Passi furtivi in una notte buia
Autres titres: Zelmaide
Réal: Vincenzo Rigo
Année: 1976
Origine: Italie
Genre: Comédie
Durée: 84mn
Acteurs: Carmen Villani, Walter Chiari, Gianni Cavina, Carlo Delle Piane, Carlo Croccolo, Franco Angrisano, Kristen Gilles, Pietro Tordi, Marco Bernek, Pippo Santonastaso, Ugo Bologna, Ferdinando Orlandi, Pietro Bona, Luciano Bianchi, Arrigo Lucchini, Enzo De Toma, Natalino Gullo, Augusto Magoni, Raffaele Triggia, Vienna Savini, Cesare Bastelli, Tatiana Ines Uniti, Giacomo Simoni...
Résumé: Ida tient le bar du village "Chez Ranieri" mais son grand rêve serait d'en être la propriétaire. Malheureusement ni elle ni son fiancé, Pompeo, n'ont assez d'argent pour le racheter. Avec l'aide d'un ami, Marchese, ils décident de mettre au point un plan pour dévaliser la banque locale. Ils ne savent pas encore que le riche Evaristo a lui aussi décidé de la dévaliser pour offrir à sa fiancée le train de vie qu'elle désire avoir...
Passionné de cinéma depuis sa plus tendre enfance Vincenzo Rigo débute comme monteur avant de travailler pour la télévision italienne puis tourner quelques courts métrages. Il réalise son premier film en 1974, un polar décevant qui vaut essentiellement pour son coté trash, Les assassins sont nos invités / Gli ospiti sono nostri ospiti. Il enchaine l'année suivante avec une sexy comédie franchement médiocre avec Carmen Villani et la star du porno américain Harry Reems, Lettomania, puis tourne ce qui sera son troisième et ultime film, Passi furtivi in una notte buia, une nouvelle comédie mais cette fois
policière avec toujours Carmen Villani qui ne va relever la cote de popularité de son auteur.
La belle Zelmaide dite Ida tient le bar du village, le Ranieri, mais elle rêve d'en être la propriétaire. Malheureusement ni elle ni son fiancé, Pompeo Diretti, n'ont assez d'argent pour l'acheter. Ils décident alors de monter un coup fumant, dérober l'argent de la banque locale avec l'aide de leur ami géomètre Marchesi. Ils ignorent que le clinquant Evaristo Dolci a lui aussi prévu de la dévaliser le même jour, à la même heure, afin d'offrir à sa petite amie, une superbe modèle, le train de vie qu'elle lui réclame. Mais c'est sans compter Pasquale Licata qui a eu vent de l'opération et en informe le maréchal des carabiniers. Pour s'en
assurer il met en place tout un système de surveillance à l'aide de micros mais aussi d'espions. Cela n'arrête pas Ida et ses complices qui durant une soirée de festivités passent à l'action et réussissent à dérober un demi milliard de lires. Leur coup est d'autant plus une réussite que c'est Evaristo qui se fait arrêter. Désormais riche Ida peut racheter le bar qu'elle renomme "Chez Zelmaide". Fort de leur triomphe la jeune femme et Marchesi aimeraient récidiver mais ce sera sans Piretti qui terrifié à l'idée de remettre fuit sur son vélomoteur.
Tiré du roman "Zelmaide un colpo in tre atti" de Giorgio Santi le film de Vincenzo Rigo qui
rappelle le I soliti ignoti de Mario Monicelli (1958) aurait pu agréablement mêler la comédie à une intrigue policière et faire de Passi furtivi in una notte di buia un petit délice d'humour mâtiné de suspens. Malheureusement Rigo n'a retenu du roman que l'aspect comique et un peu trop délaissé la préparation, la mise en place du plan visant à dévaliser la banque qui méritait d'être plus développé. S'ensuit un film souvent confus, pas toujours très clair, parfaitement improbable et dénué de suspens bien évidemment. Et si Rigo a mis l'accent sur l'humour l'effort n'est pas pour autant récompensé. Sur les 90 minutes que dure le métrage c'est à peine si on esquisse un ou deux sourires. Il faut encore moins espérer rire à
gorge déployée malgré une distribution cinq étoiles. C'est peut-être là le seul vrai atout du film. Rigo, du moins les producteurs puisque le metteur en scène n'eut pas son mot à dire, ont rassemblé quelques unes des plus grandes stars de la comédie italienne des années 50 et 60 ainsi que du théâtre locale que n'aurait pas renié Pupi Avati. Se retrouvent donc à l'affiche Walter Chiari (Piretti), Carlo Delle Piane, Gianni Cavina, Franco Agrisano (doublé par Lino Banfi ce qui fera surement hurler les puristes), Pippo Santonastasio, Pietro Tordi et Franco Croccolo. Chacun fait ce qu'il peut notamment Chiari et Delle Piane pour donner un peu de couleur à son personnage mais les efforts restent vains et seule leur présence
donne un peu d'âme à l'ensemble. Quant à Carmen Villani elle n'avait pas vraiment sa place ici. Ses qualités d'actrice ont toujours été minces mais cette fois elle est aussi inexpressive qu'une morte, jamais convaincante en bonne provinciale romagnole. On ne retiendra de sa prestation que de très rares plans seins nus. Là où une Orchidea De Santi aurait donné un peps incroyable tout en apportant une bonne dose d'érotisme Carmen échoue lamentablement. La petite curiosité provient de la présence du mannequin danois Kirsten Gille (la fiancée d'Evaristo qu'on a affublé d'un accent suisse) qui trois ans plus tard fera beaucoup parler d'elle pour ses déboires sentimentaux et le scandale lié à sa relation avec
le mari de Jackie Onassis.
Hormis la présence de cette brochette d'acteurs de la vieille école un autre atout du film est la description qu'il fait de la vie locale dans les villages d'Emilie-Romagne. On appréciera ce coté campagnard, champêtre, festif très bien imagé lors de la jolie séquence d'ouverture à la limite du documentaire, la fête sur la place du village (celle de Castello di Imola) avec son bal musette, ses sandwiches, ses saucissons, ses apéritifs... en plein mois d'aout caniculaire. Rigo a d'ailleurs utilisé quelques plans empruntés à différents documentaires pour donner plus de réalisme mais malheureusement cela tranche avec les séquences
reconstituées qui perdent leur charme et sonnent faux.
Passi furtivi in una notte buia (un titre furieusement éloquent) est une adaptation ratée, plus ennuyeuse que drôle. Vincenzo Rigo n'est peut-être pas entièrement responsable de cet échec puisqu'il fut tenus pieds et poings liés par la production qui lui imposa la distribution, s'occupa des répliques et de la confection même du film, raison pour laquelle il n'aime ni ce film ni Lettomania qui subit le même sort. Extrêmement déçu du résultat et des films commerciaux qu'on exigeait de lui Rigo mit un terme définitif à sa carrière après cette
comédie, ses rêves de cinéaste brisés. Afin de survivre et faire vivre sa famille il se tourna par la suite vers la publicité. Passi furtivi in una notte buia fut un échec à sa sortie en Italie. Est-ce étonnant?
Reste simplement une comédie romagnole anodine, fade, qui trouvera un bien faible intérêt auprès des fans (très) assidus de Carmen Villani et de cette troupe d'acteurs qui fit les beaux jours de la comédie d'antan. En dehors de ça ces pas furtifs dans une nuit noire sont ceux des spectateurs qui, las, quittent la salle de projection en catimini ou ceux du quidam qui quitte son salon en douce pour ne pas réveiller ceux qui déjà ont sombré dans une douce léthargie.