El pez de los ojos de oro
Autres titres: The fish with the eyes of gold / Playa salvaje
Real: Pedro L. Ramirez
Année: 1974
Origine: Espagne
Genre: Giallo
Durée: 80mn
Acteurs: Wal Davis, Norma Kastel, Ada Tauler, Ricardo Vázquez, Barta Barri, María Elena Arpón, Rex Martín, Víctor Israel, Montserrat Prous, Gustavo Re, Susana Taber, Richard Kolin, Agostin Bescos, Victor Vilens, Gili Angli, Barta Bary...
Résumé: Une femme est assassinée sur une plage. Un poisson est imprimé sur sa serviette. Zachary Kendall est témoin du meurtre. Alors qu'il se rend en stop chez ses amis, les Kendall, Derek passe la nuit avec Monica la femme qu'il l'a pris à son bord. A son réveil elle est morte poignardée à ses cotés. Derek ne se souvient de rien. Zachary lui conseille d'aller tout raconter à la police. Un détail revient à l'esprit de Derek. La femme portait un médaillon en forme de poisson. Il commence à mener son enquête. Il soupçonne assez vite Marco, l'amant de Monica, d'être le meurtrier. D'autres femmes sont assassinées, toutes ayant un rapport avec ce fameux poisson. C'est alors que Marco est à son tour tué...
Lorsque le giallo, genre typiquement italien, atteignit son apogée dans son pays d'origine entre 1972 et 1973, l'Espagne ne put à son tour s'empêcher d'en réaliser elle aussi, qu'ils soient coproduits par l'Italie ou 100% ibériques, tous tentant d'en copier les grands succès. Le vétéran Pedro L. Ramirez après une incursion dans l'horreur (El colegio de la muerte) s'immisça à son tour dans ce riche filon et réalisa en 1974 El pez de los ojos de oro bouclant ainsi une carrière principalement consacrée à la télévision.
Une touriste belge est assassinée sur une plage par un homme surgit de la mer. Zachary
Kendall, un artiste, est témoin du meurtre. Un détail le frappe: un poisson était imprimé sur la serviette de la victime. Derek, un ami anglais de la famille Kendall, séjourne dans les parages. Alors qu'il fait de l'auto stop Monica, une jeune femme qui vient tout juste de se séparer de son petit ami Marco, le prend à son bord. Elle l'emmène à l'hôtel, ils boivent. A son réveil Derek constate que Monica est morte poignardée à ses cotés. Il ne se souvient de rien. Un seul détail lui revient: elle portait au cou un médaillon en forme de poisson. Arrivé chez les Kendall Zachary lui conseille d'aller voir la police et de raconter son histoire. Il fait également la connaissance de Marina, la fille du propriétaire de l'aquarium géant local, un
homme austère obsédé par les poissons. Derek va mener son enquête et soupçonne vite Marco d'être le tueur. Le fait qu'il découvre que c'est lui qui avait offert en cachette le médaillon à Monica le conforte dans cette idée. Plus étrange est que l'objet ait été autrefois conçu par un Kendall sur une idée de Virginia, la propre épouse de Zachary et accessoirement maitresse de Marco. C'est alors que Derek et Zachary sont victimes d'un accident de voiture causé par un sabotage des freins. Ils en réchappent. Derek confronte Marco mais celui ci est tué à son tour. Derek est convaincu que tout tourne autour de la médaille et que le tueur est d'une façon ou d'une autre obsédé par les poissons, un traumatisme qui pourrait remonter à
l'enfance. Tant Marina que l'infirmière qui s'occupe de Zachary depuis son accident sont persuadées d'avoir déjà vu le dessin du poisson représenté sur la médaille soit chez les Kendall soit chez le père de Marina. L'infirmière est assassinée alors qu'elle venait de découvrir l'auteur du dessin. A l'aquarium Derek fait face au meurtrier qui lui explique les raisons de ses assassinats mais il doit également faire face à une autre vérité bien plus surprenante.
S'il est d'un type de giallo auquel pourrait s'apparenter Ce poisson aux yeux d'or c'est du giallo à la Argento ne serait-ce déjà que par son titre animalier justifié cette fois. Il n'y a pas
d'or, pas de poisson aux yeux d'or non plus mais il y a cependant des poissons, un poisson bien particulier, et une des origines du trauma du tueur se rapporte aux poissons rouges (Golden fish en anglais). Enfant il fut témoin du meurtre de sa mère, tuée par son père. Dans sa chute la malheureuse emporta le bocal de poissons rouges qui explosa sur le tapis du salon. Ne reste plus qu'à identifier ce petit garçon aujourd'hui adulte. La façon d'opérer du meurtrier est elle aussi typique du thriller argentesque. Ganté de noir, les yeux dissimulés sous des lunettes noires, un chapeau sur la tête, il tue à l'arme blanche, un couteau ici. Et les suspects sont nombreux puisque tous ont de bonnes raisons de vouloir tuer, raisons dont la
clé est un médaillon en forme de poisson et un dessin. Tous les éléments sont donc au programme pour s'offrir un agréable divertissement susceptible de distiller quelques bons frissons d'autant plus que l'intrigue tient la route clôturé par un double twist final assez bien amené. Malheureusement faute à une mise en scène anémique tout s'effondre rapidement.
Plus de toute jeunesse Ramirez signe un film ronflant, une pellicule qui manque cruellement d'énergie tant et si bien qu'assez vite elle devient monotone. Habitué aux séries télévisées Pedro L. Ramirez donne l'impression d'avoir mis en scène un simple téléfilm d'angoisse, trop bien plan-plan pour réellement percuter. On suit donc l'enquête de Derek (l'inspecteur
n'apparait que quelques minutes, étrange pour quelqu'un chargé de découvrir un psychopathe) de manière plus ou moins détachée, la seule raison qui fait qu'on tient jusqu'aux ultimes minutes est la curiosité, celle de découvrir l'identité du tueur, qui était ce petit garçon. Par chance il y a suffisamment de rebondissements pour dynamiser le spectateur, sans quoi la mollesse de la réalisation aurait eu raison de lui.
Ce n'est malheureusement pas l'interprétation qui vitalisera l'ensemble. Que dire du teuton Wal Davis dans le rôle de Derek? Il semble avoir toute la peine du monde à trainer sa lourde stature tout au long du métrage. Pataud, lourdaud, mono expressif, dénué de charisme, il est
tout bonnement insipide lorsqu'il ne surjoue pas. Ce dont on se souviendra surtout c'est de son fabuleux jean blanc pattes d'éph' extra moulant à faire pâlir de jalousie John Travolta dans La fièvre du samedi soir. Ce n'est pas pour rien que Davis, nu et en érection, sera le héros ridicule des tout aussi ridicules Maciste contre la reine des Amazones et Les gloutonnes du piteux Jess Franco dont il fut un temps l'acteur fétiche. Ada Tauler, elle aussi dévouée à Franco, trentenaire, n'est guère crédible en jeune fille qui doit encore demander à son père l'autorisation d'avoir des rapports sexuels. De Montserrat Prous, Ricardo Vasquez (insignifiant dans la peau de Zacchary) à Norma Kastel qui tire quelque peu son épingle du
jeu (mais ce n'est guère difficile) une bonne moitié de la distribution vient en fait de l'écurie Jess Franco. Il ne fallait donc pas s'attendre à un miracle.
Malgré sa réalisation anémique et son interprétation peu convaincante, malgré quelques scènes hilarantes car totalement ratées (l'accident de voiture au rabais, très surement un des plus idiots et mal filmés de sa génération) El pez de los ojos de oro est un petit giallo ibérique méconnu peu sanglant (Ramirez reste sage), dénué de tout érotisme, mais qui se laisse néanmoins visionner tranquillement. Voilà tout simplement une petite curiosité espagnole exhumée de son tiroir qui contentera les chasseurs de raretés. Celle ci s'offre en outre le petit plaisir de reprendre entièrement la mort sur la plage de Femi Benussi dans Rivelazioni di un maniaco sessuale al capo della squadra mobile / La peur au ventre de Roberto Montero Bianchi. L'amateur devrait apprécier le clin d'oeil.