L'occhio del ragno
Autres titres: L'oeil de l'araignée / The eye of the spider / Caso scorpio: sterminate quelli della calibro 38 / Das auge der spinne
Real: Roberto Montero Bianchi
Année: 1971
Origine: Italie
Genre: Polar / Noir
Durée: 87mn
Acteurs: Antonio Sabato, Klaus Kinski, Van Johnson, Lucretia Love, Teodoro Corrà, Goffredo Unger, Franco Marletta, Claudio Biava, Brigitte Brandt, Maria Tedeschi, W.E Arnold, Romali Perihan...
Résumé: Trahi et laissé pour mort par ses complices lors d'un hold-up Paul Valerey est condamné à une longue peine de prison. Lors d'un transfert son fourgon est pris d'assaut par les hommes de main de Kruger qui a organisé son évasion. En échange il lui propose de se venger et de récupérer la part d'argent qui lui revenait. Pour le remercier il lui remettra le reste du butin. Afin de le rendre méconnaissable Kruger lui offre une opération de chirurgie esthétique. Paul devenu Frank peut se rendre à Marseille pour retrouver ses anciens complices incognito...
Solide artisan du cinéma Bis transalpin Roberto Bianchi Montero a durant sa très longue carrière débutée à l'aube des années 40 touché un peu à tous les genres avec plus ou moins de succès mais toujours avec un certain savoir-faire. Après une longue période essentiellement consacrée au western et au mondo movies étalée tout au long des années 60 le cinéaste signe en 1971 son premier (et dernier) polar L'occhio del ragno connu chez nous sous sa traduction littérale L'oeil de l'araignée.
Lors d'un hold-up à Vienne l'ex-boxeur Paul Valerey est laissé pour mort par ses complices. Il
est arrêté et condamné à 25 ans de prison. Lors d'un transfert son fourgon est attaqué, les policiers tués. Alors que les autorités sont toutes à sa recherche Paul est amené à la villa du professeur Kruger, responsable de son évasion. Il lui offre la chance de non seulement se venger de ses anciens complices mais également de récupérer sa part du butin. En retour il devra donner à Kruger le reste de l'argent. Paul subit une opération de chirurgie esthétique qui le rend méconnaissable. Rebaptisé Frank Vogel il part pour Marseille où vit un de ses complices nommé Marc le faussaire. Paul est accompagné de Gloria, l'âme damnée de Kruger, chargée de le surveiller. Lentement mais sûrement elle s'éprend de Paul qui tue le
faussaire après qu'il lui ait avoué que le cerveau du hold-up, Hans Fischer surnommé le Polack, vit à Alger. Il possède tout le butin. Gloria et Paul s'envole pour Alger. Fischer a été mis au courant de son arrivée et connait désormais son nouveau visage. Un des amis du faussaire a eu le temps de le prendre en photo au moment où il le tuait. Paul finit par retrouver Fischer qui détient Gloria en otage. Leur affrontement est sans pitié. Paul parvient finalement à le tuer, à récupérer tout l'argent et à délivrer Gloria. Il ignore encore que la jeune femme a pour mission de le tuer une fois l'argent en sa possession. Kruger la fait chanter. Jadis elle a en effet voulu le tuer. Il possède la preuve de sa culpabilité et la menace de la livrer à la police si elle ne lui obéit pas.
Paul et Gloria se rendent chez Fischer. Paul lui remet comme promis sa part d'argent. C'est alors que Fischer sort une arme bien décidé à tuer Paul et à tout garder pour lui. Si tout se déroule comme prévu pour Kruger il n'avait cependant pas prévu que l'amour de Gloria pour Paul allait dramatiquement contrecarrer ses plans.
Qu'on ne s'y trompe pas. En dépit de son titre animalier il ne s'agit en aucun cas d'un giallo ou même d'un thriller. Il n'y a évidemment aucune araignée. C'est simplement un bon argument commercial qui fait référence à la célèbre trilogie animalière de Dario Argento. Ni plus ni moins. La comparaison s'arrête là car L'oeil de l'araignée est un gangster-movie, un
noir des plus classiques qui reprend sans grande originalité les principaux éléments du genre. En somme le film de Montero n'est qu'une simple histoire de vengeance, celle d'un malfaiteur trahi par ses partenaires à qui on offre l'occasion de se venger et récupérer ce qui lui revient. Sur une trame aussi traditionnelle Roberto Bianchi Montero signe pourtant un petit polar certes sans surprise mais plutôt intéressant, efficace et tout à fonctionnel malgré un départ qui augurait du pire. En effet découvrir Antonio Sabato dissimulé sous une horrible perruque blonde vraiment mal confectionnée (qu'il évite soigneusement de mouiller lorsqu'il prend sa douche), le sourcil broussailleux et affublé d'un faux nez fait peur dans le plus
mauvais sens du terme. On croit assister à une vilaine série Z. On tremble encore plus lorsqu'on parle d'une chirurgie esthétique qui rendrait notre Antonio alias Paul Valerey méconnaissable. Un tour de passe-passe, une jolie ellipse d'un tout petit mois et Antonio retrouve son vrai visage, celui qu'on lui aime tant. Il devient Frank. Le film peut donc démarrer.
A partir de là L'oeil de l'araignée déploie tout l'attirail du noir classique en suivant le schéma tout bête de la trahison, l'évasion, la vengeance et la récupération du butin. Antonio Sabato plus mono expressif que jamais n'a plus qu'à retrouver ses anciens complices, les éliminer
puis affronter le cerveau du hold-up qui l'a laissé pour mort autrefois. Tout est linéaire, cousu de fil blanc. Aucune surprise donc. Le déroulement du scénario est d'une facilité étonnante, sans grand suspens mais, et c'est important, toujours cohérent et logique. Malgré tout L'oeil de l'araignée se laisse visionner avec un certain plaisir, avec légèreté. Bianchi Montero signe en effet un petit noir sympathique, une série B ludique à qui il réussit à insuffler une gentille atmosphère des plus agréables. On se prend au jeu même si on connait les tenants et les aboutissants, cela grâce à une réalisation alerte, des situations ou des morts parfois rocambolesques, parfois originales (la mort du faussaire enfermé dans son propre coffre-
fort), quelques effets visuels qui ont leur charme (les flash-back du hold-up), une dose d'action non négligeable arrosée d'un zeste d'humour et d'érotisme, léger très léger et un final haletant, violent, notamment l'affrontement entre Sabato et Kinski, un des grands moments du film qui en outre nous fait voyager de Vienne (en fait on reste à Rome) à Marseille (un plaisir de revoir la cité fosséenne du début des années 70) pour finir à Alger même si là encore Montero ne bouge pas de Rome. Ajoutons une conclusion assez cynique, cruelle, un no happy end avec arrêt sanglant sur image et on a en sa possession une petite bande tournée comme un western urbain par un metteur en scène qui justement venait tout juste de quitter l'univers du spaghetti western.
L'interprétation sans être magistrale est de bonne qualité et participe au plaisir pris à la vision du film. Outre Antonio Sabato toujours aussi musclé, abonné à une seule mimique faciale mais débarrassé de sa perruque et de son faux nez on appréciera la prestation d'un Klaus Kinski implacable égal à lui même dans sa gestuelle et ses expressions physiques, l'américain Van Johnson est un Kruger perfide et Lucretia Love est une dark lady un peu fade mais qui n'en fait ni trop ni pas assez, discrète mais suffisamment belle et dénudée pour illuminer l'oeil masculin surtout sur les gros plans gratuits sur ses seins nus. On l'aurait
simplement aimé un peu plus ambigüe, plus troublante. A leurs cotés un petit essaim de "gueules" du Bis toujours appréciables telles que le générique Goffredo Unger, Frank Marletta et Teodoro Corra.
Si L'occhio del ragno, rythmé par une partition musicale signée Carlo Savina, reste un noir assez anodin parmi ce genre alors en plein boum il n'en est pas moins un film plaisant, divertissant, qui se laisse regarder sans déplaisir, une solide petite série B de gangsters qui contentera surement l'amateur de ce type de bandes et les autres également. Pour sa seule incursion dans le polar Roberto Bianchi Montero s'en tire avec les honneurs.