Kansas City trucking C°
Autres titres: Le secret des routiers
Real: Tim Kincaid
Année: 1976
Origine: USA
Genre: X
Durée: 65mn
Acteurs: Jack Wrangler, Steve Boyd, Richard Locke, Dane Tremmel, Skip Sheppard, Maria Reina, Duff Paxton, Kurt Williams, Bud Jaspar...
Résumé: Hank, un camionneur, accueille son nouveau coéquipier, le jeune Joe, un hétérosexuel qui en apparence se réserve aux femmes. Au cours de leur voyage vers Los Angeles Hank va l'initier aux plaisirs masculins, aidé par les beaux mâles qui croiseront leur chemin...
Essentiellement connu du grand public pour quelques inénarrables séries Z de science-fiction bien ringardes tournées dans les années 80 et 90 dont Robot holocaust et Breeders l'américain Tim Kincaid sous son habituel pseudonyme Joe Gage fut pourtant dans les années 70 un des piliers du cinéma pornographique gay dont le nom est aujourd'hui encore indissociable du film homosexuel pour adultes. Plus que tout autre de ses confrères Kincaid apporta au genre sa note personnelle, sa propre vision de la sexualité masculine en diversifiant les personnages de ses récits. Contrairement à celui de bon nombre de metteurs
en scène de l'âge d'or du porno gay américain l'univers masculin de Kincaid est certes peuplé d'homosexuels mais également de bisexuels et d'hétérosexuels qui aiment gouter lorsque l'occasion se présente aux plaisirs sodomites. A travers son oeuvre Kincaid tenta de forcer les hommes à vivre sans honte leur sexualité quelque soit leur orientation, à faire leur coming-out et assumer librement ces pulsions qui les habitent. Il n'y a pas d'amour chez Kincaid juste des amitiés viriles qui débouchent sur une homosexualité simplement ludique et toujours bouillante. C'est cette vision de l'homosexualité et de la culture gay aujourd'hui pleinement reconnue par ses pairs qu'il mit en scène dans une trilogie réalisée entre 1976 et
1979. Kansas City trucking C°. est le premier film de cette série suivi par El Paso wrecking Corp. qui en est la suite logique et L.A Tool & die, le plus abouti mais aussi le plus osé.
Hank est routier dans le Kansas. Ce matin là il accueille son nouveau coéquipier, Joe, un jeune homme plutôt séduisant, musclé, hétérosexuel, qui vit en couple avec sa petite amie qu'il vient juste de quitter. Ils partent pour un long voyage vers Los Angeles. Durant leur voyage le puissant Hank va l'initier à la séduction masculine et aux plaisirs phalliques. Le trajet est étayé de rencontres réelles ou imaginaires qui perfectionneront l'éducation de Joe notamment celle de deux jeepmen aux muscles saillants et d'un beau moustachu avec qu'ils
vont former un bouillonnant quatuor.
Dans la grande tradition des productions gay made in San Francisco à la Tom DeSimone qui illustraient une virilité exacerbée, hyper phallique et visitaient avec une ardeur étonnante l'univers fétichiste Kansas City trucking C° joliment rebaptisé pour sa sortie française Le secret des routiers nous entraine dans le monde ultra masculinisé des camionneurs, celui des barres de métal, des moteurs et des pistons, de l'huile chaude et du goudron, celui que découvre justement Joe, un jeune hétéro qui débute dans le métier et s'apprête à faire son premier voyage aux cotés de son instructeur, un chauffeur expérimenté particulièrement viril.
Kansas City trucking C° n'est ni plus ni moins que l'initiation d'un garçon aux plaisirs homosexuels, sa découverte d'un milieu insoupçonné dont il va profiter pour mieux en sortir repu. L'originalité du film de Kincaid vient du fait que tout au long du métrage il s'amuse à jouer entre la réalité et l'imaginaire pour mieux faire monter l'excitation de son jeune héros, de la manière dont il l'introduit dans cet univers encore inconnu pour lui en faire découvrir les délices les plus exaltants. On pourrait dire que ces Secrets de routier est un long rêve composé de plusieurs séquences toutes plus fantasmatiques les unes que les autres, un
rêve qui débute dés que le camion prend la route. Joe s'assoupit, un exemplaire de Penthouse sur les genoux, une belle occasion pour Hank d'observer l'entre jambe de son jeune coéquipier gentiment grossir, un moyen subtil pour Kincaid de substituer l'image de la femme à celle de l'homme dans l'esprit de Joe. Elle prend l'apparence musclée de leur boss qui se masturbe jusqu'à l'orgasme avant que le garçon ne le rejoigne dans l'atelier et lui offre son sexe, un rêve également alimenté par la vision d'un bel auto stoppeur monté à bord d'une jeep qui semble avoir troublé Joe. A son réveil sous la pression de Hank qui ne peut s'empêcher de lui toucher l'entre jambe visiblement bien gonflé il se masturbe et macule de
sa semence les pages du magazine. La route défile, les jours succèdent aux nuits, paysages arides et autoroutes servent de décor alors que Joe se rendort. Une maison au milieu de nulle part. Un splendide étalon remarque deux garçons s'enfoncer dans la rocaille. Une rencontre qui se termine par une séance de baise où Joe se retrouve propulsé. L'ultime séquence, le dernier rêve de Joe est une véritable célébration des plaisirs virils, le point culminant du film qui verra la réunion de Hank, Joe et de leur fantomatique boss pour d'étourdissants ébats d'une puissance érogène stupéfiante. Si la section où Kincaid filmait en gros plan au ralenti l'homme dégustant, se délectant de l'éjaculat de Joe était d'une fantastique force homo-érotique, si les corps à corps brulants de ces hommes athlétiques
généreusement membrés étaient jusqu'alors brulants, si la carrosserie, le fer, le métal se mêlaient au sperme (la masturbation de l'auto-stoppeur sur le capot de la voiture, l'atelier) multipliant ainsi l'effet hyper virilisé de cette initiation sur bitume, ce dernier segment filmé le plus souvent derrière une grille en fer, dans une pénombre bleutée, est une véritable explosion des sens, la quintessence même de la masculinité extrême, assumée, sans aucune retenue. Après un étonnant mais superbe plan filmé à l'envers montrant Hank lécher le sexe de Joe c'est dans une extatique transcription dyonisiaque du baptême que nous entraine le metteur en scène durant laquelle Hank et le boss s'arrosent de leur pisse afin de
fêter de manière symbolique cette expérience ou la sublimation de l'urine, représentation ultime de la force de l'homme et de sa virilité toute puissante. Dégoulinant de pisse Hank s'accouple alors fébrilement avec Joe. Kincaid filme leurs ébats en alternant ralentis et accélérés afin de leur donner une dimension onirique, presque aussi irréelle que dans un rêve mais tout aussi exaltant. Il n'évite pas une certaine crudité, récurrente d'un certain porno vintage, en mettant en parallèle les bruits de succion, de masturbation... et le bruit d'une lointaine locomotive, en mélangeant alternativement en un vertigineux crescendo les images des corps et des sexes en action auxquelles se mêlent les soupirs et les chuintements de
leur voix indistincte, spectrale, qui résonnent comme un troublant écho jusqu'au final, abrupt. Le film se clôt sur le visage de Joe filmé en plan fixe qui doucement se réveille, sort de ce rêve bien plus qu'humide aux odeurs de sperme et de pisse. Si le voyage aux pays des mâles en rut se termine pour Joe le rêve est également terminé pour le spectateur.
Le premier volet de cette trilogie est une petite réussite même si un peu moins fantasmatique, moins puissamment érogène que El Paso wrecking Corp. et L.A tool & die. Les admirateurs de mâles virils hétéros, bi ou gay, musclés, carnassiers, dotés de phallus
impressionnants gorgés de désir verront une fois de plus leurs attentes comblées. Le toujours très barbu Richard Locke, surnommé le Dad of all dads, interprète Hank. Le modèle bisexuel Steve Boyd et ses faux airs de Joe Dallesandro, vu par la suite dans bon nombre de pornos hétéros mais aussi d'autres hardcore gay, est un ravissant Joe (un hasard?) qu'on aimerait tous initier. Le corpulent Jack Wrangler est leur boss. Tous trois sont entourés d'une jolie brochette d'inconnus qui portent tous très bien la chemise à carreaux, le stenson et les bottes et conduisent aussi bien leur gros camion qu'ils se servent de leur gros engin avec art et savoir-faire au milieu du désert ou le long des highways écrasées sous la chaleur de cette Amérique profonde.
Kansas City trucking C° allonge la longue liste des hardcore gay dénommés "Working men movies". Il nous confirme que si les routiers sont sympas ils sont également chauds comme la braise, il nous livre leurs secrets quant à leur libido débridée et nous prouve qu'ils ont tout compris à la vie. Loin des bonnes femmes que la vie est belle! Il est aussi le reflet, le témoignage, comme bon nombre d'autres films du même acabit, d'une merveilleuse époque bien révolue aujourd'hui, celle d'une sexualité pré-condom qui ne se donnait aucune limite, et de tout un pan de la culture gay. De quoi satisfaire une fois de plus, les hommes, les vrais, ceux qui unissent les délices de l'urine au plaisir du sperme lors d'ébats féroces qui transpirent des aisselles et suintent l'huile de moteur.
Comme ce fut également le cas pour El Paso wrecking Corp. Kansas City trucking C° fut largement censuré lors de sa sortie DVD. A l'instar du deuxième film de la série la scène d'urophilie a une fois de plus tout bonnement disparue privant ainsi tous les inconditionnels de jeux de pisse de ces moments de pur délice. La longue séquence finale se retrouve donc honteusement amputée d'une grosse partie de son contenu ce qui la rend franchement insipide. Le seul moyen une fois encore de découvrir le film dans son intégralité est de visionner la vidéo américaine éditée jadis chez HIS. Un bonheur.