Los violadores del amanecer
Autres titres: The dawn rapists
Réal: Ignacio F. Iquino
Année: 1978
Origine: Espagne
Genre: Drame
Durée: 92mn
Acteurs: Mireia Ros, Eva Lyberten, Linda Lay, Silvia Solar, Bernard Seray, Daniel Medran, Cesar Sanchez, Manuel De Benito, Alicia Orozco, Sonia Senties, Carme Contreras, Luis Torner, Antonio Molino Rojo, Joan Borras, Merce Bruquetas, Tunet Vila, Antonio Saga, Helga Berlin...
Résumé: Une bande de cinq jeunes mineurs passe son temps à violer des jeunes filles par pur plaisir sadique. La police a bien du mal à mettre la main dessus d'autant plus qu'ils ne sont pas encore majeurs. Une de leurs victimes, encore vierge, se retrouve enceinte après son viol. Devenue folle elle se suicide. Mais rien n'arrête le gang...
Actif durant presque quatre décennies le prolifique scénariste-metteur en scène-producteur et photographe Ignacio Farrés Iquino est un des noms incontournables du cinéma ibérique, auteur d'une série de western paëlla (5 rafales pour Ringo, Quatre salopards pour Garringo...), de bon nombre de comédies érotiques et surtout des Tueurs de Madrid, un classique du polar qui jadis révolutionna le genre tant il était innovateur, et accessoirement détenteur du titre de réalisateur du film le plus mauvais de l'histoire du cinéma espagnol avec Aborto criminal (1971), une pellicule d'exploitation qui se voulait un réquisitoire contre
l'avortement à mi chemin entre Orange mécanique et le banal soap opera. En 1978 avec Los violadores del amanecer il touche à un genre alors très à la mode en Espagne, le film dit quinqui, autrement dit des pellicules souvent violentes qui traitent de la jeunesse délinquante espagnole dans l'Espagne des années 70 et 80, plongée dans la misère et le désoeuvrement.
Barcelone - 1978. Rubiales, Lagarta sa soeur enceinte, Cana, Quinto et Rafi sont mineurs. En mauvais termes avec leur famille ils passent leurs journées à trainer et n'ont qu'une seule idée en tête, violer toutes les filles qu'ils repèrent, leur jeu préféré. C'est tout d'abord
Maria une jeune ouvrière qu'ils enlèvent, séquestrent et violent avant de la relâcher. Honteuse, elle refuse de consulter un docteur et préfère oublier surtout qu'elle est sur le point de se marier. Ils enlèvent ensuite sous les yeux de sa tante Dana, encore vierge, qu'ils violent non loin d'une plage. Témoin de l'agression un pêcheur appelle la police mais les voyous parviennent encore à s'enfuir. Apprenant qu'elle est enceinte Dana se suicide quelque temps plus tard. C'est ensuite au tour de Elisa, 15 ans, d'être violée. La jeune fille meurt pendant que Quinto la viole. Cette mort sème la discorde au coeur de la bande que la police est incapable d'arrêter. Lorsqu'elle met enfin la main sur l'un d'eux, Rafi, le fils d'un
barman, l'enquête avance enfin. Rafi dénonce ses camarades. Alors qu'il viole une jeune noire dans une cage d'escalier Rubiales est surpris par le fiancé de Maria qui passait par hasard par là. Il le poignarde. Quelques temps plus tard la police arrête les trois autres délinquants lors du concours annuel de la fille aux plus gros seins alors qu'ils dealaient.
Los violadores del amanecer (les violeurs de l'aube). Tout est dans le titre et tout se résume à lui. Le film de Ignacio F. Iquino n'est qu'une succession de viols tous plus odieux et brutaux les uns que les autres censée dépeindre la déliquescence du pays en cette fin d'années 70, début d'années 80, la misère, l'ennui, le désoeuvrement, le chômage auxquels la jeunesse
doit faire face. Violence, prostitution, drogue... est le quotidien de cette jeunesse livrée à elle même qui tente de survivre comme elle peut. Certains réalisateurs tel que Eloy De La Iglesia (sa fameuse trilogie gay et sa quadrilogie sur la drogue) ont très bien su mettre en scène cette Espagne toute juste sortie du régime franquiste à travers des oeuvres souvent fortes et intelligentes. Si le film de Iquino se range à leurs cotés il n'atteint pas leur niveau et reste finalement qu'une simple bande de sexploitation qui accumule erreurs et invraisemblances sur fond de violences sexuelles sans jamais chercher à donner un sens psychologique à l'intrigue.
On a donc cinq jeunes mineurs dont on ne sait quasiment rien puisqu'ils restent au stade d'esquisse. Rafi est en guerre contre son père qui l'accuse de ne s'être jamais occupé de lui ni même lui avoir jamais parlé de sexe (voilà qui est intéressant mais à aucun moment l'idée n'est développée). On comprend plus ou moins que Rubiales et sa soeur enceinte, Lagarta, vivent chez leur père qui se moque bien de ce qu'ils font. Lagarta malgré sa grossesse et un ventre bien rond couche avec les copains de son frère et profite aussi des filles que la bande viole. Elle se laisse également aller à des pulsions incestueuses avec son frère. C'est un peu énorme pour être vraisemblable mais Iquino joue à fond la carte de l'exploitation.
Quant à Cana il est homosexuel mais il doit jouer les hétéros devant ses copains même s'il ne parvient jamais à bander lors des viols. Il ne fait que frapper à coups de ceinture les victimes. Là encore à aucun moment Iquino n'approfondit ce personnage qui soudainement lors du quart d'heure se travestit pour participer à l'élection du concours des plus gros seins. Difficile de comprendre pourquoi il s'affiche ainsi alors que durant tout le film il s'est toujours gardé d'avouer ses tendances homosexuelles.
Plus abracadabrante encore est l'énigme. Nous avons donc un gang de jeunes voyous qui passe ses journées à violer tout ce qui porte jupons mais à aucun moment il n'y a vraiment
d'enquête si ce n'est une ébauche. Ils kidnappent en plein jour au nez et à la barbe de tous mais il n'y a jamais de plainte, aucune description des violeurs n'est jamais faite, aucune poursuite. Rien absolument rien. Voilà qui est totalement improbable. Lorsque enfin deux des voyous se font finalement arrêtés suite à l'appel du pécheur on les retrouve la scène suivante libres comme l'air! Que s'est il passé? Ont ils fui? Ont ils été relâchés malgré le flagrant délit? Mystère! Quoiqu'il en soit ils repartent aussitôt en virée et kidnappent Elisa. Les erreurs, les incohérences, les improbabilités se multiplient au fil du récit ce qui nuit fortement au film et lui fait perdre toute crédibilité, l'absence de toute psychologie, d'un réel
fond social ne faisant qu'aggraver la situation.
Même si Iquino insère une séquence documentaire sur des manifestations anti viols afin de lui donner un coté réalité ne reste malheureusement que le coté exploitatif du film qui au départ voulait se présenter comme un puissant réquisitoire contre le viol. A ce niveau Los violadores del amanecer, rien que le titre est en soi un petit bonheur, tient toutes ses promesses. Il fera la joie de tous les amateurs de sexploitation avec son enchainement de viols quasi ininterrompu durant 90 minutes filmés de manière complaisante et voyeuriste. Sans compassion ni pitié, nos cinq voyous, tous plus antipathiques les uns que les autres,
ne sont que des bêtes déchainées, démunis de toute humanité, qui donnent libre cours à leurs pulsions les plus sadiques. Ils ouvrent leur braguette comme on enfile des perles, frappent, humilient, abusent de leurs victimes dans un flot de grossièretés rien que pour le jeu. Difficile de leur trouver la moindre excuse. Le film n'est visiblement pas là pour ça mais pour satisfaire simplement les instincts pervers et la soif de voyeurisme du spectateur qui se régalera de toute cette violence sexuelle et de cet étalage de nudité. En ce sens Los violadores del amanecer est une petite réussite. Il peut se targuer d'être un des films qui contient les viols les plus odieux et impressionnants du cinéma latino. Sur ce plan précis c'est une pure réussite.
La distribution est elle aussi alléchante puisqu'en tête d'affiche féminine on retrouve une des futures starlettes de l'érotisme osé espagnol Eva Lyberten, l'éphémère Linda Lay, Mireia Ros (devenue depuis une pointure de l'univers artistique ibérique) et Silvia Solar (la tante de Dana). N'oublions pas Alicia Orozco (Lagarta) qui était réellement enceinte de huit mois de sa fille (la future actrice Marieta Orozco) au moment du tournage, un détail qui jette une once de scandale supplémentaire sur le film. Quant à nos quatre violeurs on retrouve en tête l'ex-modèle Bernard Seray, un des spécialistes du film "quinqui" et de l'érotisme (le fils
travesti de La veuve infidèle), Emmanuelle y Carol, Perros callejeros 2 et 3, Violaçon inconfesable...), plus nu que jamais, Manuel De Benito (4 zizis dans la marine, Sexy cat...) et son joli petit postérieur, le séduisant générique Daniel Medran déjà vu dans Aborto criminal et le simiesque Cesar Sanchez et son slip bleu ciel (Perros callejeros 1 et 2, La veuve infidèle, Emmanuelle y Carol...), future vedette du petit écran.
Tout comme avec Aborto criminal cinq ans plus tôt, film raté sur l'avortement faute au ridicule des situations et du non sérieux de l'ensemble, Los violadores del amanacer qui se voulait une dénonciation contre le viol et ses conséquences loupe son objectif pour
quasiment les mêmes raisons. De l'intrigue sociale Iquino n'en a gardé que l'aspect le plus exploitatif et malsain et signe ainsi un simple sexploitation mais quel sexploitation! Si les plus sensibles, les bons moralistes et les rabats-joie risquent d'être choqués et d'avoir des hauts le coeur face à cette série de viols hyper graphiques les amateurs d'exploitation pure et dure, d'agressions sexuelles sauvages et complaisantes, de nudité, le tout saupoudré d'un zeste de trash (autrement dit notre lectorat) seront quant à eux comblés et passeront un excellent moment. Voilà une pellicule idéale pour assouvir nos plus bas instincts. Vu sous cet angle Los violadores del amanecer est un écrin.