A cena col vampiro
Autres titres: Le château de Yurek / Vampire / Dinner with a vampire
Réal: Lamberto Bava
Année: 1989
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 87mn
Acteurs: George Hilton, Patrizia Pellegrino, Riccardo Rossi, Isabel Russinova, Valeria Milillo, Yvonne Sciò, Daniele Aldrovandi, Igor Zalewsky, Roberto Pedicini, Letizia Ziaco, Stefano Sabelli...
Résumé: Quatre jeunes acteurs qui ont décroché un rôle pour un film se retrouve au château du futur réalisateur, un dénommé Yurek. Le soir, à son arrivée, il leur annonce au diner qu'il est en fait un vampire fatigué de la vie éternelle. Leur mission est de trouver le moyen de le tuer. Ils ont la nuit pour y parvenir s'ils ne veulent pas devenir eux aussi des vampires...
Après le succès mondial de Démons et Démons 2 Lamberto Bava fut enfin reconnu en Italie et devint une valeur sûre du cinéma mais également de la télévision qui en cette fin d'années 80 pouvait se permettre ce que le grand écran ne pouvait plus. Imaginée par Luciano Martino naquit en 1988 une série de quatre téléfilms intitulée Brivido giallo. Le premier téléfilm fut Una notte al cimitero / Outretombe suivi de Per sempre / L'auberge de la vengeance puis de La casa dell'orco / La maison de l'ogre. A cena col vampiro connu en France sous le titre Le château de Yurek est le quatrième et dernier film de la série.
Une équipe de cinéma tourne dans une crypte qui selon une légende renfermerait le caveau d'un vampire vieux de plus de mille ans. Un des acteurs découvre bel et bien le cercueil mais se blesse. Son sang redonne vie à la créature. Quelques temps plus tard quatre jeunes comédiens remportent une audition pour jouer dans un film. Ils sont invités à se rendre au château du réalisateur, un dénommé Yurek, pour y passer la nuit. Ils sont accueillis par Gil, le domestique difforme et bossu, qui les mène au réalisateur. Au diner Yurek leur avoue qu'il est un vampire et que la raison de leur présence au château n'est pas pour y tourner un film mais pour le tuer. Yurek est en effet las de sa vie de vampire et veut y
mettre un terme. Les quatre jeunes gens ont une nuit pour y parvenir ou ils mourront et deviendront à leur tour des créatures de la nuit. Il n'existe qu'un seul et unique moyen pour le détruire et ils doivent le trouver. Gousses d'ail, crucifix et pieux n'ont aucun effet sur lui. Ils vont bénéficier de l'aide inattendue de sa compagne, une séduisante vampire, qui va finir par se retourner contre lui. Yurek détruit, les quatre jeunes acteurs vont pouvoir quitter le château à l'aube.
Pour l'ultime opus de la série Lamberto Bava avoue qu'il voulait rendre hommage au film de Theodore Dryer (Vampyr) mais également au Nosferatu de Wilfried Murnau, à Mel Brooks
(Frankenstein junior) et même Polanski (Le bal des vampires). Bava se rend même hommage avec un clin d'oeil à Démons, salue son père en réinventant une scène du Masque du démon et cite Oscar Wilde en incluant dans le scénario Dorian Gray. A cena col vampiro se veut donc une parodie des films de vampires dans laquelle on retrouve toutes ces références. L'ouverture dans la crypte, la résurrection de Yurek, les passages en noir et blanc sont autant de clins d'oeil plutôt réussis à Nosferatu mais force est de constater qu'on déchante très vite. Une fois la séquence pré-générique passée le film se transforme en une sorte de farce macabre stupide parfaitement insupportable bien peu aidée par une version
française franchement débile. Qu'on se rassure, la version italienne est tout aussi ridicule. Seule la version anglaise, moins crétine, plus juste, rehausse d'un cran le niveau général et donne un brin de sérieux à l'entreprise... si toutefois on peut employer ici le mot sérieux. Malgré les emprunts et multiples références cinéphiliques Le Château de Yurek est un ratage absolu. Et le fait que ce soit un téléfilm n'est pas ici une excuse. Cette parodie ne fait qu'accumuler toute une série de scènes aussi grotesques que ridicules. L'idée de moderniser le mythe du vampire était intéressante mais moderniser ne veut pas crétiniser ni infantiliser. On se croirait par instant au cirque, à la fête foraine (au train fantôme?), dans une
cour d'école où un groupe d'acteurs dénués de talent courent, hurlent, gesticulent, dansent en débitant des dialogues désastreux. Rien ne fonctionne surtout pas l'ironie qui rime ici avec idiotie. On ne se rattrapera guère sur les effets spéciaux puisqu'il n'y a pratiquement aucune scène gore dans cet opus si ce n'est un coeur éjecté de la poitrine. Seul le décor a un certain charme visuel. Le château s'inspire beaucoup de l'école de danse de Suspiria, les couleurs sont flamboyantes, la photographie excellente comme toujours chez Bava, la musique signée une fois encore Simon Boswell est intéressante, certains emprunts ont leur charme mais cela ne fait pas un film. C'est hautement insuffisant ici pour sauver A cena col vampiro du naufrage.
Est-ce nécessaire de parler de l'interprétation? Quasiment tous issus du monde de la télévision les comédiens se disputent la palme du plus mauvais acteur qu'on pourrait peut-être remettre au pataud Riccardo Rossi (célèbre en Italie pour une publicité de yaourt). Daniele Aldrovandi tente d'imiter Marty Feldman, il est purement catastrophique. Les actrices sont belles mais leur talent est inversement proportionnel à leur beauté, Patrizia Pellegrino en tête, perdues dans un genre où on ne les sens pas du tout à l'aise. Reste la présence de George Hilton dans le rôle du vampire Yurek. On aurait pu s'attendre à ce qu'il sauve les meubles mais s'il fait ce qu'il peut le très aristocrate Hilton échoue à donner un
peu d'envergure à ce gag pelliculaire horrifique.
Si Le château de Yurek est certainement un des plus mauvais film de Lamberto Bava si ce n'est le plus mauvais malgré l'idée parodique de départ c'est surtout et avant tout le volet de trop à cette série de qualité qu'est Brivido giallo, l'épisode le plus nul, celui dont on pourra tous se passer hormis peut-être les admirateurs inconditionnels de Hilton curieux de le voir se glisser dans la peau de ce vampire moderne las de son éternité.