Michael Tarn: le sexy droogie
Ce nom ne vous dit sûrement pas grand chose mais peut être si on l'associe à Orange mécanique cela réveillera en vous de lointains souvenirs. Michael est de ces acteurs qui un jour ont fait partie intégrante d'un film mais dont on oublie très vite le nom pour de multiples raisons. En ce qui le concerne il fut en 1971 un des trois compagnons de Malcolm McDowell, un de ses trois droogies, dans Orange Mécanique, qui contrairement à Warren Clarke et James Marcus, ses deux autres partenaires, ne fut pas vraiment avantagé dans le scénario. Michael Tarn resta en effet dans l'ombre de ses partenaires même s'il est le plus jeune et surtout le plus séduisant des droogies, le plus sexy. Si dans le film il est l'oublié il semble bien ironiquement ne pas l'être dans la vie. Pour preuve il est aujourd'hui celui dont on se souvient le plus, celui qui intrigue et surtout celui des trois qui retient le plus l'attention du public. Justice est faite. Rendons sans plus tarder hommage à ce jeune acteur et tentons d'en savoir un peu plus sur Michael Tarn, le voyou le plus en retrait du célèbre film de Stanley Kubrick.
Michael Tarn de son vrai nom Michael Martin est né le 18 décembre 1953 en Angleterre. Passionné par la scène depuis tout petit il intègre rapidement une école de théâtre. Il n'a pas tout à fait 16 ans lorsque cette école annonce à ses étudiants que des auditions vont y avoir lieu. Michael s'y présente sans savoir pour quel metteur en scène il s'apprête à auditionner. Il ne découvrira que bien plus tard qu'il s'agit de Stanley Kubrick dont le 2001 est un de ses films favoris d'alors. Ce n'est que six mois après son audition que Michael apprend que Kubrick l'a choisi parmi une centaine d'autres postulants pour le rôle de Pete, le quatrième droogie de la bande d'Alex (Malcolm McDowell) dans Orange mécanique dont le tournage débutera six mois plus tard. Michael va alors doucement sur ses 17 ans. C'était la première apparition de Michael qui faisait là ses grands débuts à l'écran. Il restera six semaines sur le tournage. Malheureusement le personnage de Pete n'est pas le plus mis en avant, le plus mis en valeur dans le film. Quasiment muet durant tout son temps d'écran, Michael ne prononce en tout et pour tout que quelques rares mots, il reste dans l'ombre de ses camarades qui gardent cependant un excellent souvenir de lui. Malcolm McDowell se souvient essentiellement des mauvaises plaisanteries dont le pauvre Michael qui était encore mineur fut l'heureuse victime durant le tournage, provoquant de nombreux fous rires entre deux scènes. Concernant son peu de dialogue Michael avoue aujourd'hui que beaucoup de ses séquences furent coupées au montage faisant de Pete un personnage presque muet, ce qu'il regrette certes, mais n'enlève rien au plaisir qu'il prit à faire partie de cette extraordinaire aventure. Ce qu'il regrette surtout le plus c'est de ne pas avoir pu assister à la première du film puisqu'il n'était pas encore majeur. Il dut attendre une projection privée quelques mois plus tard. Ayant alors atteint sa majorité il y fut convié.
C'est à la télévision britannique que le jeune acteur va par la suite consacrer sa carrière en apparaissant dans une multitude de séries télévisées la plupart inédites chez nous dont The man outside, Marked personal, Intimate strangers, The sweeney où il retrouve son compère de Orange mécanique James Marcus, Shades of green, Played for today, Regan, 1990, Thunderclouds sans oublier Zigger Zagger, l'adaptation télévisée à succès d'une pièce de théâtre de 1967 dans laquelle il joue le personnage principal qui donne à la série son titre. Michael tourna également quelques téléfilms toujours pour les chaines britanniques dont le plus conséquent est It's a lovely day tomorrow de Michael Ellis réalisé en 1975.
Michael n'a guère tourné pour le cinéma malheureusement. On le vit en 1972 dans Made de John Mackenzie, un drame hippie qui conte l'histoire d'amour tragique d'une jeune mère célibataire et d'une rock star. Michael y interprète un adolescent malicieux quelque peu rebelle nommé Charlie. En 1979 il apparait dans Scum de Alan Clarke, une simple figuration pas même non créditée au générique. On le reconnaitra dans une scène de foule à la cantine.
Tout va pour le mieux pour Michael jusqu'en 1981 lorsqu'il accepte d'être au générique d'un soap anglais très populaire Where there's brass. A cette époque Michael commence à être fatigué de toujours se voir proposer des rôles d'adolescents ou de jeunes rebelles. Son image semble être à jamais associée à Orange mécanique. Même s'il a joué auprès de noms prestigieux, qu'il a eu de très beaux rôles, il veut maintenant casser cette image et donner un nouveau souffle à sa carrière. C'est pourquoi il accepte ce jouer dans un soap. Bien mal lui en pris. Son agent refuse que son nom soit associé à ce type de programme et casse son contrat. Il se voit contraint de quitter la série. En cassant son contrat de la sorte il brise également la carrière de Michael qui voit dés lors toutes les portes se fermer. Plus personne ne veut de lui. Jeune marié, père d'un bébé, il doit trouver du travail sans pour autant abandonner le milieu artistique. Il allait se tourner dans un premier temps vers le théâtre. Il interpréta un grand nombre de pièces prestigieuses qui remportèrent un vif succès sur les scènes britanniques avant de s'orienter définitivement vers l'enseignement en donnant désormais des cours de comédie. Contre toute attente Michael a fait son retour sur le petit écran en 1995 en apparaissant dans la série Hamish Macbeth et au cinéma en 2000 auprès de Emma Watson et Aidan Quinn pour Shooters de Colin Teague.
Michael vit aujourd'hui en Espagne et se consacre désormais uniquement à la scène. S'il monte toujours sur les planches il est surtout et avant tout directeur indépendant d'une compagnie théâtrale tout en continuant de donner des cours. A 70 ans Michael est toujours aussi vaillant et évoque avec toujours autant de plaisir et d'humour son passé de comédien en prenant soin de préciser qu'Orange mécanique tiendra toujours une place à part dans son coeur.
Michael est d'ailleurs apparu il y a quelques années dans un documentaire consacré à Stanley Kubrick dans lequel il revenait avec enthousiasme sur ses souvenirs de tournage du film. Il donna également une longue interview en 2021 où il évoquait en détail son parcours professionnel et revenait bien entendu longuement sur Orange mécanique pour lequel son nom brillera éternellement au firmament des stars.