La casa dell'orco
Autres titres: La maison de l'ogre / Demoni 3: l'orco / The ogre
Real: Lamberto Bava
Année: 1988
Origine: Italie
Genre: Horreur
Durée: 90mn
Acteurs: Paolo Malco, Virginia Bryant, Sabrina Ferilli, Stefania Montorsi, Patrizio Vinci, Alice Di Giuseppe, David Flosi, Alex Serra, Lamberto Bava...
Résumé: Lorsqu'elle était enfant Cheryl faisait régulièrement des cauchemars dans lesquels elle se voyait dans une cave sombre où un ogre tentait de l'attraper. Aujourd'hui mariée, elle est devenue écrivain. Elle écrit des nouvelles d'horreur. Avec son mari et leur fils Cheryl passe des vacances en Italie dans un château réputé maudit. Elle reconnait vite les lieux qu'elle voyait dans ses cauchemars d'enfant. Plus terrifiant des objets qui lui appartenait jadis s'y trouvent également. Cheryl est de plus en plus persuadée qu'il s'agit bel et bien de l'endroit de ses cauchemars et qu'un ogre vit caché quelque part dans la cave...
Après le succès mondial de Démons et Démons 2 Lamberto Bava fut enfin reconnu en Italie et devint une valeur sûre du cinéma mais également de la télévision qui en cette fin d'années 80 pouvait se permettre ce que le grand écran ne pouvait plus. Née d'une idée de Luciano Martino naquit en 1988 la série de quatre téléfilms intitulée Brivido giallo ouverte par Una notte al cimitero / Outretombe suivi de La casa dell'orco connu en France sous le titre La maison de l'ogre.
Une petite fille américaine, Cheryl, fait régulièrement un cauchemar dans lequel elle se voit
errer dans une cave effrayante où vit tapi un ogre qui s'est emparé de son ours en peluche. Bien des années plus tard Cheryl est devenue écrivain. Elle écrit des nouvelles d'horreur à succès qui lui permettent d'exorciser ses peurs d'enfant. Avec son mari Tom et leur fils Bobby ils prennent des vacances en Italie au château de Trifri réputé maudit. Ils vont y séjourner quelques temps afin que Cheryl puisse finir son nouveau roman. Dés leur arrivée Cheryl est stupéfaite de reconnaitre les lieux qu'elle voyait dans ses cauchemars d'enfant. Elle y retrouve la cave également puis son ours en peluche laissé à l'abandon. Incrédule Tom est persuadé que l'imagination débordante de sa femme sont responsables de ces incroyables
coïncidences. Cheryl fait la connaissance de Anna, une jeune femme quelque peu mystique originaire de la région avec qui elle devient amie. Anna lui propose que sa jeune soeur Maria lui serve de baby-sitter afin qu'elle puisse avoir du temps pour elle. Un jour alors qu'elle garde Bobby Maria disparait enlevée par l'Ogre. Cheryl est de plus en plus apeurée persuadée que le monstre de son enfance est bel et bien quelque part dans la cave. Elle est décidée à percer le secret qui la hante depuis qu'elle est enfant contre l'avis de Tom toujours aussi incrédule. Maria lui révèle enfin qu'une malédiction pèse sur sa famille depuis de longues très longues années. L'Ogre dont le parfum des orchidées attise la libido doit tuer
chacun d'eux pour que s'arrête la malédiction. Maria est la première victime puis Anna et son oncle. L'Ogre doit maintenant tuer Cheryl et sa famille. Enfin conscient que son épouse n'était pas folle Tom affronte l'Ogre dans la cave. Cheryl et Bobby parviennent à lui échapper et rejoignent la voiture. Le monstre les suit. Cheryl écrase l'immonde Bête qui s'évapore. La jeune femme a mis un terme a vingt-deux années de cauchemar.
Avec La casa dell'orco Lamberto Bava revisite à sa manière La maison près du cimetière. L'hôtel Overlook est simplement remplacé par le château tandis que le fameux Dr Freudstein, le monstre tapi dans son sous sol, est ici l'Ogre du titre. On y retrouve également le thème
des enfants et des maisons hantés cher au coeur de Bava qui avoue avoir voulu avec ce film revisité les contes de notre enfance ceux remplis de monstres et notamment d'ogres. Plus qu'un film d'horreur à proprement parlé La casa dell'orco est avant tout un film d'atmosphère. Ceux qui s'attendaient donc à un film sanglant parsemé de meurtres seront donc déçus puisque aucune goutte d'hémoglobine ne coule durant 90 minutes. Pas un seul crime non plus dans cette pellicule qui se contente simplement de mettre en image les peurs de l'héroïne à travers ses cauchemars récurrents tout en tentant d'entretenir un climat de douce terreur. Le résultat est mitigé.
Au crédit du film son décor, le très beau château (celui de Massimo De Arsoli à Rome et ses jardins labyrinthes) fort bien utilisé par Bava et sa cave droite sortie d'un récit gothique ou d'un conte de dark fantasy où se tapit l'Ogre. Ces lieux servirent à créer les cryptes irréelles de Outre tombe, le premier film de la série. Toujours au crédit du film son esthétisme ultra léché et sa superbe photographie qui parviennent à créer un climat surréaliste, presque poétique par moment, à retranscrire les peurs de notre enfance, notamment lors des scènes de cauchemars parfaitement réalisées aidé en cela par une partition musicale synthétique à la fois planante et inquiétante signée une fois encore Simon Boswell. Les effets spéciaux
sont plutôt réussis, une note plus particulière pour ces cocons visqueux à la Alien d'où l'Ogre sort. Il est dommage qu'avec de tels éléments à la clé La maison de l'Ogre finalement déçoive faute d'avoir su donner à l'ensemble une certaine consistance et crédibilité.
Le problème avec ce téléfilm est qu'il ne se passe quasiment rien. Les mêmes cauchemars reviennent inlassablement d'un bout à l'autre ce qui devient au bout d'un moment fastidieux car trop répétitif d'autant plus que La maison de l'Ogre souffre d'un rythme peu soutenu alternant de bonnes séquences avec d'autres trop anodines (la balade en forêt). Quant à l'Ogre lui même il n'est guère convaincant à des lieues du monstre généralement imaginé
dans les fables. C'est ici une sorte de sosie de la Bête de La belle et la Bête de Cocteau mais version masque de zombi injecté de sang qui fera plus sourire qu'il n'effraiera. Difficile par instant de croire à ce monstre fabuleux qui parfois a la démarche d'un gorille puis plus pataud et maladroit il se fait plus finalement simple humain. N'est jamais expliqué non plus le pourquoi de ce cocon visqueux dans lequel végète la Bête. Depuis quand les Ogres naissent-ils sous la forme d'une entité insectiforme style Alien dans un immonde cocon? Passons sur les incohérences et invraisemblances grossières du récit mais difficile d'excuser un final simple et brouillon voire flou. La clé de l'énigme serait donc la famille de
Maria, l'amie de Cheryl, sur laquelle pèse une malédiction ancestrale nous apprend t-on. L'Ogre est revenu à travers les cauchemars de Cheryl et a attendu plus de vingt ans pour venir tuer chacun des membres de sa famille. Pourquoi? ET quelle est cette malédiction? Qui est la famille de Maria dont on ne connait quasiment rien? Quels rapports existent ils entre eux et l'Ogre? Autant de questions qui ne trouveront aucune réponse. Plus curieux encore. Cheryl a donc vécu ces évènements bien des années avant dans ces cauchemars qui n'étaient en fait que des prémonitions. Intéressant mais rien n'explique vraiment ce que liait Cheryl et cette famille. De quoi être déçu par ce final où pour se débarrasser de l'Ogre on lui roule dessus!.
Certains remarqueront quelques légères traces d'érotisme morbide malheureusement laissées à l'état végétatif. Il était intéressant d'apprendre que les Ogres sont sexuellement attirés par le parfum des orchidées dont le château regorge. Cheryl petite fille portait une orchidée dans ses cheveux avec ce que cela signifie intrinsèquement. Quant à Anna, une adolescente qui elle aussi porte une orchidée, l'Ogre lui saute dessus et lui arrache son T.shirt après une attente de quelques 22 années pour on le devine satisfaire ses vilaines pulsions avant de la dévorer. La même scène se reproduit pour Anna, l'Ogre lui caressant cette fois les seins avant d'arracher son soutien-gorge. Il est clair comme le dit Bava lui
même qu'il était impossible de montrer réellement les choses mais cet érotisme latent est justement bien trop suggéré pour vraiment s'avérer réellement efficace. Il en devient donc anecdotique.
L'interprétation reste correcte sans plus. Virginia Bryant, actrice américaine très Actor's studio, n'a guère de chose à faire que de courir et hurler en ayant l'air terrorisée par ses cauchemars. Elle fut surtout choisie pour ses capacités de nageuse qui lui furent très utile lors de la scène de la piscine souterraine infestée de cadavres, une référence évidente mais plutôt ratée à Inferno faute à ses squelettes pantins plus drôles qu'effroyables. Paolo Malco,
pourtant bon acteur d'accoutumée, est ici le point faible ni convaincant ni convaincu mais surtout trop mollasson en bon père de famille quelque peu empâté. Il forme avec Virginia et l'insipide petit Patrizio Vinzi la famille américaine "version téléfilm" parfaite. La très politiquement engagée Sabrina Ferrili ici à ses débuts, hirsute, le sourcil épais, a un jeu plutôt médiocre, peu crédible en médium ès-ogre tout comme Sabrina Montorsi elle aussi à ses débuts, dans la mini jupe moulante de la baby-sitter.
Ecrite par Dardano Sacchetti cette revisitation de La maison près du cimetière mâtinée de Shining et de Inferno vaut essentiellement pour son atmosphère mystérieuse, onirique,
ses effets spéciaux, son coté conte pour enfant curieux qui revoit à sa façon le mythe de l'Ogre. L'idée était intéressante, le sujet avait du potentiel qu'il perd car mal maitrisé. Malgré ses qualités notamment visuelles, ses références à l'univers de Mario Bava La maison de l'Ogre n'atteint pas ses objectifs faute de crédibilité et d'intensité narratrice. Ce deuxième épisode de la quadrilogie reste cependant un agréable divertissement qu'on prendra malgré tout plaisir à visionner le soir à la lueur d'une bougie.