 4L désossée, le diner à l'hôtel, la course en moto bêtement inspirée de La fureur de vivre) tandis que les dialogues laisseront quant à eux pantois le spectateur, tout bonnement insignifiants à l'image de l'interprétation. Comme pour Gay Salomé, Tarantini a eu une fois encore recours à une brochette d'acteurs pour la plupart amateurs dont ce fut là l'unique prestation. C'est Monty Ray Garrison qui endosse ici la peau de Robbie, notre Travolta du pauvre. Malgré l'énergie qu'il dépense et un certain charme, Monty Ray est d'une extrême fadeur. On aura tout de même la très mince satisfaction de brièvement l'admirer en slip au sortir du lit. On se console comme on peut! Que dire des autres comédiens avec lesquels il partage l'affiche? Le réalisateur semble avoir réunis non seulement les acteurs les plus laids qui l'ait pu trouver mais également les plus inexpressifs, une palme d'honneur pour Auretta Gay, éphémère comédienne immortalisée pour son rôle dans L'enfer des zombis de Lucio Fulci. Fatale elle l'est en effet mais malheureusement dans le mauvais sens du terme malgré ses tenues léopard ultra sexy! On ne retiendra que la présence et la fraicheur de l'intrépide et sémillante Cecilia Buonocore, célèbre chanteuse de variété italienne de l'époque.
Restent au crédit du film, ses nombreux numéros de danse tous plus endiablés les uns que les autres au niveau du rythme car visuellement les chorégraphies sont elles aussi peu recherchées et guère attractives d'autant plus que Tarantini, d'une sidérante balourdise ou maladresse, les filme la plupart du temps soit de loin soit à demi hors cadre. Les morceaux musicaux sont souvent entrainants, plus rock que disco avouons le comme si le réalisateur tentait l'amalgame entre Grease et La fièvre du samedi soir. On retiendra une version disco de I can't get no satisfaction, quelques titres du groupe Voyage et même notre Sheila nationale époque B. Devotion et sa version de You light my fire ainsi qu'une danse country disco effrénée qui en fera se lever plus d'un! Notons qu'on doit une bonne partie de la bande originale à Gianfranco Reverberi coupable des partitions musicales des films de Polselli. La musique est le moteur du film et dans un sens elle comble la vacuité de l'histoire comme elle remplit la vie de son insipide héros.
Malgré ce vide astral, malgré une photographie hideuse et une mise en scène sans imagination ni grande envergure, Brillantina rock parvient cependant à distraire tant il est idiot. Il en devient donc par la même amusant. Voilà donc un OVNI musical dont tout l'intérêt outre de vous mettre des fourmis dans les jambes et vous faire taper du pied est justement d'être un OVNI, ces curiosités souvent festives d'un cinéma atypique dont tout le charme provient de son improbabilité. En résumé c'est très bête mais qu'est-ce qu'on danse!