Sexy cat
Autres titres:
Réal: Julio Perez Tabernero
Année: 1973
Origine: Espagne
Genre: Giallo
Durée: 81mn
Acteurs: Germán Cobos, Dyanik Zurakowska, Lone Fleming, Emilio Laguna, María Villa, Mariano Vidal Molina, Beni Deus, Fabián Conde, Gloria Osuna, Monika Kolpek, Lourdes Albert, Isabel Oribivi, Brenda Bassett, Marqués de Toro, Manuel de Benito, Tomás Torres, Antonio Orengo, Pablo Hoyos, Luis Agudín...
Résumé: Le détective Mike Cash est engagé par un dessinateur de bande dessinée alcoolique qui prétend qu'on lui a volé sa dernière création, Sexy Cat, une tueuse cruelle qui ne jure que par la torture dont les aventures s'arrachent à travers le monde. Il souhaite donc qu'on l'indemnise. Il se fait tuer le jour même. Cash et un lieutenant de police enquêtent dans l'univers de ce fameux comics qui va être adapté à la télévision par un producteur véreux. Très vite toutes les personnes qui ont un rapport avec Sexy cat se font assassiner par un tueur dissimulé sous le costume de ce personnage fictif...
C'est en tant qu'acteur que l'espagnol Julio Perez Tabernero débute sa carrière au début des années 60 en apparaissant essentiellement dans des westerns-paëlla. Afin de mettre un visage sur son nom rappelons qu'il fut notamment le shériff de 5 rafales pour Ringo de Ignacio F. Iquino. En 1973 avec déjà derrière lui une bonne quinzaine de films il décide de passer derrière la caméra et met en scène son premier long métrage, Sexy cat, un giallo à la sauce ibérique qui se déroule dans le milieu de bande dessinée.
Dessinateur de bandes dessinées alcoolique et dépressif Graham Grandi demande l'aide d'un petit détective privé, Mike Cash, afin qu'il prouve qu'on lui a volé sa dernière création, Sexy cat, une impitoyable et cruelle tueuse masquée dont les aventures font fureur à travers le monde. Il est persuadé que le voleur est le riche Karpis, un producteur véreux à qui il demande de grosses indemnités pour cet inacceptable forfait. Karpis nie d'autant plus ses accusations qu'il est entrain de faire de Sexy cat une série télévisée. Cash accepte la mission mais Grandi est assassiné le jour même. Le lieutenant Cole mène l'enquête et soupçonne Cash du meurtre, le détective ayant été le dernier à avoir vu l'artiste. Très vite
toutes les personnes ayant de près ou de loin un rapport avec la série sont violemment tuées par un mystérieux assassin habillé en Sexy cat qui s'inspire de ses albums pour organiser ses crimes. Ce sont tout d'abord les actrices qui doivent tourner dans la série puis Karpis lui même. Le lieutenant Cole et Cash collaborent tant bien que mal mais ils n'ont aucune piste sérieuse, leurs suspects se faisant tous décimer. C'est alors que Malcolm, le jeune fils handicapé du défunt fondateur de l'empire financier qui édite les aventures de sexy cat, se fait kidnapper. Pour que le ravisseur le libère une importante rançon est demandée à sa veuve. C'est le Docteur Prantis qui s'occupe de Malcolm qui se porte volontaire pour la lui
remettre. En perquisitionnant la chambre de l'adolescent à la recherche d'indices Cash a une révélation. Il vient de comprendre qui est l'assassin. Il arrive à temps pour affronter celui qui se dissimule sous la tenue de Sexy cat.
Pour sa première réalisation Tabernero qui par la suite se tournera vers l'érotisme s'offre une incursion dans l'univers du giallo, le thriller à l'italienne, un genre alors au sommet de son succès de l'autre coté des Alpes. Il n'en fallait pas plus pour que l'Espagne toujours prête à s'aligner sur le cinéma transalpin nous offre à son tour toute une ribambelle de thrillers tous plus ou moins bons mais toujours du moins presque toujours digne d'intérêt.
Sexy cat ne fait pas exception à la règle même si c'est loin d'être une réussite.
Situer l'intrigue dans le monde des comics était en soi une excellente et prometteuse idée. On songe aux fameux fumetti italiens auxquels Sexy cat renvoie irrémédiablement. Cette vénéneuse tueuse au look mi-Satanik mi-cat woman avait de quoi inspirer un scénario aussi passionnant que diaboli(k)que. Malheureusement Tabernero rate complètement son objectif et n'use à aucun moment ni de l'originalité du scénario ni de toutes les possibilités qu'il lui ouvrait. Faute à une évidente incompétence Sexy cat s'effondre aussi vite comme qu'un soufflé trop tôt sorti du four. Rien ne fonctionne vraiment dans cette histoire qui
pourtant démarrait bien. Il ne faut chercher ni vraisemblance ni réelle logique, tout est farfelu à l'image du tandem que forment le piètre détective "à la Marlowe" (qui de détective n'en a que le nom visiblement) et le lieutenant de police encore plus incapable, tous deux d'une extrême transparence mais surtout insupportables voire irritants puisqu'ils passent plus de la moitié du film à s'invectiver, se prendre le bec et se lancer des pics d'une étonnante niaiserie à l'image même des dialogues qui frisent le plus souvent le ridicule. Difficile ainsi de prendre ce thriller au sérieux tant il se transforme involontairement (du moins espérons le) en comédie de deux sous que pourrait fort bien résumer l'interminable scène de
l'interrogatoire du tailleur. C'est régulièrement consterné qu'on assiste au déroulement du métrage dépité par ce que cette intrigue est devenue entre les mains de Tabernero. Quant au final les habitués du giallo auront vite fait de trouver l'identité du coupable puisque là encore l'acteur-réalisateur ne s'est pas trop cassé la tête pour tenter de tromper son public.
Malgré tous ses défauts Sexy cat demeure cependant une curiosité dont émane un charme certain. L'univers des comics dans lequel se déroule le film, ce coté "fumetti" très italien lui confère une aura fort sympathique comme le personnage même de Sexy cat. Autre atout du film, son principal d'ailleurs, ce sont ses meurtres particulièrement gore et sanglants qui
réjouiront les amateurs d'effets sanguinolents. On retiendra plus particulièrement l'égorgement de Brandi, la mort de Karpis qui finit l'oeil arraché et celle de Martha, cruellement étouffée dans un sac en plastique. Dernier atout son tueur dissimulé derrière l'accoutrement de Sexy cat. S'il est assez facile de le démasquer, si ses motivations sont assez simplistes (et peu crédibles) reste sa personnalité plutôt troublante du fait de son androgynie et de sa jeunesse. Il faut reconnaitre qu'une fois son masque tombé le voir ainsi moulé dans une combinaison féminine, chaussé de cuissardes en cuir a quelque chose d'assez fascinant. On regrette donc encore plus que ce personnage n'ait pas été plus
développé tant il aurait pu être captivant et singulier. En ce sens les dix dernières minutes du film sont les plus réussies et les plus passionnantes.
L'affiche féminine est aussi un point fort de ce thriller ibérique puisqu'on y retrouve, toutes plus sexy les unes que les autres et jamais très avares de leur charmes deux habituées des films fantastiques espagnoles Lone Fleming et Dyanik Zurakowska (qui nous offre un nu frontal intégral sous sa douche) ainsi que trois starlettes éphémères mais radieuses Maria Villa, Monika Kolpek et l'actrice de couleur Brenda Bassett. Moins chanceuse est la distribution masculine. On regrettera le choix du vétéran German Cobos qui avait déjà joué
les détectives dans Agent Z-55 mission désespérée et celui d'un autre vétéran Mariano Vidal Molina dans le rôle du lieutenant, tous deux aux limites de l'absurde. On retiendra surtout la prestation de l'androgyne Manuel De Benito qu'on reverra par la suite dans quelques sexy comédies italiennes et quelques quinquis (Chocolate, Los violadores del amanecer). Fabian Condé, halluciné, interprète quant à lui Graham.
Aussi raté que soit ce giallo à l'espagnol qui aurait pu être un joli hommage aux fumetti italiens, loin de tenir ses promesses, il reste tout de même une sympathique curiosité, un petit divertissement gore sur fond de comics, pas sérieux pour un sou faute à l'incapacité de son metteur en scène mais non dépourvu de charme... et de charmes. A découvrir pour les aficionados du genre dans sa version intégrale de 81 minutes.