La rebelion de las muertas
Autres titres: La vendetta dei morti viventi / Revenge of the zombies / Vengeance of the zombies / La ribellione dei morti
Real: Leon Klimovsky
Année: 1973
Origine: Espagne
Genre: Horreur
Durée: 88mn
Acteurs: Paul Naschy, Mirta Miller, Maria Kosty, Victor Alcazar, Antonio Pica, Montserrat Julio, Fernando Sanchez Polack, Luis Ciges, Elsa Zabala, Ramon Lillo, Ingrid Rabel, Pierre Besari, Asuncion Molero...
Résumé: Lorsque sa cousine Gloria est mystérieusement assassinée, Elvira jure de découvrir qui est l'auteur du crime. Elle trouve un peu de réconfort auprès de son ami Krisna, un guru indien qui lui propose de l’héberger dans sa vaste demeure réputée maléfique. Dés la première nuit Elvira fait un horrible cauchemar tandis que le tueur multiplie les meurtres dans l’entourage de Elvira. Il utilise ensuite les rites vaudou afin de ressusciter ses victimes et créer une armée de mortes vivantes qui le sert...
D'origine argentine Leon Klimovsky s'est installé dans les années 50 en Espagne où il devint une des têtes de pont du cinéma de terreur ibérique. S'il n'est pas un des réalisateurs des plus connus en France on doit cependant à Klimovsky quelques petits fleurons du genre dont quelques uns tournés aux cotés de Paul Naschy. Leurs noms se retrouvèrent en effet au générique de huit films dont La furie des vampires et Les orgies macabres, deux petits joyaux du cinéma d'horreur espagnol. La rebelion de las muertas / Vengeance of the zombies s'il fait partie de ces huit films n'est malheureusement pas le plus bel exemple de leur collaboration.
Afin de s'enrichir Laura et son mari pillent les tombes la nuit dans les cimetières. Ils se rendent dans un mausolée pour dérober les bijoux d'une femme récemment assassinée, Gloria Irving. Une silhouette noire les enferme alors dans le monument mortuaire et entame des incantations magiques. La défunte se réveille, tue le couple et s'enfuit du cimetière. A Londres Elvira Irving a bien du mal à se remettre de la mort de sa cousine et meilleure amie Gloria. Elle tient à tout prix à élucider les raisons de son décès et faire payer le coupable. Elle trouve réconfort auprès de son ami gourou indien Krisna. Une nuit elle est attaquée chez elle par la morte vivante et une mystérieuse ombre masquée. Krisna lui propose alors de
l'héberger dans sa villa personnelle à Llangwell, une demeure réputée maléfique par les villageois. Elvira accepte. Elle ignore encore que Krisna a un frère jumeau, Katanka, qui a le pouvoir de réveiller les morts, plus exactement les mortes. Il souhaite ainsi lever une armée de zombis afin de pouvoir perpétrer en toute impunité ses crimes. Dés sa première nuit à la villa Elvira est en proie à un horrible cauchemar où elle se voit sacrifiée sur l'autel par Satan lui même. En ville les meurtres sanglants de jeunes femmes continuent tant et si bien que la police finit par mener l'enquête. Elvira finit par avouer ses sentiments à Krisna, une déclaration qui n'est pas pour plaire à Kala, la belle assistante du gourou qui en elle aussi
amoureuse. Krisna confesse à Elvira l'existence de son frère qu'il croyait mort depuis des années, brulé vif dans l'incendie de sa maison en Inde. Katanka kidnappe Elvira pour la sacrifier lorsque Krisna arrive. Les deux frères vont se confronter.
Paul Naschy considérait ce film comme l'un de ses préférés. Il le voyait comme un des meilleurs films d'horreur de cette époque, un des plus étranges selon ses propres dires. Chacun son avis mais objectivement parlant soyons honnêtes La rebelion de las muertas est un patchwork de tout et n'importe quoi tourné sans grand sérieux qu'on regarde amusé voire par instant hilare. Après avoir exploré le monde de la lycanthropie qu'il affectionnait tant
Naschy tente une percée cette fois dans l'univers des zombies en s'inspirant ouvertement de quelques chef d'oeuvres britanniques tels que White zombie, L'invasion des morts vivants et La femme reptile. Il anticipe même The ghoul. Malheureusement on est loin ici d'égaler ces petits joyaux du cinéma d'horreur anglais. Certes le tandem Klimovsky/Naschy puise son inspiration aux sources même du mythe du zombi, c'est à dire le vaudou, en l'arrosant d'une pointe d'hindouisme mais le résultat ressemble plus à une farce psychédélique tourné sous acides. La séquence d'ouverture laissait pourtant entrevoir un joli petit film d'horreur. Un couple avide d'argent décide de voler le collier que porte une défunte. Ils violent sa sépulture,
s'en emparent au moment même où la morte revient à la vie sous l'effet d'incantations vaudous. Voilà une séquence plutôt alléchante qui de surcroit tente de flirter avec un certain sens de l'onirisme macabre qui n'est pas sans rappeler celui de Amando De Ossorio et de sa quadrilogie des templiers maudits. En effet la défunte comme de manière générale les zombis de Klimovski prennent l'apparence de spectres blafards qui se meuvent au ralenti. Mais n'est pas De Ossorio qui veut. Si ses templiers aveugles se déplaçant au ralenti au son d'une effrayante mélopée avaient une dimension macabre incroyable, fascinante, l'effet tombe plus ou moins à l'eau ici faute d'une véritable ambiance et d'une mise en scène
fadasse mais aussi au choix de cette horrible musique funky jazz qui envahit le métrage. Peut-on faire plus décalé? Dés le générique on a bien plus l'impression d'être dans un polar américain que dans un film d'horreur. On s'attend à tout moment à voir surgir Kojak ou Serpico. Difficile dans ces conditions de faire naitre un sentiment de peur.
Par la suite rien ne s'arrange vraiment. La rebelion de las muertas se présente comme une sorte de fourre-tout où Klimovsky mélange pêle-mêle de multiples mythes du fantastique: vaudou, morts-vivants, satanisme, légendes hindoues... dans un scénario souvent flou, chaotique mais en tout cas totalement délirant. C'est certainement là le principal atout du film
qui devrait plaire aux amateurs de folie pelliculaire et de non sérieux réalisé avec un aplomb certain. Que dire de la prestation de Naschy qui s'en donne à coeur joie dans le double rôle de Krisna le gourou enturbanné et de son frère jumeau diabolique qui lui même se décline en deux autres versions? Toujours aussi pataud il s'amuse de ses déguisements qui font la part belle du film. Cheveux longs (une belle perruque noire corbeau) et troisième oeil sur le front il est un Maharishi peu crédible mais qu'importe! Il est drôle. Le visage à demi brulé il est un vilain Katanka qui en fait des tonnes et roule des yeux de merlan frit avant d'affronter son double (pas d'effet optique juste un procédé séculaire où l'un disparait au profit de l'autre
ou un simple contre champ). Comme directement sorti d'un giallo il est un tueur masqué revêtu d'un masque grotesque du plus bel effet qui ferait sensation lors d'une soirée Halloween, muni non pas d'un couteau mais d'une poupée vaudou en guise d'arme. Il est enfin un Satan cornu de théâtre comme on n'en avait plus vu depuis longtemps, le temps d'une messe noire droit sortie d'un trip sous acides. C'est d'ailleurs peut être ainsi qu'il faut prendre Las rebelion de las muertas, un long trip hallucinogène, une farce horrifique délirante arrosée d'une bonne dose de grand guignol et d'un zeste d'érotisme. L'hémoglobine coule à flot même si les meurtres restent quant à eux assez sommaires et
souvent très drôles. Une hache fend le visage du père d'Elvira qui ne trouve pas mieux que de bien le regarder en face en tournant son visage vers elle pour s'assurer qu'il est mort. Gloria a la gorge tranchée, Olivia est étranglée au lasso et son amant poignardé avant d'être suspendu à un crochet et saigné au milieu des cadavres de bêtes d'un abattoir. Ajoutons à cela un corps pourfendu d'une épée, un auto-étranglement, une décapitation dans une ambiance toujours guillerette. Nous sommes vraiment au petit théâtre de l'horreur avec comme assistance une horde de zombies femelles en nuisettes translucides ou en cape rouge à mi-chemin entre le vampire et le mort-vivant. L'élément érotique est respecté avec en
prime surtout un plan des seins nus de Mirta Miller et Aurora De Alba nue mais avec une petite culotte tout de même sous son manteau rouge s'offrant à son amant sur un divan.
Autour de l'électron Naschy gravitent quelques atomiques beautés ibériques dont la modèle rousse franco-espagnole Romy dont ce fut plus ou moins le dernier rôle au cinéma, Maria Kosty, l'argentine Mirta Miller, Norma Kostel (peu mis à son avantage sous son maquillage blafard) et la blonde Aurora De Alba.
Tourné dans une des propriétés du général Franco, celle là même où sera tourné Escalofrio la nuit du diable, La rebelion de las muertas est une belle absurdité psychédélique, un gag
horrifique "vampiro-zombiesque" qui part tout azimut à voir comme un bric à brac festif. Les invétérés de Paul Naschy seront aux anges de retrouver leur idole sous ses déguisements de foire en faire des tonnes avec cette verve qu'on lui connaissait. Les autres peut être un peu moins et lui préféreront des choses plus sérieuses. Ils prendront cette rébellion des mortes vivantes comme une gentillette mise en bouche avant de déguster des oeuvres ibériques plus consistantes. Tous garderont cependant à l'esprit l'image de Naschy en Bête cornue et la joute de zombis avançant au ralenti. Culte!