Une araignée au pays des merveilles: Roland Wybenga
Trois petits films puis s'en est allé. Trois petites pellicules malheureusement pas des plus connues, un surprenant thriller inédit en France qui n'eut pas les honneurs d'une sortie en Italie, une nouvelle adaptation de Sinbad, désastreuse, montée et remontée, abandonnée puis reprise qui jadis dut se contenter d'une simple édition vidéo puis une petite série B de guerre à la Rambo destinée aux chaines américaines et au marché vidéo. Tel fut le chemin cinématographique éclair de cet élégant bellâtre qui en son temps en fit rêver plus d'un et d'une, tout émoustillés en tournant les pages de leurs magazines de mode favoris puisque c'est surtout dans l'univers de la mode que ce solide gaillard au regard de braise brilla. Retraçons aujourd'hui la courte carrière de cette star éphémère dont le séduisant visage fait définitivement partie de l'univers du cinéma de genre italien, celle du brun Roland Wybenga, un visage d'un jour visage de toujours.
Né à Malibu en 1965 Roland Wybenga se fait connaitre dés le début des années 80 non pas en tant qu'acteur mais comme modèle. Ce séduisant jeune homme d'1m87, aux yeux noisette, aux cheveux châtains devient un mannequin de renommée mondiale dés 1985 à tout juste 20 ans. De Londres à Paris en passant par Vienne, Rome, Milan et bien entendu sa terre natale Roland travaille pour les grandes agences de mannequinat (Storm men, Glamour men, Wiener), pose pour les plus grands magazines (Cosmopolitan...), défile pour les plus grands noms. Du mannequinat au cinéma il n'y a bien souvent qu'un pas que
Roland franchit en 1984. Alors qu'il est sur Rome, Enzo G. Castellari le remarque et lui offre un simple rôle de figuration malheureusement non crédité dans Tuareg: the desert warrior / Tuareg dans lequel il joue un jeune soldat. Son teint hâlé, ses yeux de braise lui donnent un petit coté oriental, exotique, qui colle parfaitement aux magnifiques décors naturels nord africains où fut tourné le film. C'est en 1988 que le sculptural bellâtre décroche son premier véritable rôle à l'écran lorsque Gianfranco Giagni lui propose d'être le principal protagoniste de son étonnant thriller fantastique atmosphérique Il nido del ragno. Roland incarne un jeune
professeur arachnophobe qui se retrouve malgré lui au coeur d'une enquête morbide qui va le mener à la découverte d'un monde marginal, inquiétant, celui d'une terrible secte meurtrière qui vénère une araignée géante. Entouré de comédiens de renom (Stéphane Audran, William Berger...) Roland offre une interprétation de qualité, convaincante. Il en est d'autant plus méritable qu'être acteur n'a jamais été sa vocation première. Comble du bonheur le jeune mannequin apprenti comédien nous délecte d'une jolie scène de nu, un peu trop pudique malheureusement et surtout furtive lors de sa scène d'amour avec Paola Rinaldi.
L'année suivante il se retrouve au générique du désastreux Sinbad of the seven seas en partie signé Enzo G. Castellari puisque suite à de très nombreux problèmes et la faillite de la Cannon le fut abandonné puis repris et terminé par Luigi Cozzi. Roland incarne le prince Ali, un rôle une fois encore taillé sur mesure pour lui même s'il doit se contenter ici d'assister Lou Ferrigno dans ses péripéties au pays de la magie. Roland, le sourire plus carnassier que jamais, en habits princiers, manie l'épée bien et se bat pour sauver sa belle mais sous employé il demeure un simple personnage de second plan. Roland fera une ultime
apparition cinématographique, une simple figuration cette fois dans un petit film de guerre avec David Carradine, un sous Rambo réalisé par la vétéran Terence Young, Run for your life / Marathon.
Si Roland disparait des écrans, il ne disparait pas pour autant de la vie publique puisqu'il poursuivra sa carrière de mannequin jusqu'au milieu des années 90. C'est à ce moment qu'il quitte définitivement le monde du mannequinat et se retire de la vie publique. A l'aube de la trentaine Roland abandonne le feu des projecteurs et des podiums. Il retourne alors en Amérique et entame une toute nouvelle vie loin du show-bizz et des magazines papier glacé.