Perversion
Autres titres: La segretaria
Réal: Francisco Lara Polop
Année: 1974
Origine: Espagne
Genre: Thriller
Durée: 84mn
Acteurs: Nadiuska, Carlos Estrada, Teresa Gimpera, Ricardo Tundidor, Teresa Guaida, Erasmo Pascual, Alicia González, Manuel Ayuso, Fernando Villena, María Carmen Fretes, Manuel Ruiz, Lucas (le chien)...
Résumé: Marisa vient de trouver un travail de secrétaire dans une maison d'édition. Elle travaille pour Ricardo, un homme passionné de polars sanguinolents. Ils deviennent vite amis puis entament une relation amoureuse. Marisa nage en plein bonheur même si le passé de Ricardo présente des zones d'ombre notamment quant à son ex-épouse Elvira. Rapidement Ricardo exige de Marisa qu'elle soit la copie conforme d'Elvira...
Après avoir débuté comme directeur de production l'espagnol Francisco Lara Polop fait ses premiers derrière la caméra dés 1972 et va très vite se spécialiser dans les drames érotiques à l'aura sulfureuse. Il tourne entre autres avec Ornella Muti (Cebo para un adolescente) en 1974, donne en 1977 à Victoria Abril un de ses tout premiers rôles (Obsession). Entre les deux il met en scène ce Perversion, un thriller érotique doté d'un titre qui laisse l'imagination vagabonder mais est-ce à tort ou à raison? Disons le de suite: à tort!
La jeune et séduisante Marisa trouve son tout premier emploi de secrétaire au sein d'une
célèbre maison d'édition dirigée par Don Ricardo Arencibia, un grand amateur de romans policiers et autres histoires de meurtres sanglants. Il n'apprécie guère l'innovation et refuse toute idée qui ne respecte pas ses gouts. Ricardo aime également les jolies femmes et Marisa ne le laisse pas indifférent. Très vite leur rapport devient plus que professionnel. Il l'invite au restaurant puis à passer un week-end chez lui. Ils finissent par faire l'amour. Marisa devient sa petite amie. Tout irait pour le mieux s'il n'y avait quelques zones d'ombre dans la vie de Ricardo notamment concernant son ex-femme, Elvira. Malgré son bonheur Marisa tente d'en savoir un peu plus surtout depuis que Ricardo lui a demandé de changer
de style. Elle découvre que son patron et amant est entrain de faire d'elle la copie conforme de cette épouse tant au niveau du look que de ses goûts. Marisa finit par rencontrer Elvira qui en effet lui ressemble beaucoup. Outre le fait qu'elle n'est pour lui qu'un simple objet Elvira apprend à Marisa que son ex-mari est obsédé par ses romans tant et si bien qu'il aime reproduire ce qui s'y passe mais aussi par elle. C'est la raison pour laquelle il a demandé à Marisa de se métamorphoser afin qu'elle lui ressemble le plus possible. Elvira propose à la jeune femme de tuer Ricardo et de se partager ensuite sa fortune en suivant la trame du nouveau roman qu'il vient de publier: Perversion. Marisa va prendre à sa façon le
contrôle de la situation et c'est dans un bain de sang que le triangle explosera.
Quelle belle histoire que voilà ainsi racontée, certes pas forcément originale, on a régulièrement vu sur nos écrans ce type d'intrigue où un romancier névrosé arrive à confondre fiction et réalité, mais suffisamment sombre et torturée pour tenir en haleine. Il ne reste pas grand chose une fois l'intrigue mise en boite. Perversion est d'un ennui quasi mortel. Il ne se passe pratiquement rien durant 90 longues minutes si ce ne sont des rendez-vous galants entre Ricardo et Marisa. Le couple tout neuf va au restaurant, se balade avec Lucas, le chien bobtail de Ricardo, se retrouve dans la splendide villa isolée du
romancier pour roucouler, va en boite. Marisa nous offre des défilés de mode dans le salon et célèbre la sortie du nouveau roman de Ricardo intitulé "Perversion". Aucune perversion donc à l'horizon comme le suggérait le titre du film, ce n'est que celui du livre que vient de publier l'éditeur. Difficile de parler de thriller puisqu'il n'y a aucun suspens. De la névrose de Ricardo et du machiavélisme de son ex-femme on n'en parle presque pas ou tellement mal. Les personnages sont tous autant qu'ils sont très mal définis, totalement insipides donc inintéressants tant et si bien qu'on se moque bien de l'issue du film. L'enquête de Marisa se limite à fouiller un tiroir pour y trouver une photo d'Elvira à qui elle ressemble et tenter d'ouvrir
une porte toujours tenue fermée à clé. Sa rencontre avec Elvira, leur tête-à tête, leurs échanges sont tout aussi fades. Même la métamorphose que Ricardo a exigé d'elle ne semble pas étonner ou inquiéter notre secrétaire qui par contre ne supporte pas les huitres. A aucun instant Francisco Lara Polop ne parvient à créer la moindre atmosphère, encore moins cette ambiance de folie sourde, de corruption que le récit était en droit d'attendre. Dire qu'on a envie de faire plus d'une fois avance rapide lors du visionnage est un euphémisme. L'action commence seulement lors des dix dernières minutes mais la transformation de Marisa en vengeresse n'impressionnera guère vu la manière dont ce final a été amené.
On ne se rattrapera pas sur l'érotisme puisque Perversion reste étonnamment pudique. Quelques nus très furtifs et encore, à demi cachés... et rien de plus! Un comble pour un film dont les principales protagonistes sont Teresa Gimpera et surtout Nadiuska, la star espagnole du genre. Le film fut autrefois fortement amputé par la censure, notamment de celles où Nadiuska apparait nue, pour permettre sa sortie dans les salles ibériques+ qui le frappèrent simplement d'une interdiction aux moins de 18 ans. Nous ne sommes encore qu'en 1974. Est-ce cette version qui fut éditée en vidéo? Espérons le mais cela ne change pas grand chose. Bien plus de nudité n'apportera rien de plus au film si ce n'est d'éviter au
spectateur de lentement somnoler.
Totalement inédit en France Perversion reste en tout point une grosse déception, un film qui passe complètement à coté de son potentiel, jamais convaincant (à l'instar des personnages) encore moins passionnant, de surcroit visuellement peu esthétique. Reste juste la beauté de Nadiuska et de son incroyable regard bien des années avant que sa schizophrénie ne la conduise à vivre recluse dans un asile psychiatrique quelque part à Madrid. Un film à réserver exclusivement à ses admirateurs.