Salo perd une de ses filles-épouses: disparition de Susanna Radaelli
C'est sous le coup de l'émotion que nous venons d'apprendre la disparition de Susanna Radaelli à tout juste 63 ans. Celle qui fut Suzy, une des quatre filles-épouses de Salo, immortalisée par la fameuse scène de la boulette de maïs garnie de clous, nous a soudainement quitté le 25 décembre 2021.
Née à Milan Susanna qui a toujours préféré se faire appeler Suzy avait débuté sa carrière artistique très tôt dans le mannequinat. A 16 ans son agent lui suggère de participer au casting du nouveau film de Pasolini, Salo et les 120 journées de Sodome. Suzy y participe. Elle est retenue pour jouer une des quatre filles-épouses des seigneurs. Après avoir eu l'accord de ses parents la jeune mannequin accepte ce rôle qui la marquera de longues années, partagée entre un sentiment de honte et de totale incompréhension dû à son jeune âge. Cela ne l'empêchera pas de garder un souvenir formidable du tournage et de Pasolini. Par la suite Suzy se retrouvera au générique de quelques films, de courtes apparitions
souvent très sexy dans E tanta paura, Stangata in famiglia et Maldoror de Cavallone. Mais c'est surtout dans le mannequinat qu'elle s'épanouira pendant près de cinq années. Elle travaillera ensuite beaucoup dans la post-production gardant ainsi un pied dans le monde du cinéma. Passionnée de mode elle sera un temps créatrice de vêtements pour enfants avant de s'installer définitivement à Los Angeles. Au cours d'un voyage Suzy était en effet tombée amoureuse des Etats-Unis. Elle y passera le reste de sa vie. Mariée, mère de deux fils dont elle était très fière, Suzy se reconvertit alors dans la création d'espaces verts et le design d'intérieur, une activité dans laquelle elle était très à l'aise. Tout ceux qui l'ont connu lui reconnaissaient ce don d'embellir, d'illuminer tous les endroits où elle passait, où elle habitait. Férue d'arts, de voyages, de musique, de voitures, grande amoureuse des animaux (notamment les chiens et les chevaux) Suzy aimait croquer la vie à pleines dents.
C'est le souvenir d'une femme généreuse, ouverte, chaleureuse que nous garderons d'elle ici au Maniaco. Lorsque nous l'avions contacté fin 2020 Suzy avait accepté très gentiment de partager ses souvenirs de Salo. Intriguée au départ elle s'était finalement fait une joie de collaborer après plus de 45 ans de silence, une participation retracée dans le premier volet de nos "Petits entretiens entre Salo". Sa gentillesse, son petit grain de folie rock'n'roll nous avaient de suite interpellé. Plus qu'une simple collaboratrice d'un jour Suzy, toujours aussi belle, élégante, raffinée nous avait offert son amitié et nous correspondions régulièrement. Sa disparition fut d'autant plus un choc qu'elle fut soudaine, si inattendue. Bien ironiquement elle survient un an jour pour jour après que nous l'ayons contacté pour la première fois. Un bien sombre anniversaire que nous aurions aimé fêter différemment. Nous pensons bien évidemment très fort à sa famille, ses fils, son compagnon. Cette nécrologie que nous aurions aimé ne jamais écrire restera bien entendu épinglé parmi nos Dossiers Salo en guise d'hommage à celle bien trop tôt disparue.
Au revoir chère Suzy.