Secuestro
Autres titres:
Real: Leon Klimovsky
Année: 1976
Origine: Espagne
Genre: Thriller
Durée: 81mn
Acteurs: Paul Naschy, Tony Isbert, Maximo Valverde, Teresa Gimpera, Maria José Cantudo, Luis Prendes, Maria Luisa Ponte, Luis Indini, Gemma Cuervo, Manuel Torremocha, Isabel Luque, Manuel Tejada, Adriano Dominguez, Antonio Ramis, Fernando Sanchez Polack...
Résumé: Trois voyous kidnappent un jeune couple, Marisa et Javier, afin d'obtenir une grosse rançon. Ils les séquestrent dans la cave de leur maison. Javier est toxico-dépendant et supporte très mal ce rapt. Marisa est attirée par Miguel, un des voyous. Elle le séduit. Miguel n'est pas insensible à ses charmes. Lorsque les familles acceptent enfin de livrer la rançon Miguel tente de s'en emparer pour fuir avec Marisa...
Leon Klimovsky fait indiscutablement partie intégrante de l'horizon du cinéma de genre espagnol. Fort d'une carrière comptant quelques quatre-vingt films Klimovsky a tout au long de son parcours touché à de nombreux styles avec plus ou moins de succès avec cependant un dénominateur commun à bien de ses films. Aussi intéressants soient-ils il leur manque souvent ce petit quelque chose qui fait toute la différence. Secuestro ne fait pas exception à la règle.
Miguel, Alfonso et Julia, un petit gang de malfrats, enlève une nuit un couple d'amoureux,
Marisa et Javier, issu de deux riches familles de Madrid. Ils espèrent en échange de leur vie une jolie rançon. Ils les retiennent prisonniers dans la cave de la maison d'un complice, un vieil aveugle nommé Oscar avec qui Julia entretient une liaison. Toxico-dépendant Javier est vite en manque. Marisa séduit Miguel, le plus humain des trois voyous, qui malgré sa relation avec Julia est loin d'être insensible à la jeune femme. Javier découvre une lucarne soigneusement cachée qu'il essaie chaque jour de dégager un peu plus chaque jour. Malheureusement elle est condamnée et la chance du couple pour s'échapper s'évanouit. Quelque temps plus tard Alfonso fait une injection à Javier en pleine crise de dépendance et
le tue volontairement d'une overdose. Dans une situation de plus en plus difficile les malfrats doivent tout faire pour que la rançon leur soit payée. Les familles acceptent. Alfonso est chargé par Miguel d'aller récupérer la valise contenant l"argent. Il est tué par la police. La mallette ne contenait rien. C'est Miguel qui a réussi à s'emparer de la véritable rançon. La maison est prise d'assaut par la police. Julia réalise que Miguel ne la jamais aimé et qu'il est tombé amoureux de Marisa. Elle préfère mourir. Marisa s'enfuit. Elle retrouve Miguel. Ils sont riches. Fasciné par cet homme elle accepte de devenir sa complice. Ensemble ils vont devenir les nouveaux Bonnie and Clyde et dévaliser banques sur banques jusqu'au jour où
ils font un hold-up dans celle de son père. Fière Marisa lui fait face, le défie et le tue.
Réalisé en 1976, la même année que Ultimo deseo, Secuestro, un des films parmi les plus méconnus de Paul Naschy, s'inspire visiblement de l'histoire de la fameuse Patty Hearst, la riche héritière américaine enlevée par des terroristes en 1974 devenue par la suite une hors-la loi. De l'affaire Hearst Klimovsky n'en garde que les grandes lignes et très vite, très très vite même le film se transforme en une petite bande d'exploitation plutôt anodine mais surtout et avant tout improbable pour être prise vraiment au sérieux. Secuestro est un peu trop superficiel pour pouvoir créer la moindre tension. C'est ici le grand défaut du film. Une
telle intrigue devait être source de stress, de suspens, devait mettre en place un certain climax. De tout cela le film en est dépourvu et préfère s'attarder sur des scènes souvent répétitives et sans grande importance notamment les séquences de douches, indispensables pour donner à l'ensemble l'incontournable petite touche érotique. A croire que Marisa ne pense qu'à se laver et être belle lors de ce rapt alors que son fiancé est au plus mal ou tente de dégager la lucarne. Plus ou moins inutiles également les scènes de coucheries qui appuient sur les infidélités de Julia qui couche à la fois avec Oscar, le vieil aveugle qui en est amoureux (et se suicidera la nuit où elle lui fera comprendre qu'elle
n'aime que Miguel), et Miguel son grand amour qui de son coté lui préfère Marisa qui doucement mais surement tombe amoureuse de son bourreau. Le classique syndrome de Stockholm qu'on a vu mille fois mieux illustré. Si on ajoute à cela des dialogues souvent envahissants, la lenteur de la mise en scène et le manque d'action on comprend que Secuestro peut devenir ennuyant malgré quelques sursauts de violence totalement gratuite mais qui soudain relancent la machine avant qu'elle ne reprenne son train-train ronflant.
Ce déchainement de violence bienvenu, principal attrait du film en fait, on la doit principalement à un personnage, Alfonso, un des trois voyous, le plus cruel, un homme aux
instincts bestiaux qui ne connait aucune pitié et tue par simple plaisir sans qu'on comprenne réellement pourquoi de tels agissements si radicaux. Tout comme les autres protagonistes Alfonso reste un simple stéréotype dénué de véritable psychologie. Difficile ainsi de vraiment s'intéresser à eux, de ressentir une quelconque émotion si ce n'est une certaine fascination pour ces éclats de brutalité gratuite. Outre son caractère violent (la mise à mort du blessé à coups de clé à mollette est un monument de cruauté inouï) Alfonso donne aussi au film une note franchement perverse qui est loin d'être désagréable. Klimovsky le définit comme homosexuel même si cette homosexualité reste sans cesse suggérée. On le découvre
partageant sa chambre avec un bellâtre qui se promène en slip lors de l'ouverture, une courte séquence qui met encore plus la puce à l'oreille lorsqu'il lui promet un superbe cadeau avec l'argent de la rançon. Tout doute est levé lors de l'exécution de Javier, une scène très audacieuse comme seul le cinéma d'exploitation tant ibérique que transalpin sut nous en donner. Après avoir volontairement injecté une overdose de drogue à Javier Alfonso le viole alors qu'il agonise, le corps à corps morbide projeté en ombres chinoises sur le mur de la cave. Ces quelques trop rares touches de perversion, de nécrophilie et d'hyperviolence ainsi que la relation trouble qu'entretient Julia avec le vieil aveugle insufflent à cette petite
pellicule d'exploitation un coté sulfureux délectable pour tout amateur d'exploitation malsaine. De quoi oublier le temps de quelques instants l'aspect trop lisse, trop mou de l'ensemble.
L'interprétation manque elle aussi de punch. Paul Naschy (Miguel), pataud, donne le minimum syndical, trop effacé. Comme d'accoutumée Teresa Gimpera se déshabille facilement mais manque elle aussi de relief. Tony Isbert a perdu un peu de sa superbe et n'est guère crédible dans le rôle du jeune et fragile fiancé toxicomane. Tout trois sont facilement écrasés par le solide Maximo Valverde, convaincant et souvent impressionnant dans la peau d'Alfonso, et Maria José Cantudo dont la beauté vénéneuse illumine l'écran.
Rythmé par une séduisante bande originale rock Secuestro n'est pas un mauvais film en soi. Il lui manque simplement cette hargne, cette tension indispensables à tout film de ce type. Cette séquestration parfois incohérente est trop gentillette pour faire mouche et vraiment marquer les esprits. Reste une pellicule d'exploitation ibérique sympathique jamais désagréable pimentée de quelques bonnes scènes le tout arrosé d'une dose de violence et de morbidité jouissive. Les inconditionnels de Paul Naschy quant à eux seront ravis de retrouver leur idole égale à elle même. Quelques soient ses défauts Secuestro reste une des nombreuses curiosités du cinéma de genre espagnol à découvrir.