Cinque tombe per un medium
Autres titres: Cinq tombes pour un médium / Cimetière pour morts vivants / 5 tombe per un medium / Terror-creatures from the grave
Réal: Massimo Pupillo
Année: 1965
Origine: Italie
Genre: Epouvante
Durée: 87mn
Acteurs: Walter Brandi, Barbara Steele, Mirella Maravidi, Luciano Pigozzi, Riccardo Garrone, Alfredo Rizzo, Ennio Balbo...
Résumé: Un jeune clerc de notaire reçoit une mystérieuse lettre d'un certain Dr Jerominus Hauff qui lui demande de venir à son manoir afin de régler les modalités de son testament. Arrivé à la villa il a la stupeur d'apprendre de la bouche même de sa femme et de sa fille qu'il est décédé il y a déjà un an. Le notaire décide de rester et de résoudre cette énigme d'autant plus que sa fille est convaincue que son père n'est pas mort. L'apprenti détective découvre que Hauff était passionné d'occultisme et qu'il communiquait avec les morts. Grâce à des enregistrements que le docteur avait fait sur un gramaphone il en apprend un peu plus sur ses expériences. Hauff serait-il encore en vie ou a t-il organisé une vengeance d'outre-tombe contre les responsables de sa mort?
Avec seulement trois films d'épouvante gothique à son compteur Massimo Pupillo est cependant parvenu à devenir aux yeux de beaucoup un des maitres du genre aux cotés d'un Mario Bava, d'un Antonio Margheriti ou encore d'un Riccardo Freda. Cela est d'autant plus étrange que ses films avoisinent plus souvent la douce idiotie que le pur chef d'oeuvre. Vierges pour le bourreau est une gentille farce souvent très bête. La vengeance de Lady Morgan, longtemps resté invisible, lui est bien supérieur et reste sa meilleure réalisation même si le film n'a rien de vraiment original. Cinque tombe per un medium, le premier des
trois films, a au fil des années gagné en réputation auprès des amateurs jusqu'à bizarrement devenir quasiment une oeuvre culte. Bizarrement car la seule véritable originalité de Cinque tombe per un medium est l'utilisation d'un gramophone comme intermédiaire entre l'au delà et le monde des vivants. Pour le reste ce premier opus est au croisement des deux autres films, une sorte d'hybride entre la bêtise de Vierges pour le bourreau et l'épouvante plus classique de Lady Morgan.
1911. Une région quelque part en Europe de l'Est. Albert Kovacs, un clerc de notaire, reçoit une lettre d'un mystérieux docteur Jerominus Hauff lui demandant de venir le rencontrer afin
qu'ils règlent ensemble les modalités de son testament. Kovacs se rend donc au manoir Begrovitz, une demeure isolée en pleine campagne. Il est reçu par sa fille Corinne et sa nouvelle épouse, Cleo. Les deux femmes sont stupéfaites d'apprendre la raison de sa venue puisque Hauff est décédé depuis plus d'un an à la suite d'une chute dans un escalier un soir de bombance avec des amis. Kovacs décide cependant de rester d'autant plus que bien des mystères entourent sa mort. Corinne est même persuadée que son père n'est pas décédé puisqu'elle dit sentir sa présence et même parfois l'apercevoir. Kovacs apprend que Hauff s'intéressait de très près aux sciences occultes et qu'il aurait eu le don de communiquer
avec les morts. Il découvre aussi que le manoir Begrovitz a été bâti sur les vestiges d'un lazaret abritant jadis des pestiférés. Encore plus étrange le notaire apprend que deux personnes présentes le soir de la mort du docteur Hauff sont mortes de façon suspecte quelques temps plus tard. C'est alors que Kovacs tombe sur un gramaphone sur lequel Hauff enregistrait ses expériences avec l'au delà. Le doute s'empare alors des esprits. Le docteur Hauff serait-il toujours en vie, manipulant les ficelles d'un stratagème diabolique d'autant plus que sa tombe est vide ou exercerait-il une vengeance d'outre-tombe contre ceux qui l'ont trahi, les cinq personnes du titre?
Réalisé sous le nom de Ralph Zucker, en fait celui du producteur du film et responsable de quelques scènes sanglantes additives tournées pour le marché étranger, un échange de nom pour des raisons essentiellement commerciales afin qu'on ne fasse pas le lien direct avec Vierges pour le bourreau mis en boite seulement trois petites semaines plus tard, Cinque tombe per un medium, s'il se veut un film d'épouvante gothique, n'en possède pourtant pas les caractéristiques de base. En effet nous avons bel et bien un manoir isolé, des nuits d'orages violents, des portes qui s'ouvrent toutes seules, des bruits étranges, des belles en détresse, une intrigue surnaturelle reposant sur le spiritisme et une malédiction
ancestrale mais celle ci se déroule non pas au temps des diligences mais au début de notre siècle. De gothique le premier film de Pupillo n'en a donc que le nom et certains aspects car pour le reste nous sommes au temps des automobiles (à manivelle), du téléphone et du phonographe. Et c'est justement ce gramophone qui est coeur de l'histoire, un des éléments qui en fait son principal intérêt car c'est lui qui fait le pont entre le passé et le présent, un moyen également de faire (re?)vivre le docteur Hauff via les messages qu'il a enregistré dessus. Pas besoin de séance d'occultisme ici Hauff est présent à travers ses enregistrements comme s'il nous parlait de l'au delà, un procédé d'autant plus morbide qu'il
nous apprend qu'il était arrivé à entrer en communication avec les victimes mortes de la peste, enterrées de manière impie sous les terres où fut construit Begrovitz. C'est bien ici le véritable intérêt du film puisqu'il lui donne sa seule vraie originalité d'autant plus que les séquences où l'appareil est utilisé, celles où on entend la voix sépulcrale de Jerominus sont tout à fait réussies. L'amateur pourra d'ailleurs faire le rapprochement avec La maison aux fenêtres qui rient ou même Le chat noir de Fulci où des enregistrements étaient utilisées à des fins surnaturelles, ésotériques.
Pour le reste Cinque tombe per un medium rebaptisé en France Le cimetière des morts-vivants (des zombis dont est exempt le film précisons le) est une simple ghost story qui joue
sur deux niveaux temporels et utilise les ficelles du genre sans jamais réussir à transcender le spectateur faute à l'absence de toute atmosphère. C'est bel et bien là le gros problème de cette pellicule. A aucun moment Pupillo ne réussit à instaurer la moindre ambiance, à créer un climat de peur, propre au genre. Quoi de plus ennuyeux qu'un film d'épouvante qui jamais ne parvient à vous donner le moindre petit frisson. Il ne suffit pas de faire claquer des portes, déchainer des orages, faire surgir des forces invisibles pour apporter à l'histoire une dimension de douce terreur. Il faut savoir mettre en place un semblant de suspens, une atmosphère digne de ce nom. Pupillo joue énormément sur les murmures, les
chuchotements, les sons et les bruits tentant de créer une terreur auditive mais dans un tel contexte l'effort est un échec et ne fonctionne pas vraiment d'autant plus que la mise en scène ronronne et l'humour malvenu de certaines séquences, de certains personnages (Louise la domestique franchement godiche et stupide), de certains dialogues peu sérieux, fait déjà penser à Vierges pour le bourreau. Tout ceci est aggravé par le fait que le metteur en scène a choisi de ne rien montrer. Il mise sur le suggestif. Faire un film d'atmosphère est un art que Pupillo ne maitrise pas vraiment.
On reprochera aussi l'emploi de comédiens quelque peu insipides, le pataud Walter Brandi
en tête. La blonde Mirella Maravidi n'a rien de très fascinant, par moment elle aussi est idiote, mais elle est tout de même à l'origine de cette petite touche d'érotisme non négligeable (quelques nus furtifs et fort décents mais suffisamment osés pour l'époque). Quant à Luciano Pigozzi il joue l'inquiétant valet laid et difforme mais échoue dans ce rôle. Dépourvu d'aura ses apparitions sont malheureusement inoffensives.
Malgré cela Le cimetière des morts vivants n'est pas un mauvais film ni même un film complètement raté. Ce n'est qu'un simple divertissement pseudo gothique d'où émergent de bons moments notamment tout le final, très certainement ce que compte le film de plus
réussi, ainsi que quelques passages et idées qui fonctionnent. On mentionnera aussi un joli noir et blanc mis en valeur par une photographie fort travaillée due à un tout jeune Carlo Di Palma, des décors convaincants sans oublier la présence de Barbara Steele qui malheureusement a perdu de son aura et ne parvient pas réellement ici à nous transcender. Fatiguée de devoir sans cesse tourner ce type de films Barbara reste professionnelle mais on ne la sent plus aussi enjouée. Mais cette triste mine est surtout due aux litiges réguliers qu'elle eut avec Pupillo durant le tournage, le réalisateur et la diva gothique étant en perpétuel désaccord. De moins en moins intéressée par son rôle auquel elle ne croyait guère elle ne fit
aucun véritable effort. Ses admirateurs retiendront surtout la frétillante scène du bain dont elle sort nue, de dos, se couvrant très vite d'un drap. Pour l'anecdote la scène était à l'origine un peu plus longue et osée puisque les photos de plateau nous montre Barbara nue ou à demi-nue mais ces plans ne furent pas intégrées à la version originale et semblent aujourd'hui avoir disparu à jamais. Barbara ne fut pas la seule à être déçue du résultat puisque Zucker lui même ne se priva pas de dire que le film ne correspondait pas à ce qu'il en attendait au départ, Pupillo et lui ayant des vues opposées sur le projet.
Si Le cimetière des morts vivants est loin d'être le chef d'oeuvre que beaucoup d'amateurs évoquent il reste un petit film gothique discret, distrayant, parsemé de quelques bonnes trouvailles, au final fort efficace, l'absence d'atmosphère et le manque de sérieux de certaines séquences restant son plus gros défaut. Dommage car Pupillo tenait peut être là son meilleur film.